« L a politique de santé actuelle se nourrit d’une « idéologie gestionnaire », convaincue des bienfaits de la rentabilité et de la concurrence à tout prix. (…) Pourtant, notre système de santé doit reposer sur 6 principes essentiels : la solidarité, la qualité, la prévention, la qualité des soins, l’éthique médicale et la démocratie sanitaire ». Dans leur « Manifeste pour une santé égalitaire et solidaire » *, cinq professeurs de médecine et experts en politique de santé, ont tiré la sonnette d’alarme sur la logique à l’œuvre dans le système médical de notre pays. Les conséquences s’en font déjà sentir. Pour preuve, dans sa dernière livraison, le baromètre « Cercle santé » décrit à quel point l’inégalité de soins est présente dans notre pays. De manière effrayante, on constate que 29% des Français auraient renoncé à des soins en 2011. Plus alarmant, 12% renoncent ou reportent aussi les soins courants, 6% l’achat de médicaments et surtout 5% font une croix sur les soins lourds (opération, examens ou traitements coûteux). Visiblement, la réponse ne viendra pas d’en haut : le projet régional que vient de proposer l’ARS ne répond pas aux vraies problématiques de l’offre de soins. C’est donc sans doute une fois de plus aux Départements de répondre à l’urgence médicale. Depuis longtemps, le Conseil général des Bouches-du-Rhône maintient une politique de santé qui va bien au-delà de ses compétences légales, convaincu que rien ne justifie que nos concitoyens ne disposent plus d’un véritable accès aux soins. Dernier exemple en date, les récentes mesures à l’encontre des centres mutualistes, alors qu’ils représentent près de 10% de l’offre de soins dans les Bouches-du-Rhône. Le Département vient de débloquer dans ce dossier une aide exceptionnelle de 900 000 euros. C’est cette urgence médicale, financière et sociale dont il faut prendre conscience avant qu’il ne soit trop tard. *éditions Odile Jacob auremar - Fotolia.com Santé l’état d’urgence Fragilité de notre système de soins, déremboursement de médicaments, structures médicales en difficulté… l’accès aux soins devient de plus en plus complexe, notamment pour les personnes les plus vulnérables. Face à cette situation, le Conseil général joue le rôle de bouclier sanitaire. Dossier réalisé par J. M. Amitrano, O. Gaillard, I. Lanfranchi En chiffres > 84,6 ans, c’est l’espérance de vie des femmes en région Paca (9 e rang des régions métropolitaines) et 78 ans pour les hommes (4 e rang). > Le taux de mortalité infantile se place en région Paca à un niveau inférieur à celui de la France : 3,3 pour 1000 naissances en 2007 contre 3,6 au niveau national. > La mortalité chez les hommes de 25-54 ans en Paca est 2,5 fois plus élevée chez les employés-ouvriers que chez les cadres et professions intellectuelles supérieures en Paca. > Le surpoids touche environ deux hommes sur cinq et près d’une femme sur quatre en Paca. > Avec 7 689 cas de sida déclarés entre le début de l’épidémie et le 30 juin 2009, la région Paca est la deuxième région de France la plus touchée par l’épidémie après l’Ile-de-France. > Entre 8 000 à 15 000 personnes vivent avec le VIH en Paca. Sources ARs 2010 ACCENTS n°209 Action publique 7