24 Eurélien n°2 - Hiver 2006 - Hier pour demain en Eure-et-Loir Hier et pour demain demain Voves à travers les siècles : Dans la Grande Plaine, l’Histoire s’écrit au rythme des semailles et des moissons : la prochaine compte plus que les précédentes. Les greniers de l’antan sont peu encombrés. Voves a, même, perdu son enceinte de murailles. Son clocher d’église (principal témoin du passé villageois) n’en distingue que mieux les espaces d’avenir d’une communauté à l’identité préservée. Promenade dans un village gaulois qui a su résister aux aspérités des temps et en oublier les cicatrices. D’un coup de queue, d’un seul, la jument de Gargantua a renversé la forêt de la Grande Plaine. « Je trouve beau ce(là) ». En quelques phrases (en 1548), Rabelais donne naissance à la vaste clairière et la baptise. Un siècle plus tard, l’auteur de la Renaissance aurait aussi offert à l’appétit du géant les pages de l’histoire de Voves en amuse-bouche et les murailles en cure-dents. A défaut, le bourg s’en est chargé et, de son passé, régulièrement, a fait chaume ras pour mieux cultiver son avenir. Côté cour ou côté jardin Romanesque, légendaire ou historique, du passé de Voves, peu, très peu, d’historiens ont fouillé les traces. Les plaques de rues laissent supposer un usage jamais « acté » : à chaque génération En terres de labeur Inlassablement, la communauté répondit aux contributions et ravages en reconstituant ses greniers vidés. Une cinquantaine de maisons aux années 1400, près de 1000 habitants au milieu du XVII e siècle et 1 200 - 1 300 à la Révolution : c’est dire qu’en dehors même des marchés et foires annuelles (3 accordées en 1686), ses terres prodigues attiraient les Beaucerons. D’ailleurs, à la Révolution, les cahiers de doléances témoignent moins d’une inspiration rousseauiste que d’une aspiration à travailler plus et mieux. L’industrialisation douce (milieu XIX e - milieu XX e siècles) en fut la traduction. Aux charrons et forgerons succédèrent usines et mécanisation. Deux noms résument l’inventivité locale, Hurel-Arc (engrais) et Albert Duret (semoirs, charrues, etc.). Les usines disparues, leur renom, à leur tour, se poudrent sous les vents des marques internationales. de retenir des temps la substantifique moëlle (selon la formule rabelaisienne). A l’image des semeurs qui, chaque année, puisent dans l’héritage de gestes « innés » pour faire gerber de prochaines moissons. Un mot de françois au carrefour, quelques pierres réinsérées dans des murs rafraîchis : s’il n’y avait la très belle église (X e, XII e et XV e siècles) magnifiquement restaurée, l’ancienneté de Voves semblerait se limiter à mémoire d’homme. Avec la modestie d’un terroir qui sait la valeur du travail, il est vrai que les vovéens n’ont guère cherché lustre, renom ou puissance hors de leurs terres fertiles. Les Gendron, Deshais et Le Vassor, médecins de cour, voyageurs (Indes/Mexique, début XVII e siècle), et autres ennoblis ont laissé oublier leurs mérites et prénoms. Un espace où écrire le futur Concentrée sur son savoir-exploiter une terre généreuse, Voves n’a pas su/pu (ou toujours voulu ?) prendre sa part d’essor économique depuis les axes de communication. La garnison romaine à Allonnes contribua à développer la RN 154 de préférence à la voie directe d’Orléans via Voves. Du possible carrefour ferroviaire, n’est resté que le rôle d’étape entre Paris et Tours : le tronçon Chartres-Orléans s’est ensommeillé (vers 1937) et le TGV a longuement hésité avant de contourner le bourg. Voves y a gagné d’être « préservée » des conquêtes franciliennes et de sauvegarder son identité de bourg beauceron. Son authenticité et ses espaces autorisent désormais lesVovéens à ouvrir et imaginer de nouvelles pages de leur histoire. |