[22] Côtes d'Armor n°114 novembre 2012
[22] Côtes d'Armor n°114 novembre 2012
  • Prix facial : gratuit

  • Parution : n°114 de novembre 2012

  • Périodicité : mensuel

  • Editeur : Conseil Général de Côtes-d'Armor

  • Format : (230 x 300) mm

  • Nombre de pages : 40

  • Taille du fichier PDF : 3,1 Mo

  • Dans ce numéro : profession agriculteur.

  • Prix de vente (PDF) : gratuit

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14 Dossier Côtes d’Armor M A G A Z I N E Des structures pour recruter Plusieurs structures aident les exploitants dans leurs démarches de recrutement et/ou de remplacement. Depuis 1977, le Service d'aide en élevage et culture (Sdaec) est organisé en groupement d’employeurs à vocation de remplacement. Qu’il s’agisse d’une absence programmée (congés, formation…) ou d’un imprévu (maladie, accident…). Engagé dans une démar - che égalité hommes/femmes, il dispose d’un effectif de 200 salarié-e-s. De son côté, l’association Terralliance, créée en 2005, est un groupement d’employeurs agricoles permettant aux exploitants de recruter un ou plusieurs salariés en temps partagé avec d’autres agriculteurs. L’association propose des candidats et anime les entretiens d’embauche. Le can didat retenu par les exploitants est recruté par Terralliance qui assure les tâches administratives. À ce jour, 54 salariés ont été recrutés dans 139 exploitations. Plus de 90% d’entre eux sont en CDI. Informations > 02 96 79 23 30 sdaec.fr > 02 96 79 23 32 terralliance.fr Devant le coût de plus en plus élevé de certains matériels, la Roucaillaise s’est regroupée avec les Cuma de Broons et de Saint-Vran afin de créer une Cuma spécifique à l’activité d’ensilage (une ensileuse coûte 350 000 €). Ces mutualisations sont de plus en plus fréquentes. Partage du matériel agricole à Rouillac L’esprit « cumiste » porteur d’avenir Signe que l’intérêt commun reste bien vivant dans le monde agricole, les Côtes d’Armor comptent 152 Coopératives d’utilisation du matériel agricole (Cuma), totalisant près de 3 400 adhérents. À Rouillac, Philippe Couéllan et Stéphane Nogues, président et trésorier de la Cuma La Roucaillaise, sont convaincus de leur développement futur. C omment votre Cuma est-elle née ? Philippe Couéllan : Créée en 1977 autour de petits matériels, elle a vraiment pris son essor en 1990, quand une dizaine d’adhérents ont décidé de vendre leur matériel individuel pour investir en commun. Ce n’est pas banal car souvent, les agriculteurs attendent d’avoir un matériel en fin de vie pour entrer en Cuma. Aujourd’hui, nous avons deux salariés (1) à plein temps, un apprenti et 11 adhérents d’exploitations laitières et porcines. Une Cuma modeste… Stéphane Nogues : En nombre d’exploitations certes, mais nous réalisons beaucoup de prestations intégrales. Certaines Cuma offrent des prestations spécifiques pour la récolte ou pour des épandages… Étant sur toute la chaîne du travail, notre chiffre d’affaires (2) est important, malgré le faible nombre d’adhérents. Ceux-ci préfèrent se consacrer davantage à leur élevage en déléguant la partie travail du sol. Quel est l’intérêt d’adhérer à une Cuma ? Stéphane Nogues : Nous ne sommes pas là pour concurrencer les entreprises de travaux agricoles et notre objectif n’est pas de gagner de l’argent, mais de boucler les comptes. Dans une Cuma, chaque adhérent prend part à toutes les décisions, dans le choix du matériel, le projet de la coopérative. Sur la majorité des activités, nous sommes très concurrentiels et par rapport à un équipement individuel, c’est une évidence. Il ne s’agit que de partage de matériel ? Stéphane Nogues : Surtout pas ! Nous nous rassemblons une fois par semaine pour établir le planning. Ces réunions nous permettent de nous retrouver, de créer du lien social, c’est le bistrot du coin. Certains disent que la Cuma est un antidépresseur. Par ailleurs, nous disposons d’un matériel plus performant renouvelé plus rapidement et régulièrement. Les Cuma encouragent la réflexion sur les méthodes culturales et sont précurseurs dans de nombreux domaines. L’émulation entre adhérents fait qu’il y en a toujours pour proposer des avancées. Le matériel évolue-t-il rapidement ? Philippe Couéllan : Les évolutions sont constantes. Non seulement du fait des avancées technologiques, mais aussi avec l’évolution des techniques culturales, en lien avec le respect du sol, de l’environnement ; ce qui multiplie le prix de certains équipements par dix… Ces technologies très avancées imposent la présence de véritables techniciens formés au pilotage d’engins que les agriculteurs ne savent pas conduire. Du matériel de plus en plus gros pour des exploitations de plus en plus grandes ? Stéphane Nogues : Il y a tant de règles qui s’entrecroisent et parfois se contredisent. Elles nous contraignent à augmenter nos surfaces pour assurer nos revenus. Par exemple, aujourd’hui, la production porcine est victime du prix des céréales. Il y avait déjà la contrainte de rechercher de la surface pour l’épandage des effluents. Maintenant, il va y en avoir une autre : la nécessité de fabriquer les aliments nousmêmes. La pression sur le foncier n’est pas prête de baisser. Nous sommes plus victimes que décideurs. Quel est l’avenir des Cuma ? Philippe Couéllan : Les Cuma ont un bel avenir dans la mesure où les jeunes sont de moins en moins nombreux à s’installer individuellement, ils intègrent plutôt une société. Par ailleurs, les Cuma ont toujours été à la pointe du développement du matériel ; or le matériel de pointe est impossible à acquérir individuellement. (1) Dans les Côtes d’Armor, 41 Cuma emploient 87 salariés permanents (données 2011 FDCUMA 22). (2) 330 000 € en 2011, pour des prestations allant de 5 000 à 65 000 € par an selon les exploitations (le chiffre d’affaires moyen d’une Cuma est estimé à 84 000 €, FDCUMA 22).
Dossier > n°114 | novembre 2012 15 Corollaire de l’agrandissement de la taille des exploitations, le salariat agricole progresse régulièrement depuis la fin des années 1990. Dans les Côtes d'Armor, ils sont près de 3 500 salariés permanents à venir en soutien aux 15 400 actifs familiaux. Parmi eux, Claire Lagrais, porchère et heureuse de l’être. Salariée agricole à Meslin Au sein de l’élevage, Claire occupe différents postes à la maternité, à la gestation, et à la nurserie. Les compétences de professionnels C laire Lagrais n’a pas toujours été salariée agricole, loin s’en faut. « Dans une autre vie, j’étais assistante commerciale en informatique, ce qui me plaisait beaucoup. Mais à 46 ans, suite à un licenciement économique, j’ai douloureusement dû admettre qu’on ne voulait plus de moi dans cette profession. J’ai donc décidé de chercher des métiers qui recrutent ». Elle identifie alors deux secteurs dans lesquels il y a plus d’offres que de demandes : l’agriculture et la métallurgie. Elle trouvera sa voie dans le premier. « Cela a été déterminant lorsque j’ai entendu le témoignage d’une femme qui, comme moi, n’était pas issue du milieu agricole, et affirmait qu’elle s’était pleinement épanouie dans le métier de porchère. Car il faut bien reconnaître qu’a priori, ce n’est pas un métier valorisant ». Après une évaluation en milieu du travail (EMT) pour confirmer son projet et une formation de huit mois, Claire est prête. Elle est embauchée dans une porcherie sur le poste maternité qu’elle assure durant trois ans et demi. Depuis janvier 2012, elle a intégré la SCEA (*) de Bel-Orient. « On gagne bien sa vie » « C’est un métier passionnant. Je n’avais pas de préjugés sur ce milieu puisque je ne le connaissais pas du tout. C’est plus difficile par rapport à l’entourage. Quand on sort du tertiaire, que l’on arrive sur ce métier et qu’en plus vous dites que ça vous plaît, les gens sont interloqués ! Heureusement, les médias commencent à valoriser ces professions. On reconnaît que ce sont des métiers techniques avec une vraie professionnalisation. Je suis à la fois infirmière, sage-femme, puéricultrice… Dans mon métier et dans cette filière, on gagne bien sa vie ». Claire fait partie des trois salariés embauchés dans cet élevage de naissage et d’engraissement de 350 truies. Pour ses employeurs, Chantal et Alain Olivier, il n’est pas « Des métiers techniques, avec une vraie formation » toujours aisé de trouver des salariés qualifiés. « Un salarié est d’abord un collaborateur avec lequel nous développons une stratégie et une méthode de travail, souligne Alain Olivier. Nous lui demandons de nombreuses compétences. Femmes ou hommes, ce sont d’abord sur ces compétences que nous embauchons, sachant qu’une femme a un autre regard sur le travail, ce qui est enrichissant ». Des compétences encore suffisamment rares pour permettre à ceux qui les détiennent de « choisir » leur employeur. Avec un bémol cependant, que Claire tient à souligner. « Il y a encore des élevages où l'on ne veut pas de femme, et il faut reconnaître que nous sommes parfois limitées par la force physique, mais on trouve toujours des solutions. Ici, l’organisation du travail en binômes et la stratégie ont été des facteurs importants. Mais ce qui m’a plu également, c’est que l’on privilégie certains aspects importants à mes yeux : une main-d’œuvre suffisante pour les mises bas permettant d’avoir de bons résultats, la limitation du recours aux antibiotiques, le respect des bêtes… C’est de la production industrielle certes, mais cela n’empêche pas d’avoir une éthique et une façon de faire ». Ayant embauché leur premier salarié en 1979, les responsables de l’exploitation ont depuis renouvelé régulièrement leur effectif. « La plupart de nos salariés restent entre trois et quatre ans, le temps d’avoir suffisamment d’expérience pour posséder leur propre élevage, indique Chantal Olivier. Ce n’est pas un frein, au contraire, car ce sont des personnes très impliquées ». Si, à 52 ans, Claire n’envisage pas cette option, elle reste enthousiaste quant à son avenir. « C’est un métier très vivant, dans lequel on apprend constamment. Il y aura toujours de nouvelles méthodes et on peut toujours être plus performant ». (*) SCEA : Société civile d’exploitation agricole. Monique Le Clézio vice-présidente du Conseil général en charge de l’agriculture, du partenariat territorial, de la recherche et de l’innovation « Il est indispensable de donner des perspectives aux agriculteurs » Quelle place tient l’agriculture dans la politique du Conseil général ? C’est un secteur économique essentiel pour nos territoires ; il génère de nombreux emplois dans la production, en amont comme en aval. Nous nous sommes engagés à soutenir la qualité sanitaire, les démarches de qualité ou la réorientation vers une agriculture durable. Au-delà même de la production alimentaire, les agriculteurs contribuent à l’aménagement et à l’entretien de nos espaces. Quels sont vos axes de réflexion pour l’avenir du modèle agricole départemental ? Nous avons orienté nos politiques afin de soutenir des pratiques plus adaptées aux enjeux actuels. Il ne s’agit pas de condamner le passé, mais aujourd’hui, il est nécessaire de limiter le recours aux intrants. Il s’agit de réfléchir à la qualité des produits, bien que cela ne signifie pas que la production de masse ne soit pas de qualité ; à la diversification et à l’évolution des systèmes de production. Par ailleurs, nous ne voulons pas dissocier la question de l’environnement de celle des pratiques agricoles. Il est donc indispensable de donner des perspectives aux agriculteurs. Nous savons qu’ils s’engagent de plus en plus dans ces démarches. Comment le Conseil général intervient-il dans ce domaine ? Encourager la transformation des produits sur notre territoire afin de faire bénéficier les agriculteurs d’une plus forte valeur ajoutée, soutenir la diversification et l’approvisionnement local. Ce dernier point permettra également de restaurer la confiance entre les agriculteurs et les autres acteurs de la société. Mais ces changements de pratique doivent passer également par l’évolution du sens que l’on donne aux agriculteurs, à leur place dans la société qui doit être reconnue.



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