18 le maga zine du Cher portraits Le magazine du cher i Collectif associatif de Saint-Amand i La Casa nostra « Est-ce que je peux venir lire chez vous ? À la maison, je ne peux pas faire mes devoirs. » Il y a 13 ans, cette phrase d’une collégienne à sa prof de français a donné naissance au Casa, en octobre 1997. « Casa », comme « maison », mais aussi comme « Collectif associatif de Saint-Amand ». L’association dispense du soutien scolaire à 116 enfants et 98 adultes, des cours de français aux étrangers et assure du suivi scolaire aux enfants du voyage. Une phrase qui a constitué un déclic et un moteur pour les fondatrices de l’association, Lise Vannier et Françoise Roux. Toutes deux ont alors pris conscience des difficultés d’élèves habitant le quartier populaire du Vernet, à Saint-Amand. Chez nombre d’entre eux, pas de livres, pas de dico, ni place ni tranquillité pour étudier. Françoise Roux préside le Casa depuis sa création. « Il fallait bien quelqu’un pour signer la paperasse », s’excuse-t-elle. Chez cette septuagénaire dynamique et volubile, la modestie n’est pas un verni. « N’allez pas me tresser d’auréole, insistet-elle. Je n’ai rien fait « J’ai eu la chance d’être très soutenue, par ma famille et mes collègues enseignants. » seule et, de toutes façons, je ne pourrais pas vivre autrement. » À mi-chemin de sa vie, Françoise Roux a été bousculée par des drames personnels. La perte d’un mari adoré, puis de l’une de ses filles, lors d’un accident de montagne, dans les Andes. « J’étais KO debout. J’ai eu la chance d’être très soutenue, par ma famille et mes collègues enseignants. Ils m’ont aidé à puiser en moimême la force de continuer à avancer. Je voulais me rendre utile, mais à part enseigner, je ne savais pas faire grand-chose. J’avais des choses à donner, mais je n’étais riche qu’en temps. Alors, avec Lise Vannier… » Françoise Roux ne parle jamais longtemps d’elle-même. Dans ses propos, les autres, Mme Vannier et « l’équipe », reviennent toujours, recours naturel au collectif. Rapidement, l’aide du Casa s’est étendu aux adultes. Les assistantes sociales, le Pôle emploi, la Mission locale et les plans sociaux grossissent les demandes de remise à niveau, de préparation aux examens ou aux concours de la fonction publique. Très épaulé par Emmaüs, et « bénéficiant » d’un local trop exigu dans un immeuble du Vernet, le Casa est vite dépassée par son succès. Comme dans beaucoup d’associations, la recherche de sous grignote beaucoup d’énergie. Françoise Roux n’en manque pas. Son engagement et sa conception du partage viennent sans doute de son éducation : écoute et respect des autres, qualités renforcées au Casa. « J’ai plus appris sur la vie en 13 ans au Casa qu’en 36 ans de carrière. Les gens d’ici, que leurs ancêtres soient enterrés sous nos chênes, des cèdres ou des baobabs, c’est la vraie richesse de notre petit coin de Berry ! » François Toulat |