I histoire I De Milan à Trèves en passant par Jougne et... La-Chapelle-des-Buis Une souscription est ouverte pour restaurer le monument de la Libération érigé près de La-Chapelle-des-Buis, à Besançon. L’historien Joseph Pinard rappelle ici ce que représente ce haut lieu de mémoire. 30_vu du doubs_octobre 2009 Quand ils descendent de la montagne et des plateaux pour rejoindre Besançon, nos compatriotes ignorent souvent que la route ancienne de la préhistoire jusqu’au XVI e siècle passait par La-Chapelle-des-Buis. Les tracés de voies celtiques et romaines sont encore bien visibles et c’est sur elles que circulaient négociants et soldats venant d’Italie pour rejoindre la Séquanie et plus au nord les pays rhénans. De Milan à Trèves, le col de Jougne et le point bas de la ligne de crête des monts des Buis étaient des lieux de passage obligés, jalonnés d’antiques édifices religieux comme la très ancienne chapelle Saint-Maurice de Jougne ou la chapelle des Buis bâtie peut-être à l’emplacement d’un temple païen dédié à Mercure, dieu romain des voyageurs et des commerçants, d’où le lieu dit « Mercureaux ». Ce site remarquable par le magnifique panorama qu’il offre au regard fut choisi par Mgr Dubourg, archevêque de Besançon, pour être un lieu de mémoire consacré au souvenir de toutes les victimes de la Seconde Guerre mondiale. D’où la présence, dans la crypte propice au recueillement, des plaques portant sans distinction de confession l’impressionnante liste des noms de nos disparus du fait du tragique conflit. Inauguré en grande pompe, il y a 60 ans, le monument de la Libération a grand besoin d’être restauré pour réparer les injures des temps. Toutes celles et ceux qui se sentent concernés par la rénovation de ce haut lieu franc-comtois chargé de mémoire peuvent manifester leur soutien en participant à la souscription ouverte auprès de la Fondation du Patrimoine. Pour souscrire, s’adresser à la Fondation du Patrimoine, Maison du bâtiment, BP 239 - 25004 Besançon cedex Les collectivités s’engagent aussi Les collectivités – communes, Communauté d’agglomération du Grand Besançon, Département, Région – ont été sollicitées pour contribuer financièrement à la restauration du monument de la Libération. Un nom parmi d’autres : Colette Godchot Elle était élève de 1 re au lycée Pasteur de Besançon. Voici sur son arrestation, parce qu’elle était juive, le témoignage d’une camarade de classe, Christiane Guerry, institutrice retraitée. « Le 24 février 1944, nous étions en cours d’histoire. On frappe à la porte et on l’ouvre sans que le professeur dise d’entrer ! Deux hommes en civil... L’un des deux dit sèchement et très fort : « Colette Godchot ». Elle était derrière moi. Je me retourne, je la vois très pâle mais très digne. Elle range ses affaires, se lève et sans un mot se dirige vers la porte. Là, elle se retourne, Elles en délibéreront chacune prochainement. Rappelons au passage que la loi du 9 décembre 1905 interdit à l’État et aux collectivités territoriales d’accorder des subventions aux associations cultuelles en vertu du principe nos regards se croisent. Je n’oublierai jamais. » Comme sa maman, Colette a été assassinée à Auschwitz. Elle n’a pas eu, et pour cause, de sépulture. Elle n’a plus de famille chez nous. Mais son nom demeure dans la crypte des Buis. Nous aussi, n’oublions pas. de laïcité. Toutefois, selon l’article 19 de cette loi « ne sont pas considérées comme subventions les sommes allouées pour réparations aux édifices affectés au culte public, qu’ils soient ou non monuments historiques. |