18 Perspectives Côtes d’Armor M A G A Z I N E Marché au cadran de Plérin La référence nationale C’est une institution dans le département. Le marché du porc breton, association qui fêtait ses quarante ans l’année dernière, est installé à Plérin depuis 1983. Fonctionnant sur le modèle du marché au cadran, il fixe le prix du porc pour l’ensemble de la France. Aux trois premiers rangs, les acheteurs. Ils sont neuf et représentent des abattoirs où passent 70% des porcs français (1). Au fond de la salle, une dizaine de vendeurs représentant des groupements de producteurs (2). Ils sont mandatés par quelque 400 éleveurs. Les animaux sont présentés aux acheteurs sur catalogue, par lots de 100 en moyenne. Sur l’estrade, le chef de vente fixe un prix de démarrage pour chaque lot mis en vente. Les enchères sont dégressives. Les acheteurs appuient sur un bouton-poussoir dès que le prix les intéresse. Une fois que l’acheteur a appuyé, le vendeur doit dire oui ou non. S’il dit oui, le lot est vendu. S’il dit non, le lot repasse une deuxième fois en fin du marché. Et s’il dit encore non, il repassera au marché suivant. Cela va très vite : une transaction toutes les cinq secondes. « Le chef de vente adapte son prix de départ en fonction de l’évolution du moment, explique Jean-Pierre Joly, directeur du marché du porc breton. Par exemple, si un acheteur appuie à 1,41 €, le chef de vente partira peut-être à 1,43 € pour le lot suivant. À l’issue du marché, une moyenne de tous les prix de vente pondérés est calculée. C’est elle qui constitue le prix de référence du marché du porc breton ». 65 000 porcs vendus chaque semaine En moyenne, 65 000 porcs sont ainsi vendus chaque semaine, le lundi et le jeudi. Le marché du jeudi est le mar- du prix du porc Le marché du porc breton fonctionne selon le principe des enchères dégressives. L’acheteur appuie sur un bouton poussoir dès que le prix l’intéresse. Si le vendeur dit oui, le lot est vendu. Thierry Jeandot ché directeur. « Si un éleveur estime que le prix n’est pas bon, il ne vend pas. Mais il doit être vigilant sur le poids des porcs qu’il propose, car les abattoirs veulent des poids homogènes. Attendre le jeudi suivant serait un délai trop long, d’où la possibilité de vendre le lundi. Cela fait partie de la « Véritable confrontation de l’offre et de la demande » stratégie de marché », précise Jean-Pierre Joly. Le marché du porc breton est né en 1972 à Guerlesquin (29), avant que son siège ne soit transféré à Plérin en 1983, pour des raisons de représentativité régionale. Historiquement, tout est parti des producteurs de légumes de Saint-Polde-Léon (29), Paimpol et Saint-Méloirdes-Ondes (35). « Voyant qu’ils n’étaient pas maîtres de la commercialisation de leurs légumes, ils ont, dès 1962, créé un marché au cadran, s’inspirant de ce qui se faisait en Hollande », indique Jean- Pierre Joly. Très vite, certains d’entre eux, dans la lignée d’Alexis Gourvennec, se sont mis à produire du porc. Constatant que les acheteurs avaient la main mise sur les producteurs, ils ont décidé, forts de leur organisation pour les légumes, d’imposer un marché au cadran sur le porc, de manière à avoir une transparence des prix et des conditions de paiement. Quarante ans plus tard, ce marché, en l’absence d’autres structures organisées au niveau national, est devenu la référence pour l’ensemble de la France. « Cela veut dire qu’un producteur de l’Aveyron va livrer ses porcs à l’abattoir de Rodez au prix du marché du porc breton », prend pour exemple Jean-Pierre Joly. Le prix du marché au cadran fait aussi référence au niveau européen, dans la mesure où il existe trois marchés leaders : l’Allemagne, l’Espagne et la France. Trois marchés très interdépendants du fait des nombreux échanges entre ces pays. « En France, explique Jean-Pierre Joly, nous produisons 100 000 tonnes de plus que ce que nous consommons. Nous exportons 750 000 t et importons 650 000t, car il y a dans le cochon des pièces qui se valorisent mieux à l’export, comme les pieds, la queue et les oreilles en Chine, ou la longe en Angleterre. En revanche, pour répondre à la consommation française de jambon, nous devons importer de chez nos voisins ». Ainsi, chaque semaine, le prix de référence du marché du porc breton tombe le jeudi à 13h, puis arrivent le prix espagnol dans la soirée et le prix allemand le lendemain midi. De là, se fait un arbitrage, avec plus ou moins d’exportations et d’importations. « L’intérêt du marché au cadran, poursuit son directeur, c’est la transparence dans les transactions. Il permet aux éleveurs et aux abattoirs d’avoir une réelle perception de ce qu’est le prix par une véritable confrontation de l’offre et de la demande ». Et pour assurer le mieux possible l’organisation du marché, l’association, qui emploie quatre salariés, met en avant sa neutralité. « Nous sommes indépendants financièrement, grâce à une cotisation perçue sur tous les porcs abattus, et nous ne percevons aucune subvention ». Laurent Le Baut marche-porc-breton.com (1) Cooperl, Bigard, Socopa, Jean Floc’h, Gad, Abera, AIM, Kermené, Charal. (2) Quatre d’entre eux représentent 90% des porcs présentés : Aveltis, Porcfimad, Prestor, Siproporc. Au marché au cadran, sont vendus des porcs bretons (55% de la production française) mais aussi des porcs des Pays-de-la-Loire et de Normandie. |