SUR lE TERRAin Lutte contre la pénurie de médecins Une maison de santé sort de terre à Gaillon C’est parti ! La première pierre de la maison de santé de Gaillon a été posée le 22 septembre dernier. Elle réunira, en septembre 2013, plus d’une vingtaine de professionnels dans plusieurs disciplines. Le projet, porté par la communauté de communes Eure Madrie Seine, est soutenu par la Département et la Région dans leur lutte contre la désertification médicale. Un projet innovant et performant. Issue d’un long travail et d’une réflexion commune entre les élus, les services de la communauté de communes Eure Madrie Seine (CCEMS), les professionnels de santé, les acteurs du secteur social et les habitants, la maison de santé pluridisciplinaire de Gaillon est le résultat d’une synergie unique pour apporter une solution à la désertification médicale. « Nous sommes sur un territoire qui perd ses médecins, ses infirmières, où les quelques spécialistes qui s’y étaient installés sont en voie de disparition », explique Jean-Luc Récher, président de la CCEMS. La maison de santé regroupera, d’ici septembre 2013, médecins, infirmières, paramédicaux, services sociaux départementaux (dont la PMI), le réseau local de prévention de la santé et l’association intercommunale des personnes âgées. Des permanences et des actions de prévention seront aussi organisées avec des partenaires extérieurs. En regroupant ainsi les disciplines et les soignants, la maison de santé doit créer une dynamique qui devrait inciter les professionnels à venir s’y installer. La possibilité de travailler en réseau est un critère important, notamment pour les nouvelles générations de professionnels de la santé. « Quatre médecins généralistes, 6 infirmières, un podologue, un orthoptiste et une diététicienne se sont déjà engagés », indique Jean-Luc Récher. Un investissement financé par la Région et le Département Après six ans de démarche, le chantier a été officiellement lancé le 22 septembre dernier. Il concerne la construction, sur un terrain cédé pour un euro symbolique par la Ville de Gaillon, d’un bâtiment de 1 400 m², équipés de salles de consultations, de réunion. Le projet, d’un montant de 2,3 millions d’euros, est financé à 80% par la Région et le Département, l’Etat s’engageant à hauteur de 245 000. « Dans une dizaine d’années, le déficit en médecins deviendra problématique si la question n’est pas prise à bras-le-corps, s’inquiètent les présidents des deux collectivités, Alain Le Vern et Jean Louis Destans. De nombreux médecins partiront à la retraite dans un futur proche, sans trouver de remplaçants. Ce phénomène se vérifie aussi bien en zones rurales Lors de la pose de la première pierre, le 22 septembre dernier. qu’en zones urbaines. C’est pourquoi, dans le cadre du contrat 276, et en collaboration avec la mission régionale de santé, les élus locaux et les professionnels soignants, nous accompagnons la création de maisons de santé pluridisciplinaires ». Une dizaine de projets sont recensés en Haute-Normandie, notamment à Saint-André de l’Eure et Bourneville (Pays Risle Estuaire), en ce qui concerne l’Eure. PORTRAIT MICHEL DE DECKER, HISTORIEN « J’ai fini par enseigner comme Alain Decaux raconte... » Installé dans un village près de Vernon, l’historien Michel de Decker, auteur de 34 livres, s’est d’abord fait connaître dans la plus ancienne émission de France Inter, « la Tribune de l’histoire », jadis animée par André Castelot et Alain Decaux. Chroniqueurs dans de nombreuses revues et sur de nombreuses antennes de radio (notamment France Bleu Haute-Normandie) et de télévision, il est particulièrement à son avantage dans l’émission de Stéphane Bern, « Secrets d’histoire ». Rencontre... « La reine Amélie des deux Sicile a beau être la sœur de Marie-Antoinette, je ne la connais que médiocrement... Quand on me demande de parler de Napoléon III, de Talleyrand, d’Henri IV, de Louis XIV, j’ai vécu avec ces genslà pendant des années et des années, je peux les raconter... » Il est comme ça, l’historien Michel de Decker : sa maison de Notre-Dame-de-l’Isle est hantée par ces personnages historiques qui ont si peu de secrets pour lui qu’ils sont devenus ses intimes. Il finit d’ailleurs toujours par parler d’eux au présent... Avec une telle gouaille, on comprend qu’il soit rapidement devenu un incontournable de l’émission de télévision de Stéphane Bern « Secrets d’histoires » qui passe régulièrement sur France 2 en prime time. Sollicité voici 4 ans pour parler de « Napoléon amoureux », suite à son livre « Les plus belles conquêtes de l’Empereur », il en redonné à la télévision une version façon Alain Decaux qui a conquis le producteur de l’émission, Jean-Louis Rémilleux, lequel lui a fait cet aveu savoureux : « Vous rendez l’histoire contagieuse !... ». Michel de Decker a commencé sa carrière comme professeur d’histoire. Trouvant le métier un brin monotone, il a d’abord cherché à le rendre plus participatif et amusant, par exemple en fabriquant des jeux éducatifs chez Fernand Nathan. C’est à cette occasion qu’il rencontre celui qui est devenu son ami, l’historien André Castelot qui a vécu à Port-Mort, près de Vernon, jusqu’à son décès en 2004. « Il m’a carrément pris sous sa coupe et adopté intellectuellement si je puis dire. Il m’a ouvert toutes les portes et a été mon coach. Il m’a expliqué comment on écrivait, comment on racontait et il m’a fait rencontrer des gens prodigieux comme Alain Decaux. J’ai du reste fini par enseigner comme Alain Decaux raconte... Un jour je racontais Jeanne d’Arc : « Et alors, Jeanne d’Arc, elle arrive place du Vieux-Marché, et l’évêque Cochon, le traître !, on l’aperçoit, et les archers anglais... » ça durait comme ça une heure... A la fin du cours, un élève vient me voir et me dit : « Monsieur, jusqu’au dernier moment, j’ai cru qu’elle s’en sortirait ! »... » Son premier livre, il le consacre à La princesse de Lamballe, paru en 1979. Il faut dire qu’il a fait ses études à Vernon, à deux pas du château de Bizy, ancienne propriété du prince de Bourbon-Penthièvre, beau-père de la princesse. « Cette femme m’a toujours étonné car on ne connaissait que son massacre en septembre 1792, et on ne savait rien de sa vie. Je me suis attelé à la découvrir en allant jusqu’à Turin là où elle est née. J’ai eu la chance inouïe d’avoir accès aux archives du Comte de Paris que personne n’avait consultées jusqu’alors et pour lesquelles il a fini par m’accorder une autorisation générale qu’il avait d’ailleurs signée « Votre affectionné Henri »... » Le 34 e livre sort à peine de la rotative : il est consacré à Ninon de Lenclos (chez Belfond), « une grande courtisane, avec laquelle j’ai déjà vécu quelque temps aussi puisqu’elle est venue passer trois ans à Villarceaux, à deux pas de chez nous. Elle a sa chambre, une petite tour dans laquelle on voit le portrait de la future Madame de Maintenon. Car elle faisait ménage à trois avec elle et Villarceaux... Une femme très libérée, brillantissime ». Michel de Decker continue de vouer un culte particulier à André Castelot et Alain Decaux, « les restaurateurs du goût de l’histoire » selon lui. « Avant, dit-il, on avait les vieilles collections jaunes, illisibles. L’histoire s’adressait à une élite. Castelot et Decaux ont donné à la concierge comme à mon jardinier ou à moi le goût de l’histoire. Ce sont les nouveaux Alexandre Dumas, sans l’imagination bien sûr... Je reçois plein de courrier après la diffusion des Secrets d’histoire où les gens me disent « On vous écouterait pendant des heures car avec vous, on entre dans la vie des personnages. » L’histoire doit-elle être racontée ? « Ah oui ! s’écrie Michel de Decker. On dit bien « Raconte-moi une histoire ! » Je dis souvent que l’histoire est un beau vitrail et la petite histoire, c’est le plombqui tient mon vitrail. » Le prochain livre de Michel de Decker ? Pas moyen de savoir : « J’ai trois ou quatre idées qui sommeillent dans mon tiroir »... + D’INFOS www.michel-de-decker.com |