[18] Cher magazine n°31 jui/aoû 2011
[18] Cher magazine n°31 jui/aoû 2011
  • Prix facial : gratuit

  • Parution : n°31 de jui/aoû 2011

  • Périodicité : bimestriel

  • Editeur : Conseil Général du Cher

  • Format : (215 x 270) mm

  • Nombre de pages : 24

  • Taille du fichier PDF : 2,8 Mo

  • Dans ce numéro : pas de congés pour les travaux.

  • Prix de vente (PDF) : gratuit

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18 le maga zine du Cher portraits Le magazine du cher Georges Buisson, le passeur de culture L’ancien administrateur du Palais Jacques-Cœur et de la Maison de George Sand à Nohant s’implique dans de nouveaux projets. Quarante années à tisser des liens enrichissants entre l’art sous toutes ses formes, les publics et des lieux emblématiques, cela forge une solide éthique culturelle. « Ma quête a toujours été d’œuvrer sur les relations entre les activités artistiques et les gens », confie Georges Buisson qui a dirigé jusqu’à peu le Palais Jacques-Cœur et le domaine de Nohant. Elles ont évolué au fil du temps, des lieux et des responsabilités, mais ses missions professionnelles ont toujours suivi le même fil d’Ariane. Celui tiré par l’aventure de la décentralisation théâtrale née des lendemains de la Résistance et des mouvements d’éducation populaire. « Je suis de cette histoire-là qui inscrivait fondamentalement le théâtre dans son rapport à la cité et entraînait le public et le théâtre dans l’idée fondamentale de partage entre l’un et l’autre. » L’engagement de Georges Buisson prend racine au tout début des années 1970 par des premières rencontres théâtrales dans le département du Rhône d’où il est natif puis au Centre d’action culturelle de Chelles (Seine-et-Marne). Une formation de cadre culturel le conduit à la Maison de la culture du Havre. Puis, en 1973, il entre au tout nouveau Centre culturel de Bobigny. Deux ans plus tard, on lui confie les rênes de l’établissement culturel du Val d’Yerres dans l’Essonne. En 1986, il dirige la Coupole à Sénart Ville nouvelle. Autant de responsabilités riches et diversifiées dans des lieux emblématiques de la culture nationale qui l’ont profondément passionné. Avec un mandat, celui de faire du patrimoine un lieu d’activités artistiques, Georges Buisson est nommé en 2001 administrateur du Palais Jacques-Cœur à Bourges et de la Maison de George Sand à Nohant. L’aventure est nouvelle, mais l’éthique demeure. « L’important, pour moi, n’est pas de programmer mais d’ouvrir des dialogues entre l’artiste et ces lieux de mémoire. » À travers des parcours artistiques, il provoque des rencontres à trois. Entre l’artiste, le public et un patrimoine chargé de mémoire et d’histoire. Par exemple à Nohant où vécut George Sand, femme d’exception et républicaine engagée, en invitant régulièrement d’autres femmes engagées à converser sur leurs visions du monde. À partir de cette dense expérience des rapports entre l’artiste et la cité, Georges Buisson « Les artistes doivent s’occuper de ce qui ne les regarde pas. » juge préjudiciable pour les uns et les autres l’absence aujourd’hui de dialogue entre les artistes et les acteurs politiques. « Pour concevoir une autre vision du monde, les politiques ont tout à gagner des artistes qui interpellent. » Quant aux artistes, ils doivent « s’occuper de ce qui ne les regarde pas », et faire comprendre l’utilité de l’argent public pour la culture. Aujourd’hui, le jeune retraité reste pleinement impliqué dans le Centre culturel de rencontre de Noirlac. Un projet lui tient aussi à cœur : la création d’une Maison européenne de la poésie au prieuré de Magny dans l’Indre. « Un lieu à l’atmosphère d’une maison pour interroger la poésie sous toutes ses formes. » Alain Raynal
Robert Chambeiron et Bastien Germain Devoirs de mémoire et leçons de l’Histoire L’un soufflera ses 15 bougies mi-août. L’autre a compté ses 96 printemps en mai dernier. Le premier, Bastien Germain, vient de finir son année de 3 e, au collège George Sand d’Avord. Il est le lauréat départemental du Concours national de la Résistance et de la Déportation, catégorie « collégiens, en devoir individuel ». Le second, Robert Chambeiron, est le dernier représentant vivant ayant participé au Conseil national de la Résistance dès la création de cette instance par le général de Gaulle et Jean Moulin, en 1943. De la grande tige aux cheveux longs, sourire timide et verbe posé, et du petit monsieur moustachu, yeux pétillants et pouvoir de conviction intact, aucun ne connaît l’autre. Pourtant, le travail du jeune garçon de 2011 a fait revivre l’action du jeune homme qu’était Robert Chambeiron lors de la débâcle de 1940. Sa copie a rappelé les risques encourus par ceux qui avaient dit non à l’Occupation et à la « Connaître le passé pour mieux comprendre notre époque. » collaboration. Son devoir, tout comme celui des 256 autres candidats du Cher, a contribué à entretenir « une flamme qui ne doit pas s’éteindre ». Illustration littérale de l’expression « devoir de mémoire », l’épreuve n’était pas simple à aborder : « La répression de la Résistance en France par les autorités d’Occupation et le régime de Vichy. » Notamment en raison de la forte charge émotionnelle des témoignages ou des documents. L’Armée du crime, le beau film de Guédiguian, a d’ailleurs beaucoup impressionné Bastien. Notamment les scènes où les jeunes patriotes FTP-MOI sont torturés. « On ne doit pas oublier ce que des gens ont consenti pour que notre pays recouvre sa liberté. J’admire cet engagement. Pourtant, dans cette situation, je ne suis pas sûr que j’aurais osé me révolter et résister », admet Bastien. Sage et réfléchi, amateur de problèmes mathématiques et adepte de l’endurance en athlétisme, Bastien imaginerait-il les résistants en jeunes chiens fous ? Robert Chambeiron a participé à l a création du Conseil national de l a résistance en 1943. portraits le maga zine du Cher 19 Bastien Germain, lauréat départemental du concours national de la Résistance et de la Déportation. « S’il y en eut, ce n’était pas un gage de longévité », assure Robert Chambeiron. Lui-même, à l’heure des choix décisifs, n’a rien d’un boutefeu. « Je viens d’une vieille famille républicaine de gauche. Mes deux grands-pères avaient été mis en prison parce qu’ils avaient manifesté en faveur de la loi de séparation de l’Église et de l’État en 1905 devant une église à Dinan. Mais au début, dans les mouvements de Résistance, si on savait qu’on allait faire quelque chose, on ne savait pas quoi. » En 1940, démobilisé, il avait rejoint à Paris ses anciens collègues du ministère de l’Air du Front populaire. Parmi eux, Jean Moulin. L’unification patiente et méthodique des réseaux de Résistance a besoin d’hommes de convictions doués du sens de l’organisation. Échappant parfois de peu aux griffes de la Gestapo, Robert Chambeiron ne tira jamais sur l’occupant mais fut de ceux qui permettront de relever la République, habité par le vœu d’une société plus juste. Pour Bastien, « savoir ce qui s’est passé nous aide à mieux comprendre notre époque ». Il accueillera volontiers en écho à ses propos ceux de Lucie Aubrac, estimant que « le verbe résister doit toujours se conjuguer au présent ». François Toulat-Brisson cher magazine | n ° 3 1 | juillet - août 2011



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