18 Des coulisses du rock au plateau de Millevaches... portrait Enfant, Philippe Auliac voulait devenir conducteur de train. Il a finalement épousé le destin d’un photographe des stars du rock. Il a travaillé dans les capitales du monde entier. Finalement, il s’est installé sur le plateau de Millevaches, entre Tarnac et Saint-Merd-les-Oussines. Loin des stars. Plus près du rock... Du Transcorrézien à l’album « Station to station » de David Bowie, la destinée de Philippe Auliac est restée sur les bons rails... Lorsqu’il venait en vacances dans la demeure familiale de Saint-Bazilede-la-Roche, le jeune Philippe empruntait le train. Voyager au côté du conducteur du tortillard corrézien avait alors donné au petit garçon un projet de vie. Et puis un de ces soirs où la télévision, absente du foyer, manquait moins que jamais aux esprits vagabonds, le rock est entré dans sa vie par la voix de José Artur et de son émission Le Pop Club. Deux chansons ont résonné dans l’âme du jeune homme comme deux assignations à vocation : « Walk on the wild side » de Lou Reed et « Jean Genie » de David Bowie. « Je suis allé à Argentat me procurer des revues où l’on voyait la tête de ces gens-là. Une photo de Bowie, prise de très près, a été déterminante. Je me suis dit : je veux connaître mes idoles, je veux devenir photographe de rock ». Pléïade de monstres sacrés Menant parallèlement des études ferroviaires et des petits boulots de reproduction pour des journaux et des agences de presse, Philippe Auliac ne tarde pas à saisir sa chance. En 1976, il accepte un job mystérieux. « On me demande d’aller à Londres pendant une semaine. Sur le quai de la Gare du Nord, je vois arriver deux petits bonshommes : David Bowie et Iggy Pop ! ». Une fois la Manche traversée, c’est à Philippe Auliac par Corrèze magazine la gare Victoria que le photographe âgé de 18 ans immortalise l’auteur de Ziggy Stardust vêtu d’un treillis et saluant la foule. Premier cliché : coup de maître. Il accompagnera la rock-star pendant plusieurs années, notamment tout au long de son séjour artistiquement plein à Berlin. Bob Dylan, Franck Zappa, les ex-Beatles et une pléïade de monstres sacrés de la scène pop et rock passeront devant son objectif, de gré... ou de force ! « Je suis devenu le paparazzi du rock, raconte-t-il. Je me planquais pendant des heures pour avoir un cliché de Mick Jagger avec Jerry Hall ». C’est en guettant le chanteur des Rolling Stones qu’il a réalisé l’une des dernières photographies de Marlène Dietrich, après de rocambo- lesques aventures en nacelle EDF. Se tournant vers le documentaire, publiant des livres et des articles, Philippe Auliac s’oriente également vers « quelque chose de plus alimentaire », les images scientifiques. « Tarnac, un village intelligent » De nouvelles rencontres ont jalonné son parcours : Martin Scorsese pioche dans ses archives pour son film sur George Harrison. Steven Spielberg fait appel à ses talents de documentariste. « J’ai enregistré près d’un millier de témoignages des rescapés des camps pour sa Fondation », indique-t-il. De son nouveau point de chute, Philippe Auliac dresse un portrait digne d’une agence immobilière : « Tarnac est un village intelligent, très authentique. Rien à voir avec les clichés d’une ruralité dévastée. Avec les moyens de communication actuels, il n’y a plus besoin d’être à Paris pour produire. Les capitales ne fonctionnent plus, c’est devenu improductif, le maillage doit se refaire. Les citadins doivent revenir à la campagne et y amener certains savoir-faire ». L’un de ses buts est de produire pour la région. « Toute personne qui s’installe doit mettre ses compétences au service du territoire. On commence à avoir des idées par ici... ». David Bowie par Philippe Auliac |