24 Hier et pour demain demain La Loupe, commune « la plus sinistrée » (1944), Château des Vaux Le futur président Deschanel la surnomma « l’Athènes d’Eure-et-Loir ». Nul ne se souvient comment la modeste seigneurie justifiait cet excès de lyrisme. Et plus personne ne s’interroge sous le Vieux Chêne où la louve a cessé de hanter les esprits. Eurélien n°3 - Printemps 2007 - Hier pour demain en Eure-et-Loir Le blason de La Loupe résume l’histoire de la communauté locale. Les élus ont emprunté aux anciens seigneurs leurs armoiries et ajouté le vieux chêne et la Croix de guerre. L’arbre témoin d’une nature bien présente à l’entrée du Perche, c’est le Vieux Chêne de la route de Rémalard. Lui sont attachées ces légendes qu’affectionnent les secteurs forestiers. Celle de l’arbre druidique. Celle aussi d’une limite entre le territoire des hommes et celui des meutes qui hantaient esprits et forêts, ces loups qui ont donné un patronyme à La Loupe : lupa = louve à moins que ce ne soit quercus de lupa = chêne de la loupe, ou encore laubja = loge forestière. Enfin, plus récemment, l’arbre bienfaiteur du roi Henri IV venu s’y reposer. Terre de gages À l’entrée dans l’Histoire écrite, la modeste terre de l’Église de Chartres est baillée à Thibault le Grand, comte de Chartres, mais c’est par la noblesse de cour (Angennes) que La Loupe sera marquée jusqu’à la Révolution même si la petite seigneurie n’a guère été attachée à des faits saillants de l’Histoire. Après être passé entre plusieurs familles, le domaine fut vendu en 1391 à Renault II d’Angennes, seigneur de Rambouillet. Le modeste manoir féodal détruitpar lesAnglaisestreconstruiten 1574. A s’en fier au survol des actes conservés (Archivesdépartementales), le domaine fait, alors, plus usage financier que résidentiel, ici en guise de dot, là gage d’emprunt, ailleurs dépouillé des bois de Vaux. Les Demoiselles de La Loupe Il faudrait toute la sagacité d’historiens (nombreux à s’y être intéressés, rares à avoir publié leurs travaux) pour déceler chez les propriétaires un attachement émotionnel à la terre de La Loupe. Au demeurant, les « Demoiselles de La Loupe » (Madeleine et Henriette d’Angennes) furent, surtout, réputées à la cour de Louis XIV pour leur beauté et leurs éclats avant que l’une d’elles (Madeleine) n’épouse le maréchal de La Ferté Senneterre. Plus encore que ses faits d’armes (prise de Belfort à La Fronde, bataille de Rocroi), ou son parrainage d’un fromage (Saint- Nectaire), les Loupéens se souviennent de ce propriétaire comme étant celui qui donna (1665) au château la fière silhouette qu’on lui connaît aujourd’hui. Pour l’anecdote de mémoires euréliennes, c’est le père des Demoiselles, Charles d’Angennes, qui vendit Maintenon à Françoise d’Aubigné, future épouse de Louis XIV. |