DOSSIER ambitieux puisqu’il portait sur 30 000 lignes téléphoniques (la Charente en compte 170 000 au total), dont 5 700 lignes qui n’avaient jamais eu accès à Internet jusqu’à présent. La technologie retenue était celles du Wifi et du Wimax, deux techniques semblables de réseau informatique sans fil, qui transmettent des ondes émises par des antennes hertziennes. Le programme s'est achevé en 2012 avec près de 400 stations installées sur des points hauts du territoire (églises, bâtiments publics, pylônes, châteaux d’eau…), afin de s’adapter au mieux aux contraintes topographiques du département. Aujourd’hui, le réseau – construit par la société Alsatis – couvre la totalité des habitations non éligibles à l’ADSL (zones blanches) et la très grande majorité (90%) des habitations ne bénéficiant pas de plus de 2 Mbps en ADSL (zones grises). En complément de cette infrastructure, les nouvelles offres du satellite Ka-Sat permettent aux foyers situés dans les zones particulièrement enclavées de souscrire également un abonnement Internet haut débit. Le programme mis en œuvre par le Département concernait 340 communes sur les 404 que compte la Charente. Une infrastructure radio dense a permis d’obtenir des débits deux fois supérieurs à l’objectif initial, soit 4 Mbps. Et ce, pour un coût d’abonnement proche des tarifs pratiqués en milieu urbain et périurbain. Le Département a par ailleurs pris en charge les frais d’accès au réseau (antenne et installation) pour qu’ils ne soient pas facturés aux nouveaux abonnés. « La construction de ce réseau était un véritable challenge, raconte Jeanne Filloux. Le programme concernait 340 communes, situées dans des zones très hétérogènes présentant des données topographiques variées, d’où la complexité rencontrée dans la construction du réseau. Aujourd’hui, le pari est gagné car la Charente comprend le nombre d’abonnés le plus important de la région Poitou-Charentes. Alors que les secteurs urbains bénéficient sans aucune contrepartie des meilleurs services à des prix très concurrentiels grâce à » l'implication » des opérateurs privés, seule une intervention publique incitative pouvait permettre d’éviter une fracture numérique. Sans cette initiative publique, rien n’aurait été possible. » Avec ce plan de résorption des zones d’ombre Internet, la solidarité départementale a permis à de nombreux foyers et entreprises d’accélérer leurs connexions à Internet et à d’autres d’avoir - enfin - le droit d’entrer dans l’ère de l’Internet haut débit. Témoignage K3 PRODUCTION, UNE ENTREPRISE à LA CAMPAgNE « Qu’est-ce qu’on a pu ramer… et pester ! » s’amuse Christian Deketelaere, 60 ans, réalisateur et fondateur de K3 Production, originaire du « 9-3 », débarqué à Mouzon, Charente limousine, par pur hasard il y a trente-trois ans avec une bande de copains et le vague projet de faire de la musique. « On devait faire à chaque fois dix bornes pour aller chez un pote télécharger ou envoyer un film, copier des DVD, des CD… Quelle galère ! » La petite société, tournée d’abord vers la mise en lumière de spectacles, s’est spécialisée depuis dans le film d’entreprise ou institutionnel d’une part, d’autre part dans le multimédia. Avec pour clients fidèles Leroy-Somer, la DCNS, des mutuelles ou la FNAC. « On est bien ici. La seule chose qui a failli nous faire partir, c’est l’absence de connexion Internet fiable. On ne pouvait plus travailler dans de bonnes conditions et cela devenait un problème pour nos clients. » Mais l’installation par Alsatis d’une liaison Wifi, assortie d’un abonnement professionnel de 4 Mbit/s en débit montant et descendant, a changé la donne. « C’est sûr, ce n’est pas du très haut débit. On met 10 minutes pour envoyer une vidéo, quand on mettrait 1,5 minute avec le THD. Mais ça nous suffit... » Grâce au plan « Haut débit pour tous », K3 Production a pu rester à Mouzon. Et Christian Deketelaere continuer à s’asseoir en haut de son champ, chaque soir, regarder le soleil s’éteindre sur les collines environnantes. Heureux. TONUS CHARENTE 17