24 Eurélien n°6 - Hiver 2007/2008 - Hier pour demain en Eure-et-Loir Hier et pour demain demain Saint-Brice : un du ancien couvent faubourg à la Commune de Cha son esprit village Mal connue – et pour cause, il y a de longues années qu’elle ne se visite plus – l’église du prieuré de Saint- Martin-au-Val constitue l’ancrage du « village » de Saint-Brice établi entre ce bel édifice et l’Eure dont les débordements imprévisibles ont entraîné la constitution d’une coulée verte. De cette configuration résulte une atmosphère de village paisible que les évolutions n’ont pas altérée. Aux oiseleurs A Saint-Brice, les amateurs de nature ont toute latitude d’observer les ébats des familles de canards, de poules d’eau et même de hérons remarquablement adaptés à l’aire urbaine puisqu’ils n’hésitent nullement à se poser sur le parapet du pont enjambant l’Eure à proximité des passants, délaissant pour quelques instants leur abri sur les berges plantées d’arbres. Du prieuré au couvent Le couvent de Saint-Martin-au-Val forme aujourd’hui le cœur du quartier de Saint-Brice, nom de la paroisse disparue. Il succède à un sanctuaire gallo-romain situé non loin de là et constitue un des plus anciens lieux de culte chrétien à Chartres, ce qu’atteste l’ancienneté de sa crypte. Dédié depuis sa création au VI e ou VII e siècle à saint Martin, il a été donné en 1128 par le comte de Chartres à l’abbaye de Marmoutiers, date vraisemblable de la réfection de l’église haute. Dévastée en 1568, l’église fut dotée d’une nouvelle façade occidentale avant 1650, mais cette réparation amputa la nef. Dans la même campagne de travaux, le prieur, Jean-Baptiste le Féron, esprit curieux et « antiquaire », entreprit la restauration de la crypte. En 1663, le prieuré fut uni à Bonne-Nouvelle d’Orléans où ses archives furent transférées ; l’année suivante vit l’installation des capucins qui firent porter leurs efforts uniquement sur les bâtiments conventuels. Le couvent périclita rapidement et ne comptait plus que cinq moines en 1785, date à laquelle fut envisagée pour la première fois d’y transférer l’hospice des pauvres. Heurs et malheurs de l’église Dans son état actuel, l’église ne présente plus guère d’éléments authentiques hormis dans la crypte. Longtemps délaissée par les « archéologues » et objet de travaux conservatoires plus ou moins bien venus, elle ne fut l’objet d’intérêt qu’à compter d’un legs de 100 000 francs affecté par le donataire, M. de Reverdy, « à sa remise en l’état primitif » en 1845. Les travaux furent radicaux. Les architectes Le Poittevin et Boeswillwald entreprirent une de ces réfections caractéristiques du XIX e siècle où la conception idéale du bâtiment l’emporte sur son histoire réelle. L’église y perdit sa façade et trois travées de la nef. Les chapelles du chevet, le déambulatoire, l’extrémité du transept nord, tout fut complètement refait, les chapiteaux du chœur déposés et remplacés par de pâles copies ainsi que les fûts de marbre des colonnes. La reconstitution adopta le style roman, ou plutôt un roman « archéologique », pur et originel qui n’a guère existé que dans la théorie architecturale de ce siècle « classificateur ». Une bonne part des bâtiments conventuels refaits au XVII e siècle a gardé son état d’origine. |