Des trésors méconnus Hervé Sellès, chef du service archéologie Souvent premiers « lecteurs » du sol, combien d’exploitants agricoles voient surgir des silex taillés ou des poteries anciennes près des socs de leurs charrues ? Combien devinent dans des croissances irrégulières de leurs semis les traces d’un sous-sol probablement marqué par l’activité humaine ? Exposées jusqu’au 25 novembre dans l’enceinte du Compa de Eurélien n°5 - Automne 2007 - Service Chartres-Mainvilliers, de larges vues aériennes témoignent de la richesse enfouie dans différents secteurs d’Eure-et-Loir. Depuis une quarantaine d’années pour certains, des archéologues amateurs se sont pris de passion pour la recherche « aérienne » des sites. Au fil des saisons, le sous-sol apparaît ou disparaît, révélant les empreintes laissées dans le sol par des siècles d’occupation humaine. « L’Eure-et-Loir est riche en sites archéologiques », assure le responsable du service archéologique départemental, Hervé Sellès, qui relève : « pourtant les fouilles de grandes surfaces restent exceptionnelles » L’intervention archéologique en bref Deux types d’analyses en sous-sol doivent être distinguées : la fouille dite « préventive » et la dite « programmée ». L'archéologie préventive, réalisée avant les projets d'aménagements est aujourd'hui la plus importante. Elle se décompose en deux étapes. Sur le terrain du futur aménagement, le diagnostic doit reconnaître la présence de vestiges et en caractériser la nature. En campagne, il prend la forme de longues bandes ouvertes à la pelle mécanique qui couvrent 10% de la surface totale. En fonction des résultats une fouille peut être prescrite. Elle portera sur la partie des vestiges les plus importants. Ces deux étapes sont financées par l'aménageur. Une redevance collectée par l'Etat pour les diagnostics et par le biais d'un contrat pour les fouilles. Des aides ou des prises en charges complètes du coût des fouilles sont prévues pour financer ces travaux (particuliers, certains projets de logements aidés, petits aménageurs). Le chantier de construction ne débutera qu'après que les vestiges auront été étudiés. La connaissance préalable de l’existence ou de la probabilité d’un site archéologique mérite, donc, considération dans le choix d’implantation d’un investisseur ou d’un aménageur. Le développement d'un inventaire du patrimoine archéologique constitue l'une des missions du service départemental Les fouilles dites programmées sont réalisées sur des espaces protégés où l’analyse fine du sous-sol peut réclamer plusieurs années de travaux. Une prestation de « service » Afin de ne pas laisser passer une chance d’accueillir de grandes entreprises (à l’exemple d’Andros à Auneau), le Conseil général souhaite que soient envisagées les réserves de grandes zones (plus de 100 hectares) immédiatement disponibles et aménageables. Les missions du service départemental de l'archéologie sont dans ce domaine tant économiques qu’historiques. S’initier Outre les formations assurées, pour l’essentiel, par les filières universitaires, il est possible de goûter aux plaisirs et mystères de la recherche archéologique en participant à des chantiers de fouilles en qualité de bénévoles. La liste des chantiers ouverts est éditée chaque année par le ministère de la culture. En 2007, le bénévolat était accueilli sur les sites néolithiques des Grands Marais d’Auneau et sur le dolmen de la Pierre Fritte de Yermenonville. Le premier appliquait la condition générale de l’âge de majorité, le second acceptait les 16-18 ans. Vue aérienne de la fouille d'une ferme gauloise à Voves « Le Moulin Geargeot » Des experts « agréés » Les fouilles de la rue Fulbert à Chartres, au pied de la cathédrale où s’envisageaient des constructions immobilières est rangée dans les souvenirs des « vieux Chartrains ». C’était en 1987 et c’est là que le responsable du service départemental d’archéologie opéra ses premières recherches en Eure-et-Loir. Depuis, divers hauts-lieux de l’histoire chartraine ou du département, (Allaines, Prasville, Dangeau …) sont passés à son analyse comme l’avaient été des fouilles sur Paris même ou sur Dourdan. C’est donc en connaisseur que le quadragénaire Hervé Sellès a souhaité prendre en charge le service du Département aujourd’hui constitué de 5 spécialistes, assistés de techniciens. Dès le 31 mars 2006, le service a été agréé pour réaliser des diagnostics et des fouilles sur des vestiges postérieurs à la préhistoire. 13