. 38• ACCENTS en vueculture Villages Clubs du Soleil L’âme sociale C’est un modèle économique qui pourrait donner des idées à l’heure où la crise amène à repenser les modes de gouvernance des entreprises. Ce modèle, c’est celui défendu par Villages Clubs du Soleil. L’entreprise provençale, installée dans le nouveau Silo d’Arenc en bord de quai à Marseille, vient de fêter ses cinquante ans d’existence, et a su se singulariser dans un secteur, celui du tourisme, surinvesti par la concurrence. Cette société anonyme, qui gère neuf villages de vacances et emploie près de 600 collaborateurs, est entièrement détenue par une association, qui, comme l’exige le statut associatif, ne distribue aucun dividende. Mais en revanche réinvestit les bénéfices au profit du plus grand nombre, dans des projets sociaux, dans le développement et les salariés. Une fondation d’entreprise permet ainsi de redistribuer une partie des recettes pour des projets favorisant l’accès aux loisirs des familles en difficulté. « Cette approche sociale nous permet de renouer avec les valeurs de l’entreprise, notamment le concept de vacances pour tous, sans nier la logique entrepreneuriale dans laquelle nous sommes », explique Alex Nicola, directeur général. Entreprise militante C’est de façon artisanale que l’association a vu le jour en 1960, à l’orée du tourisme de masse et des premières stations de ski. Le premier centre à Orcières est créé sur le modèle des maisons familiales basées sur le principe du pot commun. « Il s’agissait de favoriser le départ en vacances des Alex Nicola, directeur général entré en 1973 dans l’entreprise familles défavorisées » explique Alex Nicola. Mais les pionniers de l’aventure ont surtout eu l’idée, un peu avant les autres, de proposer le « tout compris ». « L’objectif, c’était l’égalité des sexes devant les vacances » se souvient, un peu plaisantin, Séverin Montarello, fondateur qui a présidé l’association durant 21 ans. « Nous voulions libérer la mère de famille de ses tâches quotidiennes pendant les vacances. » On est alors en pleine libéralisation des congés payés. « On était des militants, des syndicalistes issus du Mouvement populaire des familles. On a toujours eu un sens collectif » explique avec conviction Séverin, alors « métallo » à bord des navires du port de Marseille. Aujourd’hui, président d’honneur, il attribue la réussite de l’entreprise aux valeurs défendues avec vigueur parfois par les membres de l’association. « Mais également parce qu’on a su se professionnaliser. On a mis la bonne gestion en valeur, on a misé sur la formation, on a associé le personnel. » Pour Alex Nicola, entré en 1973 dans l’entreprise en tant que barman : « On s’est toujours dit : une bonne gestion, oui. Mais pour quoi faire ? » Et demain ? Pour Alex Nicolas, c’est le tourisme urbain qui est l’avenir et notamment la création d’un village club à Marseille, quand Séverin Montarello rêve d’un navire club pour découvrir Marseille et ses environs. Un retour aux sources, histoire de ne jamais perdre son âme. n Pascale Hulot PHOTO : J.P. HERBECQ |