[13] Accents n°216 avril 2013
[13] Accents n°216 avril 2013
  • Prix facial : gratuit

  • Parution : n°216 de avril 2013

  • Périodicité : bimestriel

  • Editeur : Conseil Général des Bouches-du-Rhône

  • Format : (210 x 280) mm

  • Nombre de pages : 44

  • Taille du fichier PDF : 6,9 Mo

  • Dans ce numéro : environnement, l'atout Bouches-du-Rhône.

  • Prix de vente (PDF) : gratuit

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“Nous allons vers un nouveau modèle d’économie et de société” Photo : J. Manchion Philippe Langevin, économiste émérite, vient de prendre la tête du Conseil départemental de concertation, organe consultatif rattaché au Conseil général et constitué de représentants de la société civile. Pour ce fin connaisseur des rouages mondiaux et locaux de l’économie, tout change en même temps, ici comme ailleurs : l’économie, le social et le rapport à l’environnement. philippe langevin enseigne l’économie à l’université aix-marseille. il a écrit ou co-dirigé plusieurs ouvrages de référence dont “l’économie en paca” (éditions de l’Aube, 2002) et “marseille, une métropole entre Europe et méditerranée” (documentation française, 2007). Accents : Pour vous, la crise n’en est pas une. Il s’agit plutôt d’une mutation. Philippe Langevin : Nous sommes à un moment charnière. Les crises successives, de natures différentes, qui se succèdent depuis le 11 septembre 2001, et un certain basculement vers une économie guerrière n’étaient en fait selon moi que des avertissements. Face à la crise dite des subprimes de 2007, on a certes pris acte de l’existence des pays émergents en créant le G20. Mais l’on a cru qu’en prenant quelques mesures, en intervenant et en s’endettant, on allait retrouver l’équilibre antérieur. Après le coup de massue, on allait se relever. Or ce n’est pas du tout ça qui s’est passé. A. : Que voit-on émerger à la place ? P. L. : Certains ont cru comparer les ruptures actuelles avec celles de la Renaissance. Mais le temps s’est incroyablement accéléré et la question des inégalités se pose bien différemment. Et c’est à la fois un nouveau modèle économique et une société plurielle qui apparaissent. Partout dans le monde se recombinent les apports de l’économie de marché et des modèles de redistribution tandis qu’émergent à la fois une économie verte et une économie sociale et solidaire. Jusqu’en Inde où, par exemple, le microcrédit joue un rôle très important. Ici, c’est un secteur privé d’intérêt général qui émerge, avec des associations qui savent à la fois être utiles et gestionnaires. C’est en combinant tout cela que l’on pourra faire face aux crises combinées des inégalités de richesse - qui vont de 1 à 15 entre arrondissements marseillais, ce qui génère un véritable éclatement de la ville. A. : À Marseille, les écarts continuent à se creuser ? P. L. : Déjà capitale des inégalités, Marseille a en plus subi durement les crises de ces dernières années. Les populations les plus pauvres, cantonnées dans des quartiers trop enclavés, ont été lourdement affectées tandis que les couches plus aisées n’ont pas été vraiment pénalisées. A. : Comment les Bouches-du-Rhône doivent-elles se positionner face à cette nouvelle donne ? P. L. : Nous devons rester dans le secteur de l’économie productive, avec de l’industrie et, dans les zones concernées, de l’agriculture. Nous limiter à de l’économie résidentielle - qui s’occupe des besoins de ceux qui résident ici -, 4 ACCENTS n°216 :: Interview
© diego cervo - Fotolia.com pendant que la richesse produite est ailleurs serait suicidaire. Même si les échanges, les transports, le tourisme et les services sont également évidemment très importants. Le secteur des services à la personne, lié à la banalisation du travail des femmes, au vieillissement et à notre attachement à un certain confort de vie, est mal organisé, avec des emplois précaires. Il y a là matière à injecter de la nouvelle économie sociale et solidaire. A. : Quelle place dans l’économie pour les sujets environnementaux ? P. L. : Un territoire attractif l’est aussi par la qualité de son environnement et cela participe de la redéfinition de ce qu’est la richesse. Nous en prenons conscience peu à peu mais il y a vingt ans la question de la biodiversité ne se posait même pas ! Il y a à présent de gros enjeux autour de ces questions et les acteurs économiques doivent devenir également des agents du développement d’un territoire. Des progrès sont là : avec le Parc des Calanques, les parcs et domaines nombreux sur tout le territoire, avec la phase II d’Euroméditerranée qui prend nettement plus en compte les questions environnementales. A. : Vous avez écrit il y a quelques années que face à tous ces enjeux, en Provence, nous n’étions “pas bons”. Pourquoi ? P. L. : Si l’on compare les résultats des 12 grandes aires urbaines de France, Aix-Marseille fait souvent office de dernier de la classe, qu’il s’agisse du taux d’emploi, du taux de jeunes à l’université, du nombre de brevets déposés… Il y a à cela plusieurs facteurs. Ici, on ne parvient pas à se parler. Il y a toujours de grandes difficultés, qu’il s’agisse de débattre de l’avenir métropolitain ou de rapprocher les universités. Nous avons aussi un faible niveau de qualification, si bien que nos chômeurs ont du mal à répondre aux offres d’emploi, souvent trop qualifiées. Nous avons enfin trop de jeunes qui errent sans diplômes ni activités. Il faut donc repenser fortement le travail de formation et organiser une offre d’insertion et d’emploi. Pour ramener ceux qui ne sont pas à ce stade employables, pour des raisons sociales ou de qualification ou de territoire, vers l’emploi et le travail. A. : Les sujets de réflexion ne manquent donc pas. Comment justement comptez-vous positionner le Conseil départemental de concertation ? P. L. : La démocratie ne peut plus seulement être représentative. Elle doit aussi être participative. Le CDC qui réunit des gens de la société civile de tous horizons est là pour apporter par ces rapports et avis un éclairage différent, enrichir la réflexion et fournir une aide à la décision aux élus du Conseil général qui peuvent nous saisir sur les sujets les plus divers. Nos prochains rapports : les Roms, les énergies renouvelables, le tourisme solidaire et Natura 2000. Propos recueillis par Jean-Michel Amitrano ACCENTS n°216 :: Interview 5



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