18 le maga zine du Cher portraits Le magazine du cher Maeva Magnani L’apprentissage : essais transformés Future « éducatrice spécialisée », elle est en apprentissage au Centre départemental de l’enfance et de la famille, une structure du Conseil général. Maeva Magnani a passé l’un des concours les plus difficiles à obtenir, celui d’éducatrice spécialisée. Elle a d’ailleurs échoué deux fois avant de l’obtenir. Pas du genre à se décourager, elle l’a décroché à la 3 e tentative et elle sait pourquoi. « La première fois, j’avais 17 ans et la seconde fois je n’avais pas encore assez d’expérience, confie la jeune fille. Comme on est plongé sur le terrain dès les premiers mois de formation, il est nécessaire d’avoir un minimum de maturité. L’envie de bien faire ne suffit pas. » Bac ES en poche et avant même d’avoir le résultat du concours « d’éduc spé », Maeva avait envoyé son CV au Centre départemental de l’enfance et de la famille de Bourges, près de chez elle. Elle y a été prise en apprentissage. Son école, en revanche, se trouve à Olivet, dans le Loiret, à 1 h 30 de route. Un trajet qu’elle fait chaque jour, aller-retour, en covoiturage avec deux autres élèves, pour économiser loyers sur place ou billets de train. La formation dure 3 ans, répartis entre l’école, des stages de 12 semaines et des périodes chez son employeur, rémunérées 80% du Smic. Son premier stage s’est déroulé dans un institut thérapeutique éducatif et pédagogique. Public accueilli : des 12-18 ans présentant des troubles du comportement et des « troubles envahissants du développement » (autistes, psychotiques…). On comprend mieux pourquoi la jeune fille de 17 ans avait été recalée… Au Centre départemental de l’enfance et de la famille, elle travaille auprès d’ados placés par la justice ou la protection de l’enfance. « Dans ce travail, il faut savoir comment réagir, être calme et pro. » À 20 ans, c’est possible ? « J’ai joué au rugby en équipe mixte jusqu’à 15 ans. Ça forge le caractère ! » Reprenant l’héritage de grands-parents très impliqués dans l’US Berry*, elle a participé à la renaissance de l’US Berrichonne. Une affaire de famille, une expérience de vie aussi. « Dans l’équipe, nous avions des jeunes en difficulté, à qui nous avons fait partager les valeurs de combativité, de respect et de convivialité de ce sport. » L’orientation de Maeva vers le métier de travailleur social a sans doute été nourrie par cette volonté de transmettre, mais elle vient surtout d’un accident : « Une fracture des cervicales m’a mise en fauteuil roulant pendant trois mois. Le regard des gens posé sur moi et les difficultés pour accéder au moindre magasin m’ont fait mûrir. J’ai décidé de faire un travail qui apporterait une aide à ceux qui ne sont pas dans la norme, à ceux qui souffrent. » Disponible, posée, dotée d’une autorité naturelle et d’une grande capacité d’écoute, Maeva a fait de son âge un atout supplémentaire. « Les jeunes savent qu’ils peuvent se confier à moi, que je suis proche de leurs préoccupations. » Ce qui ne l’empêche pas de recourir régulièrement à l’expérience de son maître d’apprentissage, présent dans son unité. Sur le terrain social aussi, Maeva sait que les victoires se construisent en équipe. François Toulat-Brisson * René et Olga Dussauze. |