20 le magazine du Cher culture i l’accès à la culture i Un lien essentiel pour les publics fragilisés Difficile d’aller au spectacle ou à la bibliothèque quand on est en difficulté, en perte d’autonomie ou handicapé. Face à ce constat, structures sociales et culturelles ont multiplié les partenariats et les initiatives. Il y a cinq ans, l’idée a germé au Conseil général de financer des places à la Maison de la culture de Bourges (MCB) pour ces publics dits sensibles. « À l’époque, on montait les personnes à mobilité réduite par le monte-charge des décors, se souvient amusé Alain Aufrère, à la direction de la culture au Conseil général. Aujourd’hui, les projets sont structurés, les acteurs sociaux et culturels travaillent ensemble sur tout le département et proposent, toute l’année, plus qu’un simple accès au spectacle : chantiers d’expression artistique à la Carrosserie Mesnier, spectacles au Mac Nab avec l’association Argos, théâtre visuel avec l’association des sourds du Cher et la compagnie d’Emmanuelle Laborit à Noirlac pour les Futurs de l’Écrit… Nous avons gommé le problème des tarifs avec des subventions, des distances en organisant les trajets, équilibré le rural et l’urbain, grâce, entre autres, aux spectacles itinérants. » « Toucher les personnes handicapées ou âgées est assez simple car elles sont souvent dans des structures, explique Caroline Daguin, chargée des relations avec le public à la MCB. Nous leur présentons la programmation et nous choisissons avec les animateurs en tenant compte de la durée, du niveau de compréhension, du son. Je vais les voir et je leur montre des extraits. Mais, il est plus difficile d’aller vers les publics en insertion. Tout passe par les travailleurs sociaux avec qui nous collaborons de la même manière. » « Au départ, il n’était pas évident de faire reconnaître la culture comme un outil de développement et de demander aux travailleurs sociaux d’ajouter l’organisation de sorties à leur charge de travail, de passer prendre les gens parfois chez eux, explique Sylvie Peisakovitch, à la direction de l’insertion et de l’action sociale. Pourtant, aujourd’hui personne ne reviendrait en arrière. Cela a cassé l’image négative que certaines personnes en difficulté avaient encore des services sociaux. » Une nouvelle énergie partagée Effectivement, au Centre médico-social d’Aubigny-sur-Nère, on cherche, en vain, des aspects négatifs : « La culture sert de point d’appui pour redynamiser ceux qui en ont besoin et maintenir un lien social. Certains n’avaient jamais été au théâtre, n’osaient plus prendre du temps pour lire. Quand on les emmène au spectacle, à la bibliothèque ou en visite, nous n’avons plus les mêmes relations. Nous construisons avec eux des souvenirs positifs. » À la Maison de retraite des Fiorettis, de jeunes spectatrices de 75 à 93 ans ne tarissent pas d’éloges sur Sindbad le marin, vu la veille, et sur le bonheur de sortir. Et les voilà remontant le temps, quand la doyenne était ouvreuse au Rex à Bourges, quand Jean Marais participait à la libération de Bourges avec les FFI… « La culture est un moyen extraordinaire de travailler leur mémoire, de lier le présent et le passé », conclut Benoît Messmer, animateur socio-éducatif. S.G.A. |