Tribune Olivier Marleix Conseiller général du canton d’Anet Groupe « Gagner avec l’Eure-et-Loir » (GAEL) – majorité départementale Une première sous la V e République Les mauvaises nouvelles commencent décidément à s’accumuler sur les territoires ruraux. « L’égalité des territoires » n’aura été qu’un éphémère slogan de campagne de Monsieur Hollande. Il faut en effet savoir que pour la première fois sous la V e République, les dotations aux collectivités territoriales (le Conseil général, les communes...) vont baisser de façon drastique : moins 1,5 milliard d’euros en 2014 et 2015 ! Pour avoir gelé ces dotations en 2011 et 2012, nous avions été accusés d’avoir « étranglé » les collectivités locales. Certes, le gouvernement maintient ce gel en 2013, mais 20 000 communes vont voir leur Dotation Globale de Fonctionnement baisser pour financer celles qui bénéficient de mesures particulières plus favorables. Les dotations baisseront ensuite de 750 millions en 2014 et 750 millions en 2015 (soit 1,5 milliard en deux ans). Cette première lame de rasoir pas encore passée, une deuxième est déjà annoncée puisque les collectivités territoriales seront aussi mises à contribution pour trouver les 10 milliards d’économies nécessaires au financement du « pacte pour la compétitivité ». Pour mémoire, il n’est pas inutile de rappeler la promesse n°54 (déjà trahie) du candidat Hollande qui visait « à maintenir pour la durée du quinquennat le montant des dotations à leur niveau actuel ». Il y a d’autres mauvaises nouvelles pour les territoires ruraux, comme la baisse du budget de l’aménagement du territoire, la suppression actée de sous-préfectures, ou le remplacement des conseillers généraux par des conseillers départementaux élus à l’issue d’un scrutin « binominal » paritaire complexe (un homme et une femme élus en même temps dans des cantons agrandis) qui pourrait voir disparaître deux cantons sur trois dans les parties les plus rurales. Nous allons vivre une atteinte sans précédent de ce qui fait la structuration de nos territoires ruraux, et bien souvent encore de nos services publics. Pendant ce temps, nous, au Conseil général, nous sommes bien décidés à continuer de nous battre pour ces territoires. Ce sera encore le cas en 2013 à travers le FDAIC (l’aide aux communes) auquel nous consacrerons l’an prochain 9 millions d’euros, ou la nouvelle génération des Contrats Intercommunaux marquée par un effort de plus de 20%. Pour les territoires ruraux, nous n’abdiquerons pas. Il en va de la qualité de vie dans notre département. Jacky Jaulneau Conseiller général du canton de Courville-sur-Eure. Groupe des élus de gauche. « Faire mieux en dépensant moins » Le budget 2013 va bientôt être bouclé. Les orientations présentées le 12 novembre dernier par la majorité départementale tenaient, une fois de plus, du catalogue général. Des orientations « fourre-tout » souvent éloignées des préoccupations quotidiennes des Euréliens (emploi, logement, accès aux soins,…). Or, la priorité enfin donnée par le nouveau gouvernement à la maîtrise de la dépense publique, de la commune jusqu’au sommet de l’État, nous engage à faire des choix clairs pour lesquels quelques principes simples doivent être posés : Une maîtrise rigoureuse des dépenses de fonctionnement, certes, mais sans sacrifier les services à la personne ; La recherche du meilleur niveau d’investissement possible sans pour autant céder aux facilités de l’endettement. Le Président de la République l’a redit avec force le 20 novembre dernier devant le Congrès des Maires : « Ce ne sont pas les collectivités locales qui sont responsables de l’augmentation de la dette depuis une décennie, c’est l’État ! » Mais l’Eure-et-Loir a, depuis quinze ans, un stock de dette bien supérieur à celui des départements de la même strate. Dès lors, nos orientations doivent s’inscrire dans le cadre d’une modernisation de l’action publique en lien avec les priorités nationales, qui sont la lutte contre le chômage et la précarité, pour le droit à l’éducation et au logement. Cela suppose un travail précis, concret, de remise à plat des programmes d’investissement. Mais pour nous, groupe des élus de Gauche, il convient de sortir de ces logiques cantonales, souvent clientélistes, qui ont trop dilué l’action du Conseil Général et nourri inconsidérément la dépense. Il faut promouvoir une vision départementale des investissements à réaliser tout en exigeant de l’État une meilleure prise en charge des allocations de solidarité. Les chantiers laissés en jachère par la Droite ces dernières années sont nombreux. François Hollande en a fait l’inventaire, citant par exemple « le poids des normes, devenu invivable, véritable frein à l’initiative » mais fixant un cap ambitieux : « Faire mieux en dépensant moins. » 30 Eurélien Magazine n°21• HIVER 2012-2013 |