Photo : C. Rombi Né au Caire, scolarisé chez les frères dominicains, ayant vécu en Israël, passé par Cambridge, Montréal et Oslo, parlant arabe, hébreu et anglais, Yehezkel Ben Ari est un chercheur français peu commun. 4 ACCENTS n°217 Interview RecherCHE ET THérAPEuTIQue LES NEurONES ONT uNE HISTOIre Neurobiologiste de renommée internationale, Yehezkel Ben Ari a réuSSi en 2004 à délocaliser son laboratoire parisien de l’Insermet sa quarantaine de CHerCHeurs à Luminy pour y créer l’Institut de neurobiologie de la Méditerranée (inmed). Lequel est devenu un centre de reCHerCHes et de formation reconnu où SCience rime avec conSCience. Accents : Vous êtes le père de l’INMED, une structure de recherche très originale. Quels en sont les fondements ? Yehezkel Ben-Ari : J’ai voulu répondre à une question : qu’est-ce que la science peut aujourd’hui apporter à la société ? Et j’ai voulu rompre avec le modèle actuel d’une recherche de plus en plus tournée vers la technologie et de moins en moins vers les nouveaux concepts. Les chercheurs n’ont plus le temps de réfléchir, étant accablés par toute une paperasserie inutile, une tyrannie de l’évaluation qui cantonne chacun dans sa petite boutique. A. : Et comment répondre à votre question ? Y. B-A. : J’ai réuni dans un bâtiment réalisé par un architecte de renommée mondiale toute une communauté d’intérêts autour d’un sujet, le développement du cerveau, et d’un objectif, comprendre. Dans le même couloir, quinze techniques différentes cohabitent dans l’échange permanent. J’ai également abattu la barrière qui sépare la recherche fondamentale de la recherche appliquée. Ici un étage entier est consacré au développement de nouveaux traitements. L’INMED offre également une grande place à l’art, tableaux et sculptures, parce que l’art enrichit le cerveau. Enfin, grâce à Constance Hammond, l’INMED inclut une entité unique au monde d’éducation à la science baptisée « Tous chercheurs ». A. : En quoi est-elle unique ? Y. B-A. : Chaque année, 3 000 lycéens - hier, ils arrivaient des quartiers Nord - viennent « apprendre en faisant ». Pendant trois jours, ils réalisent eux-mêmes des expériences et apprennent avec passion à construire des raisonnements. Même les lycées prestigieux comme Henri IV à Paris n’ont pas ça ! Nous recevons aussi une trentaine d’associations de malades qui viennent faire des expériences pour mieux comprendre leur maladie. Pour ces personnes, c’est énorme ! A. : Pourquoi avoir choisi Marseille ? Y. B-A. : Le Sud m’a semblé personnellement évident pour porter ce projet nouveau. Marseille est une ville qui a un potentiel important, pour les sciences et les neurosciences, malgré une grande dispersion. Ensuite, Luminy était évident pour des questions d’environnement. Nous avons tout ce que nous voulons ici. On a pu recruter du monde et essaimer. Sur la carte |