24 Délaissant, souvent, les régions parisienne ou drouaise, nombre de citadins viennent s’installer et goûter aux rives reposantes de l’Avre sans deviner qu’ils inscrivent leurs retraites et transhumances dans les pas d’un illustre devancier, Lubin, le saint évêque de Chartres (544). L’Histoire ne dit pas si, aimant y venir prendre repos et réflexion, il aimait y couper les joncs que son village, emprunteur de sainteté, allait associer à son nom huit siècles plus tard : Saint-Lubin-des-Joncherets. Eurélien n°1 - Juin 2006 - Hier pour demain en Eure-et-Loir Hier et pour demain demain Saint-Lubin-des-Joncherets : Situées aux confins du royaume de France et de l’anglaise Normandie (l’Avre en constituait la frontière après les incursions des Vikings), les terres de Saint-Lubin étaient promises aux secousses de l’Histoire. Rive gauche : Nonancourt l’Anglaise. Rive droite : Saint-Lubin la Française. Toutes deux brûlées et dépeuplées en 1418. La vallée lubinoise n’eut plus assez de bras pour lutter contre les joncs envahisseurs et compléta son patronyme. Un siècle et demi plus tard (1568), sur son chemin de conquête du trône, le futur Henri IV y fut attendu de pied… marécageux (voir ci-contre). Sur ces terres malaisées mais riches, la prospérité agricole préparait le virage industriel des XVIII-XIX e siècles « importé » par un Hollandais (Henry Sykes) puis par son gendre aux origines écossaises (William Waddington). De l’énergie des moulins de l’Avre, naquit l’industrie de pointe des filatures (laine, coton, etc) partagées avec la commune voisine, Saint-Rémy-sur-Avre. Le triumvirat, avec Nonancourt, constitua jusqu’au milieu du XX e siècle le principal pôle économique du nord de l’Eure-et-Loir. À Saint-Lubin, aussi, se profila l’école « pour tous » (voir ci-contre). Espace de « brassage » des idées et populations, la joncheraie de Saint-Lubin a payé un lourd tribut aux conflits (1 800 habitants avant la guerre de 1870, à peine 1 550 en 1900 avant la saignée de 1914-1918, moins de 1 150 à l’aube du conflit 1939-1945). Au sortir de la dernière guerre mondiale, pénurie de main d’œuvre et bouleversements industriels en eurent raison. Chimie, caoutchouc, capsules ou transformation du plastique tentèrent tant bien que mal de relayer les filatures-tapisseries (Waddington, Vulliamy, Renard). Aujourd’hui, PME-PMI (petites entreprises), activités de services et migrations quotidiennes sont les voies de l’emploi d’une population portée à 4 400 Lubinois. A proximité, mais à l’écart, de l’axe Paris-Normandie (RN 12), l’avenir lubinois pourrait s’enrichir d’une nouvelle vague de Lubin et autres pélerins des chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle, par l’arrivée de l’industrie touristique. N’est-ce pas sous les charmes d’une résidence secondaire que, naguère, parvint à Saint-Lubin-des-Joncherets un certain Henry Sykes, ouvreur de voies de la prospérité… ? |