24 Ville historique, Épernon s’est dessinée au fil du temps une identité propre. Les carrières de grès et de pierres meulières, le duché d’Épernon, la création de la gare ont contribué à l’essor de cette ville où le passé se lie intimement avec l’avenir. La visite dans le temps commence… Les requins sparnoniens Des côtes de lamantins, des dents de requins, des aiguillons de raies, des terriers de crustacés : on n’imagine pas découvrir de tels fossiles à Épernon ! Et pourtant, au temps géologique du Stampien, la mer qui recouvrait une partie du bassin parisien s’étendait jusqu’à la ville. Des animaux marins y vivaient. Puis, la mer s’est retirée, les sables se sont agglomérés en blocs siliceux, changeant en pierre les traces de la vie marine. Eurélien n°11 - Hiver 2009/2010 - Hier pour demain Hier pour demain Sur les traces des Mains bleues et Des éclats de silex dans la chair… Épernon se situe à l’orée de la forêt de Rambouillet, vestige de l’ancienne forêt d’Yveline. Un emplacement stratégique que reconnut le fils d’Hugues Capet en y érigeant une forteresse qui protégeait le château de Saint-Légeren-Yvelines. Comme souvent au Moyen Âge, la ville s’émancipa autour de cette forteresse disparue. Avant de s’appeler Épernon, elle prit différents noms : Sparro, Sparnaicum, Esparnonium, Espernonne. Ce qui explique le gentilé des habitants : les Sparnoniens. Au xix e siècle, le commerce issu des carrières de grès et de pierres meulières connut un important développement. 1849 marque la création de la ligne ferroviaire qui accompagna cet essor jusqu’en 1929, date à laquelle la crise économique signe le déclin de la production locale, qui s’arrêta définitivement vers 1960. Essor commercial avec le train On les appelait les forçats ! Ces carriers payés au pavé qui avaient une faible espérance de vie. Ils avaient la particularité d’avoir le corps taché de bleu, ce qui leur valut le surnom de Mains bleues. Ces traces incrustées dans la chair provenaient des éclats de silex projetés au cours de la taille de la pierre. « Le Conservatoire des meules et pavés retrace les conditions de travail des ouvriers dans les carrières, à l’aide d’outils et d’objets appartenant à notre histoire locale », explique Jean-Paul Duc, fondateur du musée. Ce musée, dont le bâtiment en forme de rotonde appartenait au village normand de l’exposition universelle de 1900. Douze millions de meules ont été fabriquées dans les cent dernières années ! L’exportation s’effectua dans le monde entier. On a même retrouvé des publicités des meules d’Épernon en Australie et en Nouvelle-Zélande ! À la gare d’Épernon, une voie de chemin de fer a été spécialement conçue pour leur transport. Ce rôle central de la gare continue aujourd’hui, puisque sa transformation en pôle d’échanges multimodal est en cours de réalisation. Les carrières sont aujourd’hui enfouies sous un épais tapis vert. Une fabrique de meules |