18 le magazine du Cher portraits LE MAGAZINE DU CHER José Florez, en mémoire des réfugiés espagnols José Florez avait à peine dix ans quand débuta la Guerre d’Espagne, en 1936 mais, plus de 70 ans après, les événements restent gravés dans sa mémoire. « Nous habitions à Oviedo. Les tirs des deux factions passaient au-dessus de nos têtes », se souvient-il. Tandis que son père, cheminot, s’est engagé au côté des Républicains, le jeune garçon, avec sa mère et ses cinq frères et sœurs, tente d’échapper aux combats. Après moult péripéties - embarquée sur un bateau anglais qui l’amène à Bordeaux, puis reconduite à Barcelone - la famille demande asile à la France. Fin janvier 1939, un train la conduit à Bourges et le 3 février, elle est à Noirlac où des centaines de réfugiés espagnols sont retenues sous surveillance. José et sa famille sont ensuite transférés sur le site de Châteaufer, à Bruère-Allichamps, avant d’être finalement libérés début 1940. La famille Florez s’installe alors à Bourges où José fera toute sa carrière à l’usine métallurgique Mazières. Les années ont passé sans effacer le souvenir indélébile des moments difficiles passés à Noirlac et Châteaufer. « Nous, les jeunes, nous arrivions à passer à travers un tas de choses sans s’en apercevoir, mais il faut rendre hommage à nos mères qui devaient chacune s’occuper de plusieurs enfants, sans eau, sans vêtements. À Châteaufer, la neige nous tombait sur la tête à travers les tuiles, nous « Les tirs des deux factions passaient au-dessus de nos têtes. » devions nous serrer les uns contre les autres. Il fallait faire quelque chose pour ne pas oublier ce que nous avons vécu. » C’est à la suite de retrouvailles chargées d’émotion avec une trentaine d’anciens réfugiés espagnols, à Noirlac en 2010, que José Florez a engagé des recherches pour retrouver les noms de tous ceux qui y ont été retenus et ce qu‘ils sont devenus. Il se plonge alors dans les Archives départementales, à Bourges. Un travail de longue haleine qui aboutira le 17 novembre prochain à l’inauguration, à Noirlac, d’une plaque commémorative en hommage aux réfugiés espagnols qui y ont séjourné. Du 10 au 18 novembre, l’abbaye accueillera également une exposition de tableaux retraçant cet épisode et, le 16 novembre, une rencontre est programmée aux Archives départementales. Autant de moments que José Florez vivra avec beaucoup d’émotion, mais aussi avec la satisfaction d’avoir contribué au souvenir de cette page d’histoire pour les générations futures. |