PHOTO : C. ROMBI. 38• ACCENTS en vueculture José Moralès et Jean-Marc Chancel, Archis en duo L’un a des faux airs de Richard anconina. Pas l’autre. José Moralès, 42 ans, « rend 20 cm » à Jean-Marc Chancel, 57 ans. ils ont bien sûr d’autres différences, mais ce sont avant tout les similitudes qui font la réussite de ce duo d’architectes. Duo qui vient de remporter le Grand Prix de l’architecture, de l’urbanisme et des paysages 2009, décerné par le Conseil d’architecture, d’urbanisme et de l’environnement 13 (CaUE). Prix qui a pour objectif d’encourager et de mettre à l’honneur ceux qui, dans l’acte de bâtir, privilégient la création et l’innovation tout en respectant la qualité architecturale. José Moralès et Jean-Marc Chancel ont remporté ce prix avec leur travail réalisé à Marseille, la construction du collège Louis armand, inauguré en septembre 2008, dans un quartier « sans grande ordonnance », à Saint-Jean du désert (12 e arr.). au collège Louis armand, 600 élèves, les deux architectes, parce qu’ils partagent « l’idée Julesferryienne de l’école », se sont d’abord interrogés sur la question de l’usage du bâtiment. Dans un morceau de ville construit dans les années 60, avec de petits pavillons accoudés à des tours, il fallait « raconter une histoire », suggère Jean-Marc Chancel. autrement dit, rendre à l’établissement de la République ce caractère « un peu solennel », tout en soulignant à quel point un collège n’est « pas pareil que dehors. Ce n’est ni la maison, ni la rue. » En offrant aux élèves comme aux professeurs et aux personnels administratifs « ce que Marseille a de meilleur, la mer et les collines », les archis ont pris autant de plaisir qu’ils en ont donné, depuis, à tout ce petit monde qui vit et travaille plusieurs heures par jour au collège. « Le collège appartient au paysage » « Il fallait d’abord une grande cour au sol, associée au terrain de sport. Tout a été décloisonné », explique Jean-Marc Chancel. « Et ça marche, ajoute José Moralès. Entre midi et 2, les gamins font du sport, sans avoir à demander l’autorisation d’ouvrir telle ou telle barrière. » Les salles de classes, elles, se situent au 2 e étage, avec vue plongeante sur le Vieux-Port ! « Ils peuvent regarder ailleurs quand le prof fait cours », plaisante Jean-Marc Chancel. Le collège appartient donc au paysage. Mieux, le bâtiment est respecté. Pas de tags, pas de coup de feutre sur les murs : « Le béton, les plafonds à plus de 3m50 de haut, apaisent », assurent-ils. Ce Grand Prix, les deux hommes en sont fiers bien sûr : ils le jugent de concert « encourageants », parce qu’il est attribué « à un projet audacieux. » Bons camarades, ils rappellent que 27 candidats avaient été retenus pour ce grand prix. « ça fait émerger des architectures. » En « chevaliers de la cause de l’architecture contemporaine », ils soulignent à quel point un projet est « toujours une expérimentation, une aventure. » Ce sont bien les similitudes d’exigence et d’audace qui les font avancer, ensemble ou séparément. Et que Jean-Marc Chancel aime à la folie la chapelle de la Vieille Charité, dans le Panier à Marseille, là où José Moralès loue l’œuvre de Fernand Pouillon, ne change rien à cette amitié professionnelle.n Christine François-Kirsch |