[28] Eurélien n°22 mar/avr/mai 2013
[28] Eurélien n°22 mar/avr/mai 2013
  • Prix facial : gratuit

  • Parution : n°22 de mar/avr/mai 2013

  • Périodicité : trimestriel

  • Editeur : Conseil Général d'Eure-et-Loir

  • Format : (200 x 280) mm

  • Nombre de pages : 32

  • Taille du fichier PDF : 27,6 Mo

  • Dans ce numéro : mobilisation pour l'emploi.

  • Prix de vente (PDF) : gratuit

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Mémoires vives À l’affiche Tribune Parce qu’on est jeunes Sorel-Moussel : le château industriel de la dynastie Firmin-Didot Le village de Sorel-Moussel a connu une intense activité industrielle avec les papeteries Firmin-Didot. Témoin de ce passé, un magnifique bâtiment de brique domine toujours la vallée de l’Eure. Issus d’une dynastie parisienne d’imprimeurs, Ambroise Firmin- Didot et son frère Hyacinthe implantent à Sorel-Moussel la papeterie familiale, créée par leur père Firmin dès 1811. Le lieu d’implantation choisi est le site antérieur d’un moulin. L’ensemble comporte alors une fonderie de caractères, une papeterie et une librairie. Cette constitution correspond à la tradition de l’imprimerie sous l’Ancien Régime. L’imprimeur est alors un érudit, capable de composer et de fondre ses propres caractères et, en même temps, le fabricant des livres qu’il vend ensuite dans sa librairie. Il maîtrise toute la chaîne de production du livre, de la composition à la diffusion, produisant, outre l’impression, son propre papier. Ambroise Firmin- Didot ne déroge pas à cette règle. Les châteaux de l’industrie Les bâtiments de l’usine se développent tout au long de l’Eure. Une nouvelle usine est bâtie à la fin du XIX e siècle. Édifice de qualité tout en brique, animé de motifs ornementaux et de percements en plein cintre aux encadrements soignés, cette usine fait partie de celles qui ont été parfois nommées « les châteaux de l’industrie ». L’architecture de ces usines, d’un grand raffinement, avec un traitement ornemental des façades, devient l’emblème de la prospérité de l’industrie. Elle n’est pas que fonctionnelle mais atteste de la réussite sociale des industriels et de leur richesse. Pour étayer leurs propos, les architectes puisent dans le répertoire décoratif de bâtiments plus prestigieux tels les églises ou les châteaux. Ils placent sur les façades de leurs usines des lésènes, simples bandes de faible épaisseur, ou des bandes lombardes formant une succession d’arcatures Le site des anciennes papeteries n’a rien perdu de sa majesté. Didones. Cette famille de caractères, inventée par Firmin Didot, a été la plus utilisée en France, du I er Empire aux années 1950. Sa ligne moderne, son élégance et sa grande lisibilité, n’ont pas résisté aux écrans d’ordinateurs, incapables d’imprimer la finesse de ses déliés. inspirées du vocabulaire roman. Ils jouent sur les ouvertures, multipliant les baies en plein cintre encadrées de fortes moulurations, les oculus. À Sorel- Moussel, le décor se concentre sur la façade composée de briques aux joints finement marqués et enrichie de motifs triangulaires en légère saillie. Les percements, nombreux et bien mis en valeur, correspondent aussi à la nécessité de faire entrer la lumière indispensable à la bonne réalisation du travail. La décote des années 1970 L’activité de la papeterie, florissante pendant tout le XIX e siècle et la première moitié du XX e siècle, décroît dans les années 1970 jusqu’à la fermeture définitive. Les bâtiments sont alors occupés par la Société Bureau International Pneumatique, puis par Montreuil-Pneus. Pendant longtemps, la société assure l’entretien des vannes régulant le cours de l’Eure. Mais, en mai 1986, lorsque éclatent deux incendies successifs, il apparaît que le site n’est plus qu’un lieu de stockage de pneumatiques, l’entretien des vannages étant abandonné. Cette situation nuisant à la régulation des eaux de l’Eure, une 24 Eurélien Magazine n°22• PRINTEMPS 2013
Vannages sur l’Eure qui alimentaient la papeterie, industrie très consommatrice d’eau. Une architecture d’un grand raffinement enquête est ouverte pour déterminer l’état exact du bras de décharge ; il s’ensuit la fermeture de ces entrepôts. Le site des ex-papeteries, après nettoyage et dégagement des matériaux carbonisés, abrite alors une turbine d’EDF placée sur le bras. Le bâtiment central de la papeterie Firmin-Didot garde encore aujourd’hui de l’allure, malgré les atteintes du temps et des hommes. Témoin du glorieux passé de cette papeterie, la statue d’Ambroise Firmin- Didot, élevée sur la place publique de Saint-Roch à Sorel-Moussel le 21 juin 1891, après une souscription publique lancée en 1890, demeure sur son piètement en forme de colonne classique. L’actuel Espace Didot, pépinière d’entreprises pour artisans et commerçants, conserve la mémoire de ses fondateurs. INTÉRIEUR L’intérieur du bâtiment a en partie conservé son caractère, avec ses colonnes de brique et ses planchers en bois massif. PERSONNAGE Ambroise Firmin-Didot Ambroise Firmin-Didot (1790-1876) est l’une des personnalités marquantes de la ville de Sorel- Moussel. Grand helléniste et latiniste, il multiplie les études savantes sur la langue grecque, sur l’orthographe, sur la typographie, entre autres. Il participe d’ailleurs à la constitution du Comité philhellène à Paris, par solidarité envers les Grecs soumis à la domination ottomane. Il publie énormément, dont une refonte du Thesaurus graecae linguae d’Henri Estienne. Il en grave lui-même les caractères. Il édite également des études sur la typographie, l’orthographe et sa réforme. C’est en 1846 qu’il implante à Sorel-Moussel la papeterie familiale, entreprise héritée de son père, Firmin Didot, membre certainement le plus célèbre de la dynastie familiale, à l’origine du point typographique Didot, qui fut également député de Nogent-le-Rotrou. LIEU Le château de Sorel La vue qu’il offre sur la vallée de l’Eure est imprenable. Le château de Sorel et ses terrasses apparaissent comme suspendus au-dessus d’elle. Situé en lisière de la forêt domaniale de Dreux, il est assis sur l’une des plus importantes mottes féodales de France. Ses jardins à l’anglaise et à la française, ainsi que ses douves en font l’un des endroits les plus romantiques pour y célébrer les beaux moments de la vie (ex. : mariage). Si son histoire remonte au X e siècle, il prit sa forme définitive à l’époque de Louis XIII, dans cet écrin de verdure où se conjuguent Nature et Histoire. Il fut en grande partie détruit à la Révolution, puis servit de carrière de pierre pour la construction du village. Ce lieu est ouvert à la visite 40 jours par an. @ www.chateau-de-sorel.com PRINTEMPS 2013• Eurélien Magazine n°22 25



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