24 Peu de territoires d’Eure-et-Loir offrent en quelques kilomètres tant de lieux qui ont conservé la mémoire d’événements majeurs de l’Histoire de France. Nécropole mérovingienne, carrières d’où « surgit » la cathédrale, lieu de signature d’un des traités majeurs de la Guerre de Cent- Ans, ces terres beauceronnes de l’est du pays chartrain sont aussi marquées par de grands personnages du xx e siècle, comme l’artiste Raymond Isidore ou l’abbé Franz Stock…. Reportage dans des lieux uniques dont les héros furent parfois des hommes ordinaires… Le grand air des éoliennes Bollée Le canton de Chartres Sud-Est possède deux éoliennes de type « Bollée » à Nogentle-Phaye et Berchères-les- Pierres. Remarquablement conservées, elles datent de la seconde moitié du xix e siècle et furent installées pour assurer le pompage de l’eau dans la nappe phréatique qui alimentait les lavoirs et l’irrigation des cultures. Leur rendement était cependant relativement faible, il aura fallu attendre le début du xxi e siècle pour voir la Beauce renouer avec sa tradition séculaire d’exploitation de l’énergie du vent. Eurélien n°14 - Automne 2010 - Hier pour demain Hier pour demain Chartres Sud-Est : le canton À cheval entre les faubourgs de la cité des Carnutes et la campagne beauceronne, le canton de Chartres Sud-Est s’étend sur les quartiers chartrains de Saint-Chéron, La Madeleine, Beaulieu et sur les communes du Coudray, Gellainville, Sours, Nogent-le-Phaye, Prunay-le- Gillon et Berchères-les-Pierres. La colline des pierres sacrées Notre visite débute sur la colline de Saint-Chéron où le lycée Fulbert a investi en 1991 le site d’une ancienne abbaye. Saint Chéron (dont l’existence est certainement légendaire) aurait été l’évangélisateur du pays chartrain à la fin de l’Empire romain. La vocation sacrée de la colline lui est quoi qu’il en soit bien antérieure, le nom « Chéron » étant lié à la racine celte ker (pierre), qui pourrait signaler le lieu d’édification d’un dolmen. De l’abbaye, il ne reste rien aujourd’hui, si ce n’est les inestimables nécropoles qui furent fouillées par les archéologues qui en ont étudié plus de 6000 sépultures, datant du ii e (romaines) au vi e siècles (Mérovingiens). L’actuelle chapelle qui constitue l’entrée principale du lycée date de la fin du xix e siècle, à l’époque où l’évêché installa un petit séminaire sur le site de l’ancienne abbaye, détruite à la Révolution. Les carrières de Berchères-les-Pierres. 1360 : la France joue son existence près de Sours La stèle commémorant le traité de Brétigny Quittons l’agglomération en prenant la route de Sours, qui nous conduit à l’un des événements les plus marquants de l’Histoire de France qui se soit déroulé en Eure-et-Loir. À la fin de la première phase de la Guerre de Cent-Ans, fut en effet signé un traité le 8 mai 1360, au château de Brétigny (aujourd’hui disparu mais dont un hameau situé sur la commune de Sours porte encore le nom). Conclu entre le roi de France Jean Le Bon, en grand péril, et une perfide Albion conquérante, ce traité ne mit pas fin au conflit, mais offrit une trêve de neuf années au royaume. La France y perdit d’importants territoires (un grand quart sud-ouest, du Poitou aux Pyrénées) dont la reconquête sera le cœur du conflit jusqu’en 1475. Charles V, qui s’assit sur le trône de France en 1364, y trouva cependant un temps fort utile pour réorganiser ses armées avec l’aide de Du Guesclin. Sans la période de reconquêtes (provisoires) qui s’ensuivit, une victoire finale anglaise aurait pu devenir inéluctable… |