Photo : J. P.Herbecq En pointe technologies 22 ACCENTS n°212 En pointe L’Arbois fait les choses en grand pour l’infiniment petit Le Technopôle de l’Arbois est un des grands bénéficiaires du Grand emprunt. Il s’apprête notamment à devenir un centre mondial de la conception sécurisée de nanotechnologies. M. Johannsen - Fotolia.com Pour accéder au Technopôle de l’Arbois, blotti au fond de sa pinède, il faut d’abord traverser l’un des nouveaux poumons économiques du département. Nouvelles technologies, expertise, c’est toute une industrie high tech qui pullule à flanc de colline et maille ses réseaux depuis les hauteurs des Milles. Presque une ville nouvelle. Aussi l’on est guère surpris d’apprendre que les « investissements d’avenir », nouvelle appellation du « Grand Emprunt », ont été généreusement déversés sur le Technopôle à travers cinq programmes retenus par les jurys nationaux. Le Cerege, Centre européen de recherche et d’enseignement des géosciences de d’environnement, rattaché à Aix-Marseille Université et soutenu depuis longtemps par le Conseil général, en rafle quatre à lui tout seul. Deux d’entre eux permettront au centre d’acquérir, pour 13,9 millions d’euros, de nouveaux équipements de pointe. Deux autres consacrent comme « Laboratoire d’excellence » ou « Labex » deux des unités de recherche du CEREGE, également hôte de l’unique antenne régionale du Collège de France. Et c’est là que cela devient passionnant. Révolution industrielle Avec Objectif Terre-Med (7 millions d’euros), c’est l’ensemble des interactions entre sciences des sociétés et sciences physico-biologiques des aléas naturels, à commencer par le changement climatique, qui seront scrutés. Voici donc un équivalent, à l’échelle de tout le bassin méditerranéen, de l’Earth institute de la Columbia University. Avec SERENADE (11 millions d’euros), l’Arbois devient l’un des deux grands pôles mondiaux d’étude sur la sécurisation des nanomatériaux. Les nanotechnologies, qui traitent de l’infiniment petit, sont en plein développement et concernent tous les secteurs économiques (BTP, agro-alimentaire, transports, chimie, médecine, énergie…). « Il n’y a pas encore de vision bien claire des risques, notamment en termes d’impact sur le vivant. Notre idée, c’est d’identifier ces risques et de développer les règles intelligentes qui permettront d’avancer sans faire n’importe quoi, c’est-à-dire en incluant dès la conception toutes les contraintes environnementales. Nous allons accompagner les entreprises et contribuer à la mise en place d’une législation pour encadrer ce qui pourrait bien être la base de la prochaine révolution industrielle » explique Jean-Yves Bottero, pionnier des nanotechnologies en France et directeur du Labex. Pour ce faire, le Cerege travaillera avec l’INSERM, l’INRA, l’INERIS, le CNRS, le CEA, des dizaines de centres de recherche de tout l’hexagone, des entreprises, des universités américaines, australiennes, suisses ou autrichiennes. J-M. A. Nano quézako ? Les nanotechnologies et les nanosciences sont l’étude, la fabrication et la manipulation de structures à l’échelle de quelques nanomètres (un milliardième de mètre). Un des intérêts majeurs des « nano » est de travailler la matière atome par atome et molécule par molécule pour obtenir des effets totalement nouveaux et divers comme des peintures capables d’aspirer les odeurs ou des traitements médicaux extrêmement ciblés de cellules cancéreuses. |