Thaut Images - Fotolia.com En pointe développement durable 24 ACCENTS n°209 En pointe AGENDA 21 Vous participez au lancement d’une initiative locale, l’Agenda 21 du CG13, et vous conseillez la Banque Mondiale ou la Commission Européenne. Quel lien entre le local et le global ? Pierre Radanne : Le sens de l’action territoriale est donné par le sens de l’évolution planétaire. Et aujourd’hui, il est clair que la question majeure, c’est la raréfaction des ressources énergétiques et la hausse de leur coût. Il faut bien comprendre que l’énergie sera chère avant d’être rare. Notre nostalgie pour la France industrielle du 19 e et du 20 e siècle, périodes d’énergie à très bas coût, ne nous mène à rien. En Europe, nous n’avons plus de ressources et…c’est notre chance historique : comme me l’a fait remarquer un négociateur indien, nous sommes obligés d’être des pionniers et d’inventer pour le monde entier un nouveau modèle. Or si les problèmes sont mondiaux et les organisations qui négocient nationales, la mise en œuvre est locale. Quels sont les enjeux pour un département comme les Bouches-du-Rhône ? P.R. : Selon mes calculs, la facture énergétique de ce département s’élève à 5 REncontre avec Pierre Radanne « Nous sommes obligés d’être des pionniers » milliards d’euros par an. C’est l’équivalent de la paie de 150 000 salariés moyens ! La perspective, si rien ne change, est de monter à 8 milliards d’ici 5 ans. Je fais le pari qu’il est au contraire possible de réduire cette facture de 40%. Soit autant d’argent dégagé pour alimenter le moteur de la nouvelle économie durable et investir au profit de tous ceux qui en ont besoin et sont particulièrement nombreux ici. 40%, c’est utopique ! P.R. : Pas du tout. Savez-vous que la Suède consomme, toutes énergies confondues, moins que l’Italie ? Et la facture des ménages est aussi plus faible. Pourtant, le climat est plutôt moins propice à Stockholm... Plus on a froid, plus autour de Jean-Noël Guérini et Loïc Gachon, Un colloque a lancé l’agenda 21 du Conseil général des Bouches-du-Rhône. Élus de tous horizons, experts nationaux, associatifs et agents du Département ont enclenché le processus qui permettra de décliner le développement durable à l’échelle de l’ensemble de la collectivité. Pierre radanne, Ancien président de l’Ademe, RÉPOND À NOS QUESTIONS. Photo : J. Manchion De Rio à Durban, en passant par Kyoto, Pierre Radanne est un habitué des négociations internationales sur le changement climatique et la maîtrise de l’Énergie. on comprend les enjeux énergétiques : c’est tout l’Arc méditerranéen qui est en retard. L’Allemagne qui a une croissance plus forte que la nôtre voit sa consommation d’énergie diminuer ! Bref, on peut et on doit changer de cap, surtout si l’on a en tête que plus les ménages sont modestes, plus l’énergie pèse lourd dans les budgets. Quel rôle un Conseil général peut-il jouer dans cette bataille ? P.R. : Face à ces défis, on n’obtiendra pas grand-chose sans que les acteurs soient convaincus. Le modèle, c’est ce que j’appelle la démocratie de la co-construction. L’arrière-plan, c’est la mutation vers la société relationnelle, avec l’explosion des outils de communication. Il faut conduire un travail d’animation, mettre en œuvre sa capacité d’entraînement en associant tous les relais de proximité et en touchant directement le citoyen. Un Département dispose de cette capacité à fédérer. Mais il faudra donc une nouvelle étape de la décentralisation et repenser ce qu’est le service public que nous imaginons avant tout sous l’angle national. Propos recueillis par J.-M. Amitrano |