[10] l'Aube nouvelle n°82 dec 12/jan-fev 2013
[10] l'Aube nouvelle n°82 dec 12/jan-fev 2013
  • Prix facial : gratuit

  • Parution : n°82 de dec 12/jan-fev 2013

  • Périodicité : trimestriel

  • Editeur : Conseil Général de l'Aube

  • Format : (230 x 300) mm

  • Nombre de pages : 28

  • Taille du fichier PDF : 4,6 Mo

  • Dans ce numéro : Le conseil général, partenaire des communes

  • Prix de vente (PDF) : gratuit

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l’aube en histoires Avant les grandes mutations des XIX e et XX e siècles, nos ancêtres exerçaient mille activités, à la campagne comme à la ville. Chronique d’un temps pas si lointain où, à chaque geste, correspondait un métier. Les métiers d’hier, une autre façon de vivre Savez-vous ce qu’est un cerclier ? Un corroyeur ? Le premier fabriquait des cercles de bois pour les tonneaux ; le second égalisait l’épaisseur des cuirs. Ces professions n’ont plus cours dans la région, pas plus que celles d’amidonnier, de batteur, charron, colporteur, coquassier (marchand d’œufs), cordier, drapier, fileur, ou encore tambour de ville. Aujourd’hui, rien ne distingue un comptable d’un ingénieur, quand ils sont assis à un bureau devant un ordinateur. À l’inverse, « les métiers d’hier étaient ceux du geste, explique l’historienne Marie-Odile Mergnac. Du geste longuement appris dans certains cas, à travers un savoir manuel transmis de génération en génération. Ce geste était reconnaissable et indissociable d’un métier bien précis. » Dans bien des cas, la disparition des métiers est liée à l’évolution des techniques et des modes de vie. Ainsi, le chemin de fer puis l’automobile, en facilitant les déplacements, sonnent le glas du colportage et du commerce ambulant. Dans la bonneterie, l’apparition du métier mécanique mû par la vapeur, à la fin du XIX e siècle, signe la mort du métier à bras… entraînant, dans les campagnes, l'arrêt des « faiseurs de bas ». Briqueterie de Torvilliers. Au XIX e siècle, les entreprises de ce type employaient chacune une dizaine d’ouvriers. Rouanne de tonnelier. L’outil servait à marquer les tonneaux. La profession était très présente dans l’Aube pour répondre aux besoins ménagers comme aux exigences de la production viticole. Didier Guy/Mopo PRÈS DE 130 TUILERIES EN 1850 À la fin du XIX e siècle, l’Aube est l’un des départements les moins peuplés de France — le 76 e d’après le recensement de 1872, avec 255 687 habitants. On y compte 43 habitants au kilomètre carré, contre 70 en moyenne en France. Avec deux tiers de sa superficie en terres labourables, le département est très agricole. Excepté dans les cantons de Nogent-sur-Seine et de Romilly-sur-Seine, couverts par de grandes exploitations, « il y a beaucoup de petits cultivateurs dont le plus grand nombre est propriétaire », rapporte Adolphe Jouanne dans sa Géographie de l’Aube (1874). Ces derniers cultivent les grains de toute espèce, les légumes et le chanvre. Il y a aussi beaucoup de bergers, privés ou communaux, témoignant de l’importance de l’élevage du mouton — 356 000 têtes estimées pour leur viande, leur laine et leur engrais. « À la fin du XVIII e siècle, l’industrie est au moins aussi présente à la campagne qu’à la ville, partout où se trouvent l’énergie (eau courante et combustible), les matières premières (matériaux de construction et minerais) et où les moyens de communication ouvrent des débouchés », constate Jean-Louis Peudon (Aux origines d’un département : l’Aube en Champagne). Il en est ainsi des gisements d’argile. Si l’on a, de tout temps, fabriqué des tuiles dans l’Aube, cette production s’accélère au XIX e siècle, quand les propriétaires sont sommés de renoncer au chaume pour couvrir leur maison. En 1883, plus de 10 000 ouvriers — en majorité des hommes, mais aussi des femmes et des enfants —, travaillent dans environ 110 tuileries et briqueteries. Quant aux vastes forêts, elles Photos : Archives de l‘Aube donnent de l’ouvrage aux bûcherons, charbonniers, fendeurs, équarreurs et scieurs. Sans oublier les tireurs, triqueurs, dresseurs et rouetteurs employés au flottage du bois vers Paris. Et « dans plus de la moitié des communes, il y a au moins un artisan travaillant le bois : menuisier, charpentier, charron, tonnelier ou sabotier. Dans les chefs-lieux importants, ils sont au nombre de 10 ou plus », précise l’historien local. DEUX PERRUQUIERS À PLANCY Pour Bruno Jonet (« Outils et métiers d’autrefois en Champagne «, Lou Champaignat n°32), « cette représentation massive des professions artisanales répond alors aux besoins d’une population dont la mobilité dépasse rarement les limites de la commune ». Il est également courant d’exercer plusieurs métiers simultanément pour s’assurer un 18 L'Aube nouvelle• n°82• hiver 2012-2013
Robert Moleda Notre tuilerie est la dernière, dans l’Aube, à fabriquer à l’ancienne. Depuis cinq générations, nous façonnons à la main l’argile extraite de notre carrière, à Soulaines. Tuiles, carreaux et briques sont cuits au four à bois – l’un des rares en activité en France. Cela prend du temps… Si les gestes n’ont pas changé, Internet a élargi la clientèle, d’autant que nous sommes capables de tout faire : taille, forme ou quantité ! JEAN-LOUIS ROYER, tuilier à Soulaines-Dhuys Tambour de ville à Vendeuvre-sur-Barse. Joseph Sekely (1831-1908) lisait les annonces de la municipalité pour compléter ses revenus d’épicier. Trouans, le lavage des moutons. Suivait la tonte, de mai à juin. Atelier de bonneterie à Estissac. Les bonnetiers de cette commune étaient suffisamment nombreux pour organiser une fête annuelle. Didier Guy/Mopo Boutoir. Il était utilisé pour tailler la corne et mettre en forme le sabot du cheval. Maréchal-forgeron, un métier indispensable, à la campagne, à une époque où le cheval était la seule énergie motrice. emploi toute l’année. Dans les villes moyennes, les notables dopent l’économie locale. Leurs habitudes de consommation engendrent de multiples petits métiers. « Au milieu du XIX e siècle, à Aix-en-Othe, Arcis-sur-Aube, Bouilly, Chavanges, Ervy-le-Châtel, Estissac, Méry-sur-Seine, Piney, Ramerupt, nombre d’artisans s’affairent à leur service », indique Jean- Louis Peudon, énumérant charcutiers, confiseurs, chapeliers, tailleurs, perruquiers, cordonniers, horlo gers… Dans Villes et villages de l’Aube, l’historien montre combien la présence de ces métiers est significative : « Sans être chefs-lieux, certains bourgs sont suffisamment développés pour qu’une petite bourgeoisie locale requière les services d’un charcutier, d’un pâtissier, d’un horlo ger, d’un tailleur à Dampierre, de deux perruquiers et d’un bijoutier à Plancy ou d’un marchand de parapluies à Rignyle-Ferron. » Ces artisans et boutiquiers, variés et spécialisés, animent la cité jusqu’aux années 1860- 1870. Puis « l’artisanat urbain indépendant décline, victime de la concurrence des grandes usines et de la fin d’une certaine manière de travailler et de vivre, relate Jean-Louis Humbert (« Petits métiers, petits commerces d’autrefois », La Vie en Champagne n°24). Seuls les artisans de proximité et ceux du bâtiment, secteur resté à l’écart des innovations technologiques, échappent à ce mouvement. » Marie-Pierre Moyot en savoir plus… > Lire « VIE RURALE & MÉTIERS D’ANTAN DANS L’AUBE », de l’Académie troyenne d’études cartophiles, éd. Dominique Guéniot (34 e). « MÉTIERS D’AUTREFOIS », de Marie-Odile Mergnac, dans les points de vente L’Est-Éclair/Libération Champagne (14,90 e). > Visiter Maison de l’Outil et de la pensée ouvrière, Troyes. Vitrine ouverte sur les métiers d’hier, avec 10 000 outils du XVII e au XIX e siècle. Deuxième bibliothèque technique de France. Tél. : 03 25 73 28 26. www.maison-de-l-outil.com Musée de la bonneterie, Troyes. Tél. : 03 25 43 43 20. www.musees-troyes.com/vauluisant.html Tuilerie-poterie Royer, Soulaines-Dhuys. Label Entreprise du patrimoine vivant. Tél. : 03 25 92 75 06. www.tuilerieroyer.fr L'Aube nouvelle• n°82• hiver 2012-2013 19



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