4. 4• ACCENTS Dossier Agriculture DOSSIER RÉALISÉ PAR PASCALE HULOT, MURIEL RUIZ, CHRISTINE FRANÇOIS-KIRSCH PHOTOS : J.P. HERBECQ,C. ROMBI J. MANCHION Le « made in Provence « en crise En Provence, les agriculteurs sont inquiets. Ils traversent une des plus fortes crises enregistrées depuis 20 ans. Pourtant, malgré la morosité ambiante, les raisons d’être optimistes existent. Témoignages, points de vue et illustrations. Tomates, aubergines, courgettes, poivrons… ces productions font partie intégrante du patrimoine agricole de la Provence. Pourtant, il devient de plus en plus difficile de retrouver « l’origine Provence » sur les étalages, notamment dans les grandes et moyennes surfaces. qui ne s’est pas étonné un jour, même chez le primeur du coin, de trouver de l’ail en provenance du Chili ou des poivrons de Hongrie ? À l’heure des bilans carbone, ces incohérences passent de plus en plus, aux yeux des consommateurs, pour des aberrations du marché agricole. Pourtant, elles constituent une des illustrations de la crise du secteur agricole en France. Les productions locales ont de plus en plus de mal à trouver des débouchés sur le marché national. En cause principalement : la compétitivité de nos produits. Pourtant, dans les Bouches-du- Rhône, l’agriculture occupe une place de taille, totalisant un tiers de la superficie du département. Riz, fruits et légumes, élevages, céréales… toutes les filières cohabitent. Mais aujourd’hui, cette belle carte postale du terroir provençal s’effrite : de nombreuses exploitations sont menacées de cessation de paiement à brève échéance. « Pour la seule culture de la tomate, sur la plaine de Berre, en cinq ans, la moitié des exploitations ont fermé » explique Michel Saffin, vice-président de l’Association des organisations de production nationales de la Tomate et secrétaire adjoint de la Chambre d’agriculture. Alors la tomate va-t-elle suivre le chemin des aubergines ou des poivrons désormais très peu cultivés en Provence ? Une concurrence féroce Les facteurs de la crise sont multiples : des coûts de production trop élevés par rapport à ceux pratiqués dans certains pays européens en passant par les pressions sur les prix exercées par la grande distribution ou encore la disparition progressive des outils de régulation et d’encadrement des marchés… Sans oublier que dans les Bouches-du-Rhône, département fortement soumis à la pression foncière, les agriculteurs sont handicapés par le prix des terrains, lourd facteur d’endettement des exploitations. Dans ces conditions, comment assurer le revenu des agriculteurs ? Les grandes exploitations qui ont pu investir dans des outils de production modernes semblent encore pouvoir écouler leurs productions mais à des prix de moins en moins rémunérateurs, d’autres se sont reconvertis dans des productions nouvelles, ou ont tout misé sur la qualité. Dans ce contexte « sombre », de nombreux professionnels croient encore dans les atouts du département. Pour Pascal Vardon,• |