Expo aux Archives Départementales Interview L’Aude dans la Première Guerre Avant son centenaire l’an prochain, le premier cataclysme du XXe siècle vu depuis l’arrière. Les explications de la Directrice des Archives départementales. Perspectives : L'Aude est l’un des départements les plus éloignés du Front. Que montre cette exposition ? Sylvie Caucanas : Elle évoque la guerre vécue à l’arrière, par les populations civiles, les permissionnaires, les blessés, les réfugiés. On s’aperçoit que même là, à 1 000 km du Front, elle est partout. Perspectives : Comment se présente t-elle ? S.C. : Elle sera organisée en trois parties : gouverner, censurer, communiquer : l’Union sacrée qui abolit un temps les clivages politiques, la censure avec les journaux interdits ou caviardés pour cause de défaitisme ou de pacifisme, la propagande et les livres d’or tenus par dix-huit instituteurs audois qui racontent, à la demande du ministre de l’Instruction publique (Albert Sarraut, Audois lui aussi), la vie quotidienne des villages au rythme de la guerre. Ensuite, l’ombre de la guerre : la mobilisation, le passage des troupes – dont celles des Indes anglaises à Carcassonne ! – l’installation des réfugiés, les hôpitaux, les lettres des soldats, les cartes postales des familles… Et enfin, le front à l’arrière : ce que doivent faire ceux qui ne combattent pas, souscrire aux emprunts pour financer la guerre, participer à la vie économique du pays... Vous pouvez continuer à apporter vos documents aux Archives de l’Aude (lettres, photos…). Ils y seront numérisés et pourront enrichir cette exposition. ------ Les 23 et 24 mai, colloque international aux Archives avec l’Université de Toulouse-Le Mirail : « Travailler à l’arrière pendant la Première Guerre mondiale ». Perspectives : Cette guerre va avoir cent ans l’année prochaine. Pourquoi est-elle encore si présente ? S.C. : L’Aude était – est toujours – un département rural, qui a payé, comme toutes les campagnes, un lourd tribut. La pluplart de ces hommes, simples soldats, ont été mis en première ligne. 44 000 ont été mobilisés, 11 343 ont été tués. C’était une époque où le deuil se portait longtemps et les images de toutes ces femmes en noir dans les bourgs ont fortement marqué les esprits. La mémoire de cette guerre ne pouvait pas se perdre tellement les sacrifices ont été grands ! 14 Perspectives |