28 Actions Côtes d’Armor M A G A Z I N E Maryse Pérénesse, secrétaire générale de la mairie de Plouëc-du-Trieux Diplomate et volontaire En 30 ans, Maryse Pérénesse est passée du statut d’agent auxiliaire au poste de secrétaire générale de la mairie de Plouëcdu-Trieux. Non par carriérisme, mais guidée avant tout par la volonté de s’impliquer pleinement, aux côtés des élus, dans le développement de sa commune. Un parcours exemplaire à bien des égards. Le 6 décembre, salle de l’Estran à Binic Colloque national sur l’égalité femmes/hommes Avec la participation de Najat Vallaud-Belkacem, ministre des Droits des femmes, et de Claudy Lebreton, président du Département et de l’Assemblée des Départements de France (ADF). Intitulée « Égalité femmes/hommes, territoires et décentralisation », cette journée s’appuiera notamment sur l’émergence reconnue d’un « modèle breton » en la matière. Parmi les intervenants : la juriste Annie Junter, titulaire de la chaire sur l’égalité femmes/hommes à l’université de Rennes-II ; Gwenaëlle Perrier, docteure en sciences politiques à l’université de Paris-XIII ; Danielle Bousquet, ancienne députée des Côtes d’Armor et présidente de l’Assemblée des femmes ; Vincent Le Meaux, viceprésident du Département des Côtes d’Armor ; Jocelyne Bougeard, présidente de la Commission de la Charte européenne pour l’égalité dans la vie locale ; Véronique Robitaillie, directrice générale des services du Département des Côtes d’Armor ; et de nombreuses autres personnalités qui débattront avec la salle. Une journée organisée par le Département, l’ADF, l’université de Rennes II et l’Association française du conseil des communes et régions d’Europe. Le 6 décembre, de 9 h 30 à 19 h 30 à Binic, salle de l’Estran. Inscription obligatoire, dans la limite des places disponibles. « J’ai commenc » en 1982, à 20 ans, comme auxiliai - re de bureau. Je faisais des remplacements ponctuels dans des mairies… des pos - tes sans responsabilit »s, mais j’ai vite pris goût au service public, c’est ce qui m’a d » cid » e à poursuivre dans cette voie » Aussi, elle prépare le concours de secrétaire de mairie, qu’elle décroche dès 1983 et, la m’me année, elle est engagée à la mairie de Plouëc-du-Trieux (1 100 habitants). « À l’ » poque, mon rôle » tait assez ‘basique’. Je faisais essentiellement de l’accueil et de l’ » tat civil. Pour le reste, c’ » tait le percepteur qui pr » parait le budget de la commune et les » lus qui dirigeaient en direct les agents communaux et suivaient les dossiers ». Car les élus d’alors – ici comme dans toute petite commune – n’avaient pas encore cette culture de déléguer la gestion des dossiers à des personnels administratifs, pourtant plus au fait des règles administratives et juridiques. D’autant que ces élus étaient, à de très rares exceptions près, des hommes, alors que les secrétaires de mairie sont, aujourd’hui encore, très majoritairement des femmes. Thierry Jeandot « Les femmes agents secrets de la modernité » Pour autant, au fil des ans, les choses évoluent et Maryse, qui continue de sui -vre des formations – informatique, budget, marchés publics, droit –, se voit confier plus de responsabilités. « La première avanc » e a » t » la pr » - paration du budget, à partir de 1987. J’ai appris à traduire en bonne et due forme les projets des » lus, pr » voir leur financement, » tablir un » quilibre budg » taire. Puis j’ai mis en place de vrais ordres du jour pour les conseils municipaux. En d » pit de quelques r » ticences au d » but, j’ai gagn » la confiance des » lus ». Comment ? « Parce que Je crois qu’une femme est plus patiente, plus à l’ » coute qu’un homme, mais aussi, quand il le faut, plus ferme, en d » ployant des tr » sors de diplomatie. Et, avec les 11 agents communaux, qui manquaient ma nifestement de repères, j’ai instaur » de vraies relations humaines ». « Pour faire avancer les choses, je ne laisse passer aucun détail » En 1990, puis en 1993, elle ouvre deux parenthèses pour donner le jour à ses filles. « Ça n’a pas pos » de problème, grâce à l’aide de mon mari et à des » lus respectueux de ma vie de femme ». Et Maryse réussit en 2003 l’examen professionnel d’attachée terri toriale, qui la pro pulse à la catégorie A dans l’échelon de la fonction publique territoriale, un statut où la notion « d’aide à la décision », qui consiste souvent à expliquer à un élu, chiffres en mains, si un projet est réalisable ou pas, tient une place primordiale. Elle devient alors secrétaire générale. Puis arrive en 2006 le plus gros pro - « Je crois qu’une femme est plus patiente, plus à l’écoute qu’un homme, mais aussi, quand il le faut, plus ferme, en déployant des trésors de diplomatie », confie Maryse Pérénesse. jet qu’elle ait eu à gérer : la cons - truction de la nouvelle salle multifonctions de la commune. « Il a fallu courir à la recherche de subventions, » tablir les cahiers des charges pour les entreprises, g » rer les impr » vus… c’ » tait passionnant ». En 2008, Vincent Le Meaux, conseiller général du canton de Pontrieux, est élu maire de la commune, puis vice-président du Conseil général en 2011. Deux mandats qu’il assume pleinement, tout en sachant que, moins présent en mairie, il peut s’appuyer sur l’expertise de Maryse pour assurer la bonne marche de la « maison ». Aujourd’hui, à 50 ans, Maryse, qui ne compte pas ses heures, a fait sienne cette citation du philosophe Edgar Morin : « Les femmes sont les agents secrets de la modernité ». « C’est tellement vrai. Je prends toujours soin d’analyser le moindre d » tail d’un dossier, de ne rien laisser passer sans en mesurer la port »e. Cela permet souvent de remettre en question certaines choses et de les am » liorer, toujours dans l’int » rêt du d » veloppement local et d’un service public plus efficace ». Bernard Bossard |