22 Rencontre Côtes d’Armor M A G A Z I N E Avec les gens d’ici Adrian Colin à Dinan Un verrier qui a la flamme Installé depuis 2003 dans une maison du XVI e siècle de la rue du Jerzual à Dinan, Adrian Colin, 28 ans, est verrier d’art à la flamme. Passionné par sa discipline, il a décroché en 2011 le prestigieux titre de Meilleur ouvrier de France. Rencontre. Contact Adrian Colin 1 rue du Jerzual 22100 Dinan > 02 96 87 61 99 adriancolin.com U ne tige de verre dans cha - que main, Adrian Colin scul pte la matière en fusion. En France, ils ne sont qu’une trentaine à faire de la verrerie artistique au chalumeau. Installé depuis 2003 à Dinan, Adrian a étudié quatre ans à Paris dans la seule école formant au travail du verre à la flamme. « Contrairement à la technique du verre à la canne, où il s’agit de réaliser des volumes conséquents, le travail au chalumeau permet de travailler sur des volumes plus restreints avec beaucoup de finesse et de détails », explique-t-il. « Un matériau qui joue avec la lumière » Ayant grandi dans le milieu des mé - tiers d’art (ses parents sont céramistes), il s’est dirigé vers le travail du verre pour plusieurs raisons. « C’est une matière vraiment différente. Quand on la voit tous les jours, on la perçoit comme fragile, cassan te. Alors que, quand elle est en fusion, elle est liquide, fluide, très malléable. Ce paradoxe est intéressant. C’est aussi un matériau qui joue beaucoup avec la lumière. J’aime les jeux de transparence « Comme si l’on discutait avec la matière » et de lumières, ainsi que la finesse, notamment au ni veau du travail d’inclusion de couleur dans les masses transparentes ». Le jeune homme de 28 ans réalise des pièces sculptées sur des thèmes animaliers ou sur des attitudes humaines, mais aussi des fla - cons à parfum, des bijoux, des décorations d’intérieur, etc. « Le travail du verre au chalumeau n’a com - me limite que notre imagination », estime Adrian, qui apprécie par ailleurs le rapport direct à la matière. « Comme le verre est un très mauvais conducteur de chaleur, on peut tenir directement les baguettes dans les mains. Selon la rotation qu’elles vont avoir, on saura si le verre est bon à être soudé ou pas. C’est un peu comme si l’on discutait avec la matière ». Ses pièces, il les vend aux touristes de passage à Dinan ainsi qu’à des collectionneurs. Il travaille également avec des galeries d’art et a réalisé des trophées pour des clubs sportifs, des flacons à parfum pour le CNRS et EDF, ou encore des éléments en verre pour des bijoutiers. En 2011, Adrian a décroché le prestigieux titre de Meilleur ouvrier de France. Ils ne sont que 15 à l’avoir Thierry Jeandot Thierry Jeandot obtenu dans cette catégorie depuis la création du concours au début du XX e siècle. Après avoir passé avec succès les épreuves éliminatoires, il a dû plancher pendant un an sur un thème imposé. Objectif : réaliser une pièce sur le thème de l’éternel combat entre le bien et le mal. Son travail, qui a séduit pour ses qualités techniques et artistiques, représente deux personnages humanoïdes (photo ci-dessus). « Ils se font face pour marquer une dualité. Ils ont chacun une aile d’ange et une aile de démon pour dire que personne n’est totalement bon ou totalement mauvais. L’un tient dans ses mains un globe terrestre en verre blanc avec les continents en feuille d’or, l’autre un globe terrestre en verre noir avec les continents en feuille d’argent. Selon comment ils vont utiliser cette part de bien et de mal, cela va avoir une répercussion sur leur environnement ». Ce titre, il dit y avoir pensé dès sa période de formation. « C’est une récompense qui me tenait à cœur. Cela fait plaisir de voir ses efforts récompensés et d’avoir la reconnaissance de ses pairs ». La réalisation de cette pièce hors normes lui a demandé quelque 500 heures de travail venues s’ajouter à l’activité du quotidien. « C’est un investissement en temps et en énergie qui pousse à se dépasser. Après le concours, on sent clairement que l’on a franchi un palier ». Laurent Le Baut Avec des tiges de verre massives, Adrian Colin donne forme à des sculptures. Pour réaliser des objets comme un flacon à parfum, il utilise une tige creuse en soufflant à l’une des extrémités. |