Femmes du 13 Annie Mignon Solidaire au quotidien “ J e suis une volante, je vais de Maison de la solidarité en Maison de la solidarité, amenée à remplacer les personnes en congés maternité et parfois maladie, et cela depuis 1994.” Ce choix, Annie Mignon, 60 ans, agent de gestion administrative au Conseil général, affectée à l’accueil des MDS, l’a fait pour “combattre la routine” et toujours pour parfaire ses connaissances en matière d’aide sociale. Car de mission en mission, son travail n’est jamais tout à fait le même : PMI, enfance-famille, cohésion sociale… “L’accueil, c’est un poste charnière, qui articule usagers et service. La porte d’entrée de tous les publics, la première ligne, on doit faire un gros travail d’information et d’orientation” explique t-elle. Actuellement en poste à la MDS de Romain Rolland, dans le 10 e arrondissement de Marseille, Annie a ainsi traversé une bonne partie du département : de Châteaurenard à Aubagne, de Port-Saint-Louis à Miramas, de La Ciotat à Marseille… et a vu au fil des années, son poste évoluer vers plus de responsabilités, de connaissances, mais aussi a du faire face à un public de plus en plus nombreux et de plus en plus précaire. Agent du quotidien, anonyme et discrète mais si utile en ces périodes de crise, Annie assume une mission parfois difficile avec efficacité et humanité. “Savoir écouter, décrypter la demande, informer sur les droits, vérifier les documents, définir l’urgence, donner rendez-vous… l’accueil c’est décisif pour le reste de la prise en charge” assure t-elle avant d’ajouter : “J’ai été peu confrontée à la violence, mais il est vrai que les gens sont très tendus et parfois déstabilisants. Quand c’est le cas, je sens monter la pression et j’essaie d’adapter mon comportement pour éviter le conflit. Rester humaine mais professionnelle.” I. L. Renée Dray-Bensousan Historienne des femmes Photo : C. Rombi Photo : J. P. Herbecq Photo : C. Rombi “ J e suis une de ces femmes qui ont besoin d’élever d’abord leurs enfants pour avoir les coudées franches”. C’est donc une fois Emmanuelle et Joël Dan grands que Renée Dray-Bensousan a donné la pleine mesure de ses talents de chercheur en histoire. “Au fond, je suis une mamie thésarde” sourit l’enseignante, qui a dirigé en 2012 la rédaction d’un opus majeur, “Le dictionnaire des Marseillaises”, aux éditions Gaussen. “Les femmes ici, sont pugnaces, avec une volonté de s’en sortir, à toutes les époques, et encore de nos jours”. Impliquée au Forum des Femmes Méditerranéennes, elle se souvient de cette “poétesse, hier arrivée illettrée du Maghreb, qui a remis en cause son éducation pour réussir sa vie”. L’historienne à la bibliographie impressionnante a d’abord été “une petite fille heureuse”, élevée à Oujda au Maroc. La famille juive préfère partir à l’indépendance, en 1956, pour Marseille. “J’ai été tellement bien accueillie par les filles au lycée Périer !” se souvient-elle. C’est d’ailleurs la marque de fabrique de Marseille, sa ville, cet accueil, selon elle. Parfois, il a fait défaut, mais “il s’est aussi trouvé beaucoup de gens ici pour aider les uns et les autres”, répartit-elle tout de suite. L’historienne des femmes est aussi la secrétaire générale du CRIJF (Conseil représentatif des institutions juives de France) à Marseille et la vice-présidente du FSJU (Fonds social juif unifié) depuis des années. Une activité militante débordante lui laisse pourtant le temps de préparer aux éditions du Cerf un ouvrage sur “Églises, Religions, Shoah” et un autre sur “Les Marseillais dans la Seconde Guerre Mondiale.” M. N. ACCENTS n°216 :: Racines 37