20 Rencontre Côtes d’Armor M A G A Z I N E Rencontre avec des initiatives Ouverture d’une école Vaucanson à Ploufragan Une filière d’excellence pour les bacs pro Après une première expérience en région parisienne, le Centre national des arts et métiers (Cnam), vient d’ouvrir à Ploufragan la deuxième école Vaucanson de France. Objectif : mener des titulaires d’un bac professionnel vers une licence généraliste d’ingénierie industrielle, leur ouvrant de bonnes perspectives d’épanouissement professionnel et personnel. Appel aux entreprises Beaucoup d’entreprises se montrent réticentes à accueillir un élève de Vaucanson pour une durée de trois ans. Pourtant, il bénéficie d’un enseignement de haut niveau, sait aborder un projet dans sa globalité et dans n’importe quel secteur d’activité, et ne représente aucun coût supplémentaire pour l’employeur. Quatre jeunes de l’école sont encore à la recherche d’une entreprise. Les patrons intéressés sont donc les bienvenus. Nelly Garnier > 02 96 76 59 31 Triés sur le volet, les étudiants apprentis apprennent à fonctionner en équipe, à se répartir le travail, à s’entraider et à fournir un important travail personnel. J ulien Gautier, 21 ans, vient de Saint-Malo. Titulaire d’un bac pro en systèmes électroniques numériques, il a, comme ses dix camarades de promotion, été sélectionné parmi des centaines de candidats bretons, pour intégrer début septembre la première promotion de l’école Vaucanson. « Je ne con - naissais pas cette école. C’est un de mes professeurs qui m’en a parlé, du travail sur des projets, de la licence qu’il y a au bout. Ici, on est tous au même niveau et on rejoint une filière généraliste, tout en suivant une formation en alternance. Mais c’est vrai que c’est dur, on est directement entrés dans le vif du sujet, mais on s’entraide. Et on sait qu’au bout, tous les métiers de l’industrie nous seront ouverts. On peut même espérer entrer dans une école d’ingénieurs ». La première école Vaucanson est née au Cnam de la Plaine-Saint-Denis (93), en 2010. Celle du Cnam de Bretagne, à Ploufragan, est la deuxième en France à ouvrir ses portes. « C’est un projet que nous avons construit à quatre, avec la Région, l’Académie, le Cnam et le CFAI de Plérin, et le soutien de Saint-Brieuc agglomération et du Département », explique Nelly Garnier, ingénieure pédagogique. Le principe de l’école part du constat qu’une grande majorité de titulaires d’un bac professionnel qui poursuivent leurs études à l’université, en BTS ou en IUT, échouent par manque de formation généraliste. Vaucanson vise à remédier à cette situation en combinant des enseignements généralistes – culture générale et communication, maths, lan - gues, informatique, etc. – et une formation en alternance. Le cursus, assuré par des intervenants du Cnam et du CFAI, dure trois ans et dé bouche sur une licence en ingénierie industrielle. « Nous fonctionnons dans une logique de projets, explique Alain Maillard, responsable de l’école. Le but, c’est de leur apprendre à intégrer un processindustriel, quel qu’il soit : applications d’analyse de systèmes, prise en charge et conduite de projet, et même management. Le travail en équipe est ici primordial ». « Quand on travaille sur un projet, on ne veut plus le lâcher, ça prend aux tripes » Cécile Claude, 22 ans, Vannetaise, confirme : « Là, sur quatre semaines, on travaille à la conception d’un système La motivation avant tout Bruno Torrubia Pour Titouan et Cécile, comme pour tous les autres, la charge de travail est tout autre qu’en bac pro. photovoltaïque pour l’éclairage autonome d’un abribus que l’on va réaliser et mettre en place. On se répartit le travail et on doit faire le point régulièrement en faisant une soutenance orale. Après ces quatre semaines, je repars cinq semaines dans mon entreprise, où je travaille à l’optimisation de la chaîne de production. Puis je revien drai ici pour attaquer un nouveau projet ». Pour le Costarmoricain Titouan Mauduin, 20 ans, « Ici, ce n’est plus le même rythme qu’en bac pro. Entre l’entreprise et l’école, c’est un autre niveau, il faut s’accrocher, mais c’est vraiment passionnant ». Et Josselin Quilien, 18 ans, Morbihannais, d’ajouter : « Quand on travaille sur un projet, on ne veut plus le lâcher, ça prend aux tripes ». Pour renforcer cet esprit d’équipe, le Cnam a bénéficié du soutien de l’office HLM de l’agglomération. Les étudiants apprentis sont en collocation, par deux ou par trois, dans des appartements très proches les uns des autres. « Ça nous permet, après les cours, de faire des recherches et de revoir ensemble des choses que certains n’auraient pas compris », explique Cécile. « De plus, cela leur apprend à fournir un travail personnel en dehors de l’école, ce dont ils n’avaient pas l’habitude », indique Guillaume Baudet, du Cnam, qui a mis en place ce dispositif d’hébergement. Enfin, précision importante, la sélection des candidats a été draconienne. L’équipe de Vaucanson a prospecté dans plus de 50 lycées bretons et, si les feuilles de notes et le passage d’une batterie de tests sont bien sûr entrés en ligne de compte, la sélection finale s’est jouée avant tout sur leur motivation. Bernard Bossard Bruno Torrubia |