14 Il a osé ! Sur les routes de goutte-à-goutte... Sébastien Taffoiry exerce le métier autrefois très répandu de bouilleur de cru. Il est l’un des derniers représentants de cette activité en Eure-et-Loir. Équipé d’un alambic mobile, ce Percheron d’origine sillonne le département afin de produire une eau-de-vie parfumée aux fruits de la campagne eurélienne. Le rendez-vous est fixé dans le parc du château à Montireau, un village situé dans le Perche d’Eure-et- Loir. « Vous me trouverez à côté de l’alambic car j’y passe les trois-quarts de mon temps. Sinon, demandez à quelqu’un où se trouve le bouilleur de cru, tout le monde me connaît ! », déclare Sébastien Taffoiry, 35 ans, l’un des derniers Euréliens à exercer cette profession en voie de disparition. Et en effet, après avoir demandé le chemin, nous le rencontrons. Vêtu d’un pullover rouge, Sébastien Taffoiry nous accueille aux côtés de son imposante machine qui date des années 1970. De septembre à mi-juillet « Un métier traditionnel, convivial, humain et au contact de la nature », souligne cet homme natif de Nogent-le-Rotrou qui a succédé à Jean-Claude Repessé, il y a sept ans. De septembre à mi-juillet, il sillonne le département en empruntant les petites routes pour produire des eaux-de-vie de façon artisanale. Il s’installe alors entre une semaine et demie et un mois sur des lieux autorisés, dans le Perche et en Beauce : « Début décembre, je serai à Bailleau-le-Pin, puis à Janville, Thivars et ensuite au Favril ». Son activité est contrôlée régulièrement par les autorités, en vertu d’une déclaration de distillation. Made in Eure-et-Loir Eurélien n°11 - Hiver 2009/2010 Atelier Cassegrain : les santons de Janville Et l’alambic de livrer son précieux goutte-à-goutte Prune, pomme, poire, cerise… « Le fruit doit être en eau pour sa distillation : chapeau tombé, goutte bonne à préparer ». Un dicton à suivre scrupuleusement ; le chapeau étant le dépôt formé à la surface des fruits après leur fermentation, étape préalable indispensable à la distillation. Les fruits liquéfiés sont alors mis en ébullition dans une chaudière. L’alcool s’évapore, puis se condense en gouttes dans les tuyaux alambiqués. À la sortie, on recueille le précieux goutte-àgoutte, qui n’est consommable, avec modération, qu’en fin de distillation. L’atelier de création de santons fondé en 1943 par les époux Cassegrain à Janville, est un atelier remarquable. La confection des 400 modèles de santons requiert un travail minutieux. Entre 10 000 et 12 000 pièces sont commercialisées chaque année par cet établissement. Les santons sont confectionnés à base d’une poudre de marbre coulée à froid, puis peints et vernis à la main. Quatre collections : la crèche, les saints patrons, les symboles (ex. : la musique) et les couples folkloriques. À découvrir lors des week-ends portes ouvertes en décembre. Atelier Cassegrain – 3, rue de la Madeleine à Janville – Tél. : 02 37 90 00 52 Les premiers liquides extraits étant dangereux par leur concentration en méthanol. La plupart des clients de Sébastien Taffoiry – ils sont environ 800 ! – sont des clientes. Des femmes qui possèdent un droit provenant de leur défunt mari. « Je tiens à remercier les mairies qui m’accueillent et la fidélité de ma clientèle », conclut-il. Et même du pays, l’alcool est à consommer avec modération ! |