[13] Accents n°203 fév/mar 2011
[13] Accents n°203 fév/mar 2011
  • Prix facial : gratuit

  • Parution : n°203 de fév/mar 2011

  • Périodicité : bimestriel

  • Editeur : Conseil Général des Bouches-du-Rhône

  • Format : (210 x 297) mm

  • Nombre de pages : 44

  • Taille du fichier PDF : 6,4 Mo

  • Dans ce numéro : les femmes assurent dans le 13.

  • Prix de vente (PDF) : gratuit

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12• ACCENTS Violence et précarité, un constat alarmant TÉMOIGNAGE SEULE, 2 ENFANTS ET PRÉCAIRE… « Il nous a mis dehors, avec mes deux enfants. Aujourd’hui, je n’ai plus rien. » Françoise*, 34 ans, est en grande précarité. Cette jeune mère a vu sa vie basculer en un jour, quand son mari, un soir, la met dehors avec ses deux enfants. Hébergée par une amie, elle tente de refaire surface. « C’est difficile car je ne gagne que le smic. Je n’ai pas les moyens de me loger. » Son mari a accepté la garde alternée mais a gardé tous les biens. « Tout était à son nom, je suis partie sans rien. » Elle a juste gardé la voiture et… le crédit qui va avec, 350 euros par mois. « Heureusement qu’une association m’est venue en aide pour trouver un logement, sinon je ne sais pas comment je pourrais m’en sortir. » Aujourd’hui, elle n’a qu’un souhait : avoir un appartement à elle et subvenir aux besoins de ses enfants. Une chose encore difficile à réaliser. « Le taux de précarité est plus élevé chez les femmes*. Un facteur qui va souvent de paire avec les violences conjugales. Nous sommes le 5 e département français le plus touché par la violence sur les femmes. » Amel Ar vin-Berod sait de quoi elle parle. La directrice de l’association SOS Femmes accueille chaque année avec son équipe plus de 2 200 personnes dans sa structure. Dans les Bouches-du-Rhône, les violences volontaires sont de 25,3 pour 1000 (contre 18,7 en moyenne nationale). Cela en fait le département méditerranéen au taux le plus élevé. « De façon générale, les femmes battues par leur mari ou leur conjoint sont de toutes tranches d’âges et de toutes catégories sociales ; et il est difficile pour elles de rompre avec leur quotidien pour partir, notamment par manque de moyens financiers. » 826 euros par mois Car la précarité est un des facteurs aggravants qui accentue les violences. Une récente étude TÉMOIGNAGE Une vie de violences « Je suis psychiquement morte. » Le constat est sans appel. Sarah-Linda Belkiri, 35 ans, a déjà vécu plusieurs vies et aucune n’a été heureuse. « Ma mère est partie quand j’avais 9 mois. Je me suis retrouvée avec mes 2 frères et mon père. Il vivait de casses et de proxénétisme. C’est pas l’idéal pour grandir. » Plus tard, elle confie qu’à l’âge de 6 ans, elle a été violée par son père, son oncle et… l’éducateur du foyer dans lequel elle a été placée. Elle ne voit plus l’un de ses frères, accusé de viol. L’autre a été agressé chez lui et défénestré du 7 e étage. Handicapé à vie. de l’Insee montre que la pauvreté touche plus souvent les femmes que les hommes (15,7% contre 13,1%). Plusieurs facteurs se cumulent pour générer cette disparité : les femmes sont plus souvent seules ou parents isolés (35% vivent en dessous du seuil de pauvreté), avec un taux de chômage plus important (seules 55% occupent un emploi) et des salaires plus faibles (29% perçoivent moins de 826 euros par mois). Enfin, les femmes travaillent souvent dans des emplois moins qualifiés que les hommes. « Dans tous les cas, le plus important est de faire retrouver à toutes ces femmes l’estime de soi, ainsi que de leur faire prendre conscience que ce sont avant tout des victimes », c onclut Amel Arvin-Berod. n *Source : Insee, analyse n°2 (déc. 2010) « Je suis à ses côtés pour lui rendre la vie plus facile. » Ses rencontres avec les hommes se terminent souvent en cauchemar. « Lorsque le père de mon 4 e enfant m’a menacée à plusieurs reprises avec une arme, j’ai décidé de partir. Il ne me battait pas, mais la violence était morale. Je ne voulais pas faire subir ça à mes enfants. » Elle quitte la région lyonnaise pour Marseille, avec ses enfants. Elle rencontre alors l’association SOS Femmes. « Elles m’ont sans doute sauvée du suicide en essayant simplement de m’écouter et de me comprendre. » Aujourd’hui, Sarah Linda a choisi de parler à visage découvert « comme un élément de thérapie ». Un documentaire lui a d’ailleurs été consacré sur France 5. « Je sais que je n’ai pas d’avenir. Je vis pour mes enfants, même si je suis morte à l’intérieur de moi. » Elle suit actuellement des cours à distance pour être éducatrice spécialisée, et souhaite aider SOS femmes qui lui a permis de se remettre sur les rails. « Mon histoire est particulière, mais toutes ces femmes qui subissent la violence en silence, c’est insupportable. Il faut les aider. » SOS femmes, 10, av. du Prado, Marseille. Tél. 04 91 24 61 50.
DR « Tout passe par les femmes ! » Président de la Fondation Abbé Pierre, professeur d’université, Jean-Pierre Lanfray est le fondateur de la plateforme « Féminins Pluriels en Pays d’Aix ». UN Accents : Quel regard portez-vous sur les femmes ? Jean-Pierre Lanfray : Je crois que les femmes doivent cesser de torturer leur corps pour des histoires de mensurations stéréotypées. Elles ne doivent plus se laisser dicter les choses, qu’il s’agisse de leur métier, de leur tenue. Dans notre société, celui ou celle qui gère ses temps de vie es t un ho mme ou une femme libre. A. : N’est-ce pas presque du luxe que d’arriver à gérer son temps justement ? Jean-Pierre Lanfray : C’est vrai qu’en tant que président de la F ondation Abbé Pierre, j’ai une vue CULTURE LA FEMME OUVRIÈRE DANS L’HISTOIRE imprenable sur les questions de mal-logement. Beaucoup de femmes en sont victimes. Nous avons ainsi empêché, en 2010 et grâce à un tra vail de concertation avec la P réfecture, la t otalité des demandes d’expulsion touchant des f emmes avec enfants sur le territoire de la communauté du Pays d’Aix. A. : Vous venez de lancer « Ze bus », une action en direction des mères isolées en difficulté. De quoi s’agit-il ? Jean-Pierre Lanfray : À l’hôtel maternel du relais Saint-Donat, dans les quartiers Nord d’Aix, l’équipe de Fabienne Devynck accompagne en effet des mères is olées. « Ze b us » part à la r encontre des familles et des enfants et leur propose, au pied des cités des grandes villes du département, des in termèdes culturels. Tout, de l’éducation à la culture, en passant par l’économie ou l’écologie, pass e par les femmes. n FÉMININS PLURIELS EN PAYS D’AIX Cette plateforme rassemble des associations chargées d’aborder les problématiques des femmes dans leur globalité pour favoriser l’autonomie sociale, professionnelle et personnelle et dispose d’un centre d’écoute et de documentation. 5, Boulevard Schweitzer, Aix-en-Provence. Tél. 04 42 27 13 91. 7OBSERVATOIRE POUR Y VOIR CLAIR Crée en 2005 par le Conseil général, l’Observatoire départemental du droit des femmes et de l’égalité des chances est un outil de connaissance de la condition des femmes dans les Bouches-du- Rhône et d’aide à la décision. De manière générale, ses travaux récents notent un recul des droits des femmes, tous sujets confondus (et en particulier sur la question de la laïcité) et un maillage insuffisant du tissu associatif dans le nord du département. S’appuyant sur un « panorama associatif de la lutte pour les droits de femmes dans le 13 » qu’il a fait réaliser et dont elle publie aujourd’hui les préconisations, l’instance perçoit mieux l’engagement des 60 associations du département œuvrant pour les droits des femmes. En 2008, Edmonde Franchi crée CarmenSeitas, un spectacle autour de la vie des femmes de la Belle-de- Mai qui ont pour la plupart travaillé dans la manufacture de tabac à Marseille. Elle raconte avec un mélange d’élégance, de délicatesse et de vigueur, l’événement et le quotidien, ce qui pèse, ce qui soulage, la lassitude, les collègues, le syndicat. Autour du 8 mars et de la journée internationale des femmes, les Archives et la bibliothèque départementales Gaston Defferre proposent un certain nombre de rendezvous : le lundi 7 à Marseille et le mercredi 9 mars au Centre aixois des Archives, performance, débat et exposition retracent tout un pan de notre histoire contemporaine. Entrée libre. Renseignements www.archives13.fr www.culture-13.fr Pages réalisées par Olivier Gaillard et Muriel Ruiz ACCENTS• 13



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