26 Actions Côtes d’Armor M A G A Z I N E Un jour avec… Éric Gabet, surveillant portuaire sur la côte du Goëlo Une sentinelle sur le port Le Conseil général détient la compétence des ports maritimes. Ce que l’on sait moins, c’est qu’il dispose d’une police portuaire composée de quatre agents. Rencontre avec l’un d’eux, Éric Gabet, exerçant à Saint-Quay- Portrieux et Binic. « Notre mission n’est pas de verbaliser à outrance, mais de montrer qu’on existe et de faire respecter les règles », explique Éric Gabet, surveillant de port en charge de la police portuaire au Conseil général. S’il n’y avait l’écusson du Département brodé sur la manche de l’uniforme, on croirait avoir affaire à un véritable policier. Éric Gabet est en réalité surveillant de port en charge de la police portuaire. Ils sont quatre à exercer ce métier au Conseil général. Éric Ga bet s’occupe plus particulièrement des ports de Saint-Quay- Por trieux et de Binic. Assermenté par le procureur de la Ré publique et agréé par le président du Conseil général, son rôle consiste à assurer la surveillance des ports en matière de propreté et de sécurité. « Notre mission n’est pas de verbaliser à outrance mais de montrer qu’on existe et de faire respecter les règles », explique Éric. Recruté par le Conseil général il y a dix ans, cet homme de 55 ans, originaire de la Somme, connaît particulièrement bien le milieu de la mer. Sept ans militaire dans les sous-marins, il a ensuite rejoint la gendarmerie maritime, dont il est encore réserviste 30 jours par an. Une expérience qui lui sert au quotidien. « Avoir été gendarme maritime « La tenue, c’est 80% du travail » m’aide beaucoup pour informer. Si par exemple je constate qu’il y a trop de personnes dans un bateau ou qu’il manque des gilets de sauvetage, je n’hésite pas à le dire ». Arpentant les pontons, il voit en - core trop souvent des cartons, des bouteilles vides et autres bidons laissés par les usagers. « Il suffit d’un coup de vent pour que tout se re trouve à la mer. On leur demande de nettoyer, une fois, deux fois, puis on passe à l’avertissement. Il peut aussi y avoir des dégradations sur les infrastructures, par exemple lorsqu’un bateau aborde trop violemment un ponton. On fait alors un PV de constatation. Mais en général, cela se passe bien, c’est plutôt bon enfant ». Le surveillant de port dispose de quatre procédures pour faire respecter les règles : le PV de constatation, l’avertissement, la mise en demeure et le PV de grande voirie, ce dernier allant directement au tribunal administratif. Ces procédures, on le sait peu, comprennent beaucoup d’amendes pour stationnement interdit ou gênant des voitures sur la zone d’activité du port. « On fait aussi la chasse aux carénages sauvages, explique Éric. Ils préfèrent ne pas payer plutôt que d’utiliser l’aire de carénage qui est à leur disposition. Ils écopent en moyenne d’une amende de 400 € ». À cela s’ajoutent des événements plus exceptionnels. Comme ce ba - teau cassant une passerelle d’accès aux pontons, ou encore un camion qui a percé son réservoir et déversé une centaine de litres de gasoil sur le terre-plein du domaine public maritime. « Sur les dix derniers mois, Saint-Quay et Binic compris, nous avons dressé 69 procédures », rapporte Éric, précisant que le but n’est pas de faire du chiffre, mais d’assurer une présence pour « arrondir les angles et faire en sorte que les choses se passent du mieux possible ». Qualités humaines et relationnelles Cette présence, Éric la considère indissociable du port de la tenue, qui est une spécificité des Côtes d’Armor. « C’est 80% du travail. Cela évite beaucoup de problèmes, il y a un respect qui s’instaure immédiatement. Les Côtes d’Armor sont précurseurs en matière de police portuaire, et je connais des départements qui aimeraient avoir des personnes comme nous pour mettre de l’ordre ». Pour lui, ce métier nécessite des qualités humaines, relationnelles, ainsi qu’une bonne connaissance du milieu maritime. Il faut également savoir garder son calme, son sang-froid, analyser les situations et s’adapter, car chaque événement est différent. C’est aussi un travail qui a ses avantages. « On a une certaine liberté. Les décisions, bonnes ou mauvaises, on les prend nous-mêmes. On rencontre aussi plein de gens de tous les milieux. L’hiver, je retrouve « mes anciens » qui se font des concours de pêche à la daurade. L’été, ce sont beaucoup de touristes qui nous posent des questions. Il faut être au courant de tout ce qui se passe. On est comme un lien entre les usagers du port et le Conseil général ». Laurent Le Baut Thierry Jeandot |