Performances Al’origine, une demande de petits producteurs : imaginer un système pour décortiquer les châtaignes cévenoles, car les machines industrielles atteignent des coûts prohibitifs et leur sont inaccessibles. Transmise par la plate-forme technologique (PFT) de Lozère, spécialisée dans l’agroalimentaire, à la PFT du Gard dont la productique est un des pôles d’excellence, la commande est traduite en cahier des charges et devient un sujet d’étude pour des élèves de BTS du lycée Jean-Baptiste Dumas d’Alès, guidés par deux professeurs, Jacques Faïsse et Marc-André Farenc : « La pression est plus forte, à cause des enjeux financiers, mais le projet est aussi plus excitant pour les étudiants, qui savent que leur réalisation sera directement utile. » Car telle est la vocation d’une PFT : à but non lucratif, elle répond aux besoins spécifiques des très petites ou petites entreprises qui composent 80% de son public. Cofinancée par l’Europe et la Région avec un soutien du Conseil général de 11 500 €, la PFT du Gard a su fabriquer un prototype, reproduit et mis à disposition des producteurs pour la saison 2009 de la récolte de châtaignes. « Le principe est simple : passer à très haute température les châtaignes un 4 Matériel high-tech pour cultures ancestrales : le Gard ose le mélange des genres afin de relancer ses productions locales. La modernité se cultive Choc thermique pour les châtaignes GARD mag’n°64 - octobre 2009 court moment, puis les brasser pour en détacher l’enveloppe et dégager le fruit cru qui servira à confectionner confitures, marrons glacés et farines... », explique Eric Genevé, conseiller technologique et animateur de la plate-forme. Il ne suffisait pourtant pas de miniaturiser un système existant : « Il fallait tout adapter à un modèle réduit. » D’une capacité de 50 kg par heure, la machine offre un gain de temps qui permettra aux agriculteurs d’élargir leur production. La PFT du Gard n’en est pas à son coup d’essai : un système a notamment déjà été mis au point pour automatiser la mise en flacons d’huiles essentielles. Et, surtout, elle s’est dotée d’une machine très performante, dite « à prototypage rapide », venue des Etats-Unis et installée dans une de ses antennes, à l’IUT de Nîmes. « On rentre un fichier de dessin en 3D et le prototype en matière synthétique sort... Une première en France ! », note Eric Genevé. En 2008, la plate-forme aura mobilisé 180 élèves et 31 enseignants, et noué des contacts avec 149 chefs d’entreprise. Contact : PFT 30 - tél. 04 66 86 41 62 Eric Genevé aux côtés de deux étudiants de BTS en « Réalisation d’ouvrages chaudronnés », Maxime Poulet et Rani Naily : « On répond à la demande, de l’étude à la fabrication. Montage de dossiers d’aide financière, soutien technique de haut niveau... : la PFT offre des prestations auxquelles les petites entreprises n’ont pas naturellement accès. » Traitement (électro Le contraste est saisissant entre le travail « à la petite cuillère » qu’exige l’oignon doux des Cévennes cultivé et repiqué sur les faïsses, ces étroites terrasses nées au Moyen-Age des mains des moines, et son conditionnement de pointe par la coopérative Origine Cévennes, à Saint- André-de-Majencoules. Elle garantit, pour une commande passée avant midi, une diffusion nationale voire européenne dès le lendemain matin, sous étiquetage portant le label A.O.C. ou A.O.P.* 1 600 tonnes pendant la « campagne », d’août à mars, soit un semi-remorque par jour : « Nous voulons prouver que nous sommes extrêmement réactifs, même situés dans une zone excentrée des Cévennes », témoigne Thierry Gastou, le jeune directeur. Un système informatisé permet le tri des oignons suivant des plages de poids très fines. Gain de temps, précision : la centaine d’adhérents de la coopérative ne s’y est pas trompée. « Les producteurs s’engagent à nous apporter pendant cinq ans l’intégralité de leur volume, et nous nous engageons réciproquement à commercialiser toute cette marchandise au meilleur prix », souligne Thierry Gastou qui emploie une douzaine de salariés. Résultat : assurés de trouver un débouché pour une production à rendement élevé (50 tonnes par hectare en moyenne) avec des prix garantis de 1 € à 1,30 € le kilo (et non plus dépendant du bon vouloir des « ramasseurs »), une nouvelle génération de producteurs n’a pas hésité à quitter les bancs de la fac pour s’installer dans sa région d’origine, reprenant une culture familiale tombée en désuétude depuis trente ou quarante ans. « Il ne faut pas lésiner sur les efforts car l’oignon doux nécessite d’incessantes interventions manuelles, mais on peut bien vivre avec un ou deux hectares... », confirme le directeur. |