Racines visages 40 ACCENTS n°207 Racines Philippe Pouchin révolutionnaire de la terre Philippe Pouchin est un autodidacte de la terre et de la vigne. Venu de Paris à 16 ans en auto-stop, il a depuis « tout lu », réalisé de « véritables enquêtes policières et interroger sans relâche vieux viticulteurs et techniciens » pour comprendre la terre. En 1996, il est engagé par Georges de Blanquet au domaine de Château Bas, bâti sur l’emplacement d’une cité gallo-romaine, près de Salon. « Ce capitaine d’industrie voulait transformer le domaine en grande propriété du Sud de l’Europe. » Philippe Pouchin, aujourd’hui gérant, trouve à cette époque des vignes mal en point. Il a fallu « interroger la vigne et les gens, démonter l’horloge et la remonter à l’endroit. » Étape par étape, il expérimente, à partir d’une base : l’interaction. Une nouvelle anecdote lui vient à l’esprit : « Il y a quelques années, je pars sur une parcelle avec un ouvrier, tailler l’herbe pour faire beau », puisqu’il pratique l’enherbement. « Je regarde le sol et je vois des abeilles, des araignées, des perce-oreilles, des coccinelles. Je n’ai rien fait tailler et j’ai laissé toute cette faune au milieu des vignes. » Le résultat est efficace : « Nous n’avons eu aucune attaque significative du ver de la grappe ! » Et ses vignes se portent bien mieux. Il dissèque sa méthode, inspirée de la viticulture du tao, et s’appuyant sur un précepte : « Ne rien faire et que rien ne soit pas fait. » Selon lui, « plus vous avez de la biodiversité dans un système et plus le système est stable. Dans le cas contraire, il faut intervenir de l’extérieur. » Et dérégler le système. Le vin produit à Château Bas est donc bio et colle aux attentes de la clientèle. « La vigne est comme une troupe de théâtre avec une seule représentation dans l’année. » Il ne faut donc pas la rater. Christine François-Kirsch www.chateaubas.com Photo : J. P.Herbecq |