7 CÔTE BLEUE L’EFFET « RÉSERVE » Uniques réserves marines des Bouches-du-Rhône, les zones de Carry-le-Rouet et du Cap Couronne font figure d’exemple sur les pourtours de la Méditerranée. Sur ces zones gérées par le Parc marin de la Côte Bleue depuis plus de 25 ans, la plongée en bouteille, le mouillage des plaisanciers et la pêche sont interdits sur près de 300 hectares. « Il y a véritablement un effet réserve. Les espèces de poissons se développent et l’on assiste au retour d’espèces rares telles que le Mérou », explique Frédéric Bachet, directeur du Parc marin. Le parc peut également se vanter d’avoir su associer les pêcheurs professionnels pour organiser les usages liés à la mer. « C’est le cas avec la réserve du Cap Couronne, l’une des plus grandes zones marines intégralement protégées de Méditerranée. » www.parcmarincotebleue.fr 8• ACCENTS Sea Orbiter, une épopée moderne Ni utopie, ni science-fiction : le projet Sea Orbiter, ce vaisseau d’argent dérivant au cœur des océans, inventé et conduit par Jacques Rougerie, architecte et président de la fondation éponyme, est à l’image des grandes explorations maritimes des siècles passés : une étape décisive dans la connaissance des milieux marins et leurs écosystèmes. Une maison sous- marine Les hommes se sont toujours surpassés depuis la nuit des temps pour découvrir et explorer des territoires nouveaux et complexes. Il restait finalement deux grands territoires à conquérir : l’espace et les océans. « L’homme qui a toujours été un génie a imaginé une technologie qui l’accompagnait dans chacune de ses grandes aventures », observe Jacques Rougerie. « Nous n’en sommes qu’aux balbutiements de la compréhension de l’immensité des océans », souligne-t-il, alors qu’il travaille à la mise en œuvre de ce vaisseau vertical de 51 mètres de haut, la première « maison » sous-marine nomade. Avec ce type d’habitat dérivant, où « l’approche des cinq sens est tout à fait différente », l’homme pourrait vivre et regarder sous la mer pour faire évoluer une connaissance jusqu’alors à peine ébauchée. « On a ainsi découvert que la vie était possible sans lumière, sans photo synthèse », relate Jacques Rougerie. 18 hommes à bord Avec Sea Orbiter, les hommes pourront vivre 24 heures sur 24 sous l’eau, en y travaillant, en s’y reposant et « mener parallèlement des études sur les changements climatiques et les grands bouleversements qu’ils pourraient entraîner ». À ce jour, aucun navire ne peut permettre ce type d’études. Ainsi, depuis que la maquette de Sea Orbiter a été testée de façon concluante en Norvège, on peut imaginer que dans un délai de deux à trois ans, il soit possible d’envoyer, sous l’eau, un équipage de 18 hommes qui observerait les océans en continu. La maquette de Sea Orbiter prêtée par Beaubourg, sera présentée lors de l’exposition « Voyage au centre de la mer ». Si ce projet sera forcément coûteux, ses retombées pourraient être très importantes en matière d’enseignement et de recherche. Évoquant un partenariat avec les plus grands aquariums dans le monde, l’architecte- océanographe ne cache pas qu’il veut « faciliter l’intégration des océans dans nos existences et dans nos attitudes ». n En savoir plus : www.seaorbiter.com L’AVENTURE DE LA PLONGÉE Jean-Claude Cayol, « Inventeur » d’épavesC. F. K. À 66 ans, Jean-Claude Cayol passe toujours sa vie dans l’eau. Cet ancien Inspecteur d’Académie, agrégé de génie mécanique, à ses heures consultant pour l’Unesco, a deux passions, la plongée et l’archéologie. La plongée, il en a attrapé le virus très jeune, à 15 ans, dans les eaux profondes de Cassis, aux côtés des Jules Manganelli ou Yves Giraud. Il a gravi tous les échelons pour devenir instructeur national en 72. C’est de cette époque que datent ses premières campagnes de fouilles sous-marines, à la recherche d’épaves historiques et archéologiques. Infatigable autant qu’intarissable, Jean-Claude Cayol évoque son amitié avec Henri-Germain Delauze, le fondateur de la Comex, avec qui il a plongé tant de fois. Ensemble, ils ont fait de belles découvertes : celle du Re d’Italia, ce cuirassé de 1866 coulé au large de la Croatie, celle du Cromarty, chasseur de mines anglais. Mais c’est aussi la découverte de huit épaves antiques entre l’île du Riou et la phare de la Cassidègne, gisant par 100 mètres de profondeur. « Je suis l’inventeur de cinq épaves (entendez le « découvreur ») et même de la queue de l’avion de Saint-Exupéry découvert au large de Marseille, raconte t-il avec un brin de fierté, mais les profondeurs cachent encore beaucoup de trésors » ajoute t-il en renfilant sa combinaison de plongée. I.L. |