Ils cultivent le jardin du 13 Cyril Folton L’apiculteur exigeant Cyril Folton a d’abord étudié la sécurité d’ouvrages hydrauliques. Mais ce grand quadragénaire avait trop d’énergie à dépenser. « Un an de formation agricole, et le souvenir de mon grand-père apiculteur ont rendu mon choix de reconversion évident. » Il termine de visser quelques ruches, enfile sa combinaison à voilette et prépare son enfumoir. « Ce que j’aime dans ce métier, c’est sa variété. » Avec mille ruches, son associé et lui ne manquent pas d’ouvrage, surtout à la veille de l’essaimage. Ils vont diviser leurs essaims pour en créer de nouveaux ; « les reines vivent trois ans et nous renouvelons ainsi un tiers de nos essaims ». À la miellerie du Gaec L’Or des Abeilles, à Puyloubier, Cyril Folton vérifie ce matin ses ruches : l’état du couvain, la vitalité de la reine et de ses butineuses grecques, des cecropias. Mais après trois semaines de gel intense en février, la mortalité a été importante ; et la pluie n’est pas au rendez-vous, les fleurs non plus. C’est dans ces moments-là que l’apiculteur insiste pour qu’on « réduise vraiment de 50% les apports de pesticides sur les cultures, qui affaiblissent nos abeilles et leur font perdre le sens de l’orientation », comme l’a montré une étude de l’Inra d’Avignon. Sur les ultimes pentes de Sainte-Victoire, une coupe DFCI toute fraîche montre près de cent mètres mis à nus au long d’un chemin ; « des milliers de fleurs sauvages dont on prive les abeilles au pire moment. » Bientôt commencera la transhumance : ses abeilles butineront les acacias dans la Drôme, puis les châtaigniers en Ardèche, et les lavandes Philippe Pons D Autour de son verger Photo : C. Rombi « dans les Alpes. Cyril Folton produit des miels de crus, contenant 90% du pollen de la fleur recherchée ; un challenge exigeant. Cette année, sans plus de pluie, il ne récolterait que 3 kg par ruche. Dix fois moins qu’en 2011. M. Neumuller ans vingt ans, je le crains, il n’y aura plus que 150 gros producteurs de pommes dans le nord des Bouches-du- Rhône, ceux qui sont assez puissants pour s’occuper de commercialiser. Et puis ceux, bien plus petits, qui font de la vente directe. Les producteurs moyens comme moi auront disparus ! » Philippe Pons, à Orgon et à Mollégès, avait repris l’exploitation paternelle en 1983, et l’a agrandie : 70 ha de pommes et poires, prunes, vignes et cerises aussi. Il a dû satisfaire les obligations croissantes de la réglementation. L’agriculture est raisonnée, les fruits doivent être toujours très beaux, mais ça ne suffit pas. « Les producteurs tels que moi sont face à un petit nombre d’acheteurs de vrac, qui tirent nos prix vers le bas. » La récolte, peu précoce ici, n’incite pas à négocier à la hausse ; il y a déjà pléthore de fruits sur le marché quand Orgon produit. Alors, dans cette situation fragile, les aléas prennent un tour dramatique. Le feu bactérien, une bactérie qui sèche l’arbre, prend de l’importance, sans qu’on n’ait trouvé de remède. Et la grêle, très localisée, du 4 juin 2011, a mis à bas tout le travail d’une année. « C’est dans ces moments-là qu’on est content de trouver un soutien » souligne Philippe Pons en exhibant le formulaire qu’il remplit pour toucher une aide du Conseil général. Une indemnisation à l’hectare sinistré et une déduction des cotisations de Mutuelle sociale agricole qui contribueront à garder à flots une grosse centaine d’agriculteurs, dont 20 à Orgon, « à condition qu’ils n’aient pas d’autres problèmes imprévus la même année ! » M. N. Photo : J. P.Herbecq ACCENTS n°210 Racines 41