24 Actions Côtes d’Armor M A G A Z I N E Ils se forment au Conseil général Les services départementaux accueillent des apprentis Démarche engagée depuis déjà longtemps, le Département accueille actuellement une trentaine de jeunes en apprentissage, dans les métiers les plus divers. Et leur nombre devrait sensiblement augmenter cette année. Au-delà de la transmission d’un métier et des bons débouchés professionnels pour ces jeunes, l’expérience montre, exemple à l’appui, qu’ils apportent aussi beaucoup à leurs maîtres d’apprentissage. À 24 ans, Mélanie Rabet a intégré les services du Dé - partement en tant qu’ap - prentie en septembre 2012. « J’ai toujours voulu travailler auprès de personnes en difficulté, c’est ma voie, leur faire prendre conscience qu’ils ont des potentialités pour s’en sortir, confie-t-elle. J’ai déjà été technicienne d’in ter ven - tion sociale et fa mi liale à Saint-Malo, ma ville d’origine ». Voilà qui l’a amenée à passer le concours d’entrée à l’IRTS (Institut ré - gional du travail social) de Rennes, pour accéder à une formation de trois ans - en alternance - d’éducatrice spécialisée. « Restait à trouver une entreprise et un maître d’apprentissage, et c’est finalement l’IRTS qui m’a donné le’tuyau’ : le Centre départemental de l’enfance et de la famille (CDEF) des Côtes d’Armor, service du Département, était prêt à m’accueillir. J’ai eu un entretien avec Léon Bonbois, éducateur spécialisé, mon futur « Je sais que je pourrai m’appuyer sur elle » maître d’apprentissage, et le courant est tout de suite passé ». La voilà donc engagée à l’antenne décentralisée du CDEF de Dinan, aux côtés de Léon. L’équipe de cette structure est chargée d’accompagner des enfants qui, sur décision de justice, ont fait l’objet d’une mesure d’Accompagnement en milieu ouvert à moyens renforcés (AMO-MR). Des enfants issus de familles souvent monoparenta les ou recomposées, dont le - ou les - adultes ren - con trent de grandes difficultés dans leur rôle éducatif. « Cette mesure dure deux ans, ex pli - que Léon. Puis nous adressons un bilan au juge qui auditionne les parents et statue sur les suites à donner. Ce peut être la fin de la mesure d’accompagnement, sa prolongation ou, s’il ne constate pas d’amélioration, le juge, considérant que les enfants sont en danger, décide de les placer chez une assistante familiale, elle Pour Mélanie Rabet, ici en compagnie de Léon Bonbois, éducateur spécialisé et maître d’apprentissage, « Cette formation me permet de faire le lien entre la théorie et la pratique. J’ai la chance d’être avec une équipe très soudée. J’ai été très vite intégrée, associée, impliquée… ». Thierry Jeandot aussi salariée du Département ». À Dinan, 45 enfants sont suivis, dont une vingtaine par Mélanie et Léon. « Elle me permet de me remettre moi-même en question » Un travail qui exige beaucoup de tact, de sens du relationnel, sans être trop intrusif. Pour sa première année, Mélanie suit 22 semaines de cours à L’IRTS et passe le reste de son temps aux côtés de son maître de stage. Elle devra, de plus, effectuer sur trois ans dix semaines de stages dans d’autres structures d’aide aux populations en difficulté. Léon, qui s’est lui aussi formé en alternance, sait de quoi il parle : « J’ai découvert Mélanie, je la suis et je sais que je pourrai, à terme, m’appuyer sur elle. Et puis je réponds à ses questionnements, j’analyse son approche du métier… en fin de compte, ça me permet souvent de me remettre moi-même en question ». Pour la jeune femme, cette première année est surtout basée sur l’observation. « Lorsque nous recevons une famille, Léon leur demande toujours s’ils acceptent ma présence. En revanche, je participe à l’accueil et aux activités des enfants qui viennent passer une journée ici. Il m’arrive même d’aller les chercher chez eux, de les accompagner lors de sorties. Léon me responsabilise progressivement et je suis particulièrement huit enfants. Cela me permet de faire le lien entre la théorie – droit, psychologie, sociologie - et la pratique. J’ai la chance d’être avec une équipe très soudée. J’ai été très vite intégrée, associée, impliquée… Et c’est gratifiant lorsque les familles me disent que j’apporte quelque chose aux enfants ». Mélanie a encore deux ans d’apprentissage devant elle, deux ans que Léon compte bien mettre à profit pour, progressivement, la confronter à des situations plus délicates. La dernière année, Mélanie sera même co-référente (chaque enfant est suivi par un binôme de deux co-référents) et devra produire, pour l’obtention de son diplôme, un mémoire sur le suivi d’une famille. « Bien-sûr, Mélanie est ici pour apprendre, mais elle nous apporte aussi énormément », conclut Léon. Bernard Bossard |