[13] Accents n°196 janvier 2010
[13] Accents n°196 janvier 2010
  • Prix facial : gratuit

  • Parution : n°196 de janvier 2010

  • Périodicité : bimestriel

  • Editeur : Conseil Général des Bouches-du-Rhône

  • Format : (210 x 297) mm

  • Nombre de pages : 36

  • Taille du fichier PDF : 9,2 Mo

  • Dans ce numéro : agriculture... le « made in Provence » en crise.

  • Prix de vente (PDF) : gratuit

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4. 4• ACCENTS Dossier Agriculture DOSSIER RÉALISÉ PAR PASCALE HULOT, MURIEL RUIZ, CHRISTINE FRANÇOIS-KIRSCH PHOTOS : J.P. HERBECQ,C. ROMBI J. MANCHION Le « made in Provence « en crise En Provence, les agriculteurs sont inquiets. Ils traversent une des plus fortes crises enregistrées depuis 20 ans. Pourtant, malgré la morosité ambiante, les raisons d’être optimistes existent. Témoignages, points de vue et illustrations. Tomates, aubergines, courgettes, poivrons… ces productions font partie intégrante du patrimoine agricole de la Provence. Pourtant, il devient de plus en plus difficile de retrouver « l’origine Provence » sur les étalages, notamment dans les grandes et moyennes surfaces. qui ne s’est pas étonné un jour, même chez le primeur du coin, de trouver de l’ail en provenance du Chili ou des poivrons de Hongrie ? À l’heure des bilans carbone, ces incohérences passent de plus en plus, aux yeux des consommateurs, pour des aberrations du marché agricole. Pourtant, elles constituent une des illustrations de la crise du secteur agricole en France. Les productions locales ont de plus en plus de mal à trouver des débouchés sur le marché national. En cause principalement : la compétitivité de nos produits. Pourtant, dans les Bouches-du- Rhône, l’agriculture occupe une place de taille, totalisant un tiers de la superficie du département. Riz, fruits et légumes, élevages, céréales… toutes les filières cohabitent. Mais aujourd’hui, cette belle carte postale du terroir provençal s’effrite : de nombreuses exploitations sont menacées de cessation de paiement à brève échéance. « Pour la seule culture de la tomate, sur la plaine de Berre, en cinq ans, la moitié des exploitations ont fermé » explique Michel Saffin, vice-président de l’Association des organisations de production nationales de la Tomate et secrétaire adjoint de la Chambre d’agriculture. Alors la tomate va-t-elle suivre le chemin des aubergines ou des poivrons désormais très peu cultivés en Provence ? Une concurrence féroce Les facteurs de la crise sont multiples : des coûts de production trop élevés par rapport à ceux pratiqués dans certains pays européens en passant par les pressions sur les prix exercées par la grande distribution ou encore la disparition progressive des outils de régulation et d’encadrement des marchés… Sans oublier que dans les Bouches-du-Rhône, département fortement soumis à la pression foncière, les agriculteurs sont handicapés par le prix des terrains, lourd facteur d’endettement des exploitations. Dans ces conditions, comment assurer le revenu des agriculteurs ? Les grandes exploitations qui ont pu investir dans des outils de production modernes semblent encore pouvoir écouler leurs productions mais à des prix de moins en moins rémunérateurs, d’autres se sont reconvertis dans des productions nouvelles, ou ont tout misé sur la qualité. Dans ce contexte « sombre », de nombreux professionnels croient encore dans les atouts du département. Pour Pascal Vardon,•
Directeur départemental de l’agriculture et de la forêt, « la Provence est constituée de zones agricoles et de zones urbaines. Il y a là des atouts à exploiter, notamment dans les circuits courts de vente ». Les circuits courts, l’autre issue ? C’est en effet l’enjeu des circuits courts qui permettent de vendre directement du producteur au consommateur ou par le canal d’un seul intermédiaire : marché de producteurs locaux, vente à la ferme, paniers paysans (Amap), épicerie solidaire. D’autant que pour ces formes de vente, la demande existe. Dans une consommation citoyenne, les consommateurs sont prêts à privilégier des produits frais, de saison, cultivés à proximité. Mais l’offre ne suit pas toujours la demande et nécessite de se structurer. Certaines Amap du département affichent complet avec des listes d’attente de deux ans. Mais pour l’instant, ces systèmes de commercialisation ne peuvent résoudre qu’une partie de l’équation. « La vente directe ne représente que 15 à 20% des ventes des produits agricoles » explique t-on à la Direction de l’agriculture du Conseil général. « L’agriculture locale ne peut donc pas trouver tous ses débouchés sur le seul marché local. » L’agriculture tient le territoire Si cette crise revêt une dimension sociale indéniable, avec la menace qui pèse sur de nombreux emplois et sur un pan de l’économie, ses conséquences pourraient également se faire sentir sur l’équilibre du territoire des Bouches-du-Rhône et sur son développement durable. En effet, l’agriculture n’est pas une activité comme les autres. Elle façonne le territoire et permet de tenir cet équilibre fragile entre ruralité et urbanisation. Là où l’agriculture recule, la spéculation foncière avance. C’est cette dimension stratégique qu’il convient également de défendre. Tout comme il convient de s’interroger sur le rôle indéniable joué par les terres cultivées dans la lutte contre les incendies ou contre les inondations… Les anciens l’avaient d’ailleurs bien compris. Enfin et surtout, il faut revenir à la fonction première de l’agriculture : l’alimentation, comme le rappelle Claude Vulpian, conseiller général, délégué à l’agriculture : « Au-delà des aspects environnementaux, des équilibres humains et écologiques et du façonnage du territoire, c’est de notre propre capacité à nous nourrir et à nous suffire qu’il s’agit ». Face à une crise structurelle, ce n’est donc pas exclusivement au niveau local que les solutions de sortie de crise peuvent être décidées. Mais si le Conseil général reste modeste face à des enjeux qui dépassent largement le cadre des Bouches-du-Rhône, il entend tout de même apporter son aide à un secteur stratégique. En décembre, il a réuni à l’Hôtel du Département à Marseille, une centaine de représentants de l’agriculture départementale dans le cadre d’une conférence agricole. objectifs : faire face à l’urgence mais également déployer des mesures pour structurer les filières. Sans oublier et c’est là l’essentiel, consolider les nombreux atouts d’une agriculture qui a donné au terroir provençal ses lettres de noblesses. n P.H. CLe 13, une terre d’agriculture Dans un département fortement urbanisé, on ne mesure pas toujours le poids économique et l’importance territoriale de l’agriculture : un tiers de la superficie des Bouches-du-Rhône est utilisé par l’agriculture, soit 160 000 hectares, les 4500 exploitations emploient 20 000 salariés et dégagent un chiffre d’affaires de près de 900 millions d’euros. CTomates, salades, poires, riz, huile d’olive… les Bouches-du-Rhône occupent le 1er rang français pour leur production. CLAUDE VULPIAN, vice président du Conseil général délég ué à l’agric ult ure « Le soutien à l’agriculture est l’affaire de l’État, mais le Conseil général, à son échelle, se bat pour lui donner un avenir. L’Assemblée départementale essaie d’alléger la tâche des agriculteurs. Des aides exceptionnelles aux batailles pour la préservation du foncier agricole à l’information du consommateur sur la qualité des productions locales, les moyens d’action existent ». ACCENTS• 5



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