14 Dossier Côtes d’Armor M A G A Z I N E Des structures pour recruter Plusieurs structures aident les exploitants dans leurs démarches de recrutement et/ou de remplacement. Depuis 1977, le Service d'aide en élevage et culture (Sdaec) est organisé en groupement d’employeurs à vocation de remplacement. Qu’il s’agisse d’une absence programmée (congés, formation…) ou d’un imprévu (maladie, accident…). Engagé dans une démar - che égalité hommes/femmes, il dispose d’un effectif de 200 salarié-e-s. De son côté, l’association Terralliance, créée en 2005, est un groupement d’employeurs agricoles permettant aux exploitants de recruter un ou plusieurs salariés en temps partagé avec d’autres agriculteurs. L’association propose des candidats et anime les entretiens d’embauche. Le can didat retenu par les exploitants est recruté par Terralliance qui assure les tâches administratives. À ce jour, 54 salariés ont été recrutés dans 139 exploitations. Plus de 90% d’entre eux sont en CDI. Informations > 02 96 79 23 30 sdaec.fr > 02 96 79 23 32 terralliance.fr Devant le coût de plus en plus élevé de certains matériels, la Roucaillaise s’est regroupée avec les Cuma de Broons et de Saint-Vran afin de créer une Cuma spécifique à l’activité d’ensilage (une ensileuse coûte 350 000 €). Ces mutualisations sont de plus en plus fréquentes. Partage du matériel agricole à Rouillac L’esprit « cumiste » porteur d’avenir Signe que l’intérêt commun reste bien vivant dans le monde agricole, les Côtes d’Armor comptent 152 Coopératives d’utilisation du matériel agricole (Cuma), totalisant près de 3 400 adhérents. À Rouillac, Philippe Couéllan et Stéphane Nogues, président et trésorier de la Cuma La Roucaillaise, sont convaincus de leur développement futur. C omment votre Cuma est-elle née ? Philippe Couéllan : Créée en 1977 autour de petits matériels, elle a vraiment pris son essor en 1990, quand une dizaine d’adhérents ont décidé de vendre leur matériel individuel pour investir en commun. Ce n’est pas banal car souvent, les agriculteurs attendent d’avoir un matériel en fin de vie pour entrer en Cuma. Aujourd’hui, nous avons deux salariés (1) à plein temps, un apprenti et 11 adhérents d’exploitations laitières et porcines. Une Cuma modeste… Stéphane Nogues : En nombre d’exploitations certes, mais nous réalisons beaucoup de prestations intégrales. Certaines Cuma offrent des prestations spécifiques pour la récolte ou pour des épandages… Étant sur toute la chaîne du travail, notre chiffre d’affaires (2) est important, malgré le faible nombre d’adhérents. Ceux-ci préfèrent se consacrer davantage à leur élevage en déléguant la partie travail du sol. Quel est l’intérêt d’adhérer à une Cuma ? Stéphane Nogues : Nous ne sommes pas là pour concurrencer les entreprises de travaux agricoles et notre objectif n’est pas de gagner de l’argent, mais de boucler les comptes. Dans une Cuma, chaque adhérent prend part à toutes les décisions, dans le choix du matériel, le projet de la coopérative. Sur la majorité des activités, nous sommes très concurrentiels et par rapport à un équipement individuel, c’est une évidence. Il ne s’agit que de partage de matériel ? Stéphane Nogues : Surtout pas ! Nous nous rassemblons une fois par semaine pour établir le planning. Ces réunions nous permettent de nous retrouver, de créer du lien social, c’est le bistrot du coin. Certains disent que la Cuma est un antidépresseur. Par ailleurs, nous disposons d’un matériel plus performant renouvelé plus rapidement et régulièrement. Les Cuma encouragent la réflexion sur les méthodes culturales et sont précurseurs dans de nombreux domaines. L’émulation entre adhérents fait qu’il y en a toujours pour proposer des avancées. Le matériel évolue-t-il rapidement ? Philippe Couéllan : Les évolutions sont constantes. Non seulement du fait des avancées technologiques, mais aussi avec l’évolution des techniques culturales, en lien avec le respect du sol, de l’environnement ; ce qui multiplie le prix de certains équipements par dix… Ces technologies très avancées imposent la présence de véritables techniciens formés au pilotage d’engins que les agriculteurs ne savent pas conduire. Du matériel de plus en plus gros pour des exploitations de plus en plus grandes ? Stéphane Nogues : Il y a tant de règles qui s’entrecroisent et parfois se contredisent. Elles nous contraignent à augmenter nos surfaces pour assurer nos revenus. Par exemple, aujourd’hui, la production porcine est victime du prix des céréales. Il y avait déjà la contrainte de rechercher de la surface pour l’épandage des effluents. Maintenant, il va y en avoir une autre : la nécessité de fabriquer les aliments nousmêmes. La pression sur le foncier n’est pas prête de baisser. Nous sommes plus victimes que décideurs. Quel est l’avenir des Cuma ? Philippe Couéllan : Les Cuma ont un bel avenir dans la mesure où les jeunes sont de moins en moins nombreux à s’installer individuellement, ils intègrent plutôt une société. Par ailleurs, les Cuma ont toujours été à la pointe du développement du matériel ; or le matériel de pointe est impossible à acquérir individuellement. (1) Dans les Côtes d’Armor, 41 Cuma emploient 87 salariés permanents (données 2011 FDCUMA 22). (2) 330 000 € en 2011, pour des prestations allant de 5 000 à 65 000 € par an selon les exploitations (le chiffre d’affaires moyen d’une Cuma est estimé à 84 000 €, FDCUMA 22). |