Le Théâtre d’agriculture et Mesnage des champs La publication du Théâtre (1 024 pages in-folio !), en 1600, est résolument placée sous le signe d’une renaissance française conduite par le roi Henri IV. Dans sa dédicace au roi, Olivier de Serres ne manque d’ailleurs pas de souligner que le peuple a été « délivré de la fureur et frayeur des cruelles guerres… jouissant maintenant par vostre moyen de ce tant inestimable bien de la Paix… ». à l’apport des auteurs antiques Olivier de Serres ajoute ses propres expérimentations : amendements des terres, labourage profond, assolement triennal, nouvelles cultures (pommes de terre…), aménagement des jardins. Le livre est divisé en huit « lieux », eux-mêmes présentés par chapitres. Presque 400 ans après sa parution, on est encore séduit par le charme du Théâtre. Un héritage toujours présent L’Ardéchois Olivier de Serres est, sans conteste, le père de l’agriculture moderne. Ce gentilhomme paysan, protestant cultivé, a révolutionné l’agriculture et lui a donné ses lettres de noblesse, forçant même l’admiration d’Henri IV. Ingénieur agronome avant l’heure, soucieux d’un développement durable, ses travaux, sa méthodologie sont toujours d’actualité et restent une référence permanente. Le Pradel, haut lieu de l’enseignement agricole Avec deux licences professionnelles et un master enseignés sur place, le Domaine du Pradel Olivier de Serres est aujourd’hui un haut lieu de l'enseignement agricole, de la formation professionnelle, du développement local, de l'animation en milieu rural... Plus d’infos : Tél. 04 75 36 76 56 L’Institut Olivier de Serres L’Institut Olivier de Serres, association loi 1901, perpétue et diffuse la pensée et les idées du célèbre agronome, son comportement moderne et rigoureux. C’est l’IOS qui était notamment derrière les festivités du 470 e anniversaire de la naissance d’Olivier de Serres en septembre dernier. Plus d’infos : www.olivier-de-serres.org Jean Calvin Le Réformiste influent La délégation aux célébrations nationales a inscrit le cinquième centenaire de la naissance de Jean Calvin (1509-2009) dans son programme 2009. Cette grande figure de la Réforme n’est certes pas ardéchoise mais son influence a fortement marqué la personnalité de notre département. Né en Picardie dans une famille proche des milieux ecclésiastiques, il fit des études juridiques et, très influencé par les courants humaniste et évangélique, publie dès 1536 la première version, en latin, de l’Institution de la religion chrétienne. Celle-ci, en opposant la grâce de Dieu aux efforts de l’homme et à ses œuvres pour se justifier lui-même (« A Dieu seul la gloire »), marque une rupture avec le catholicisme. Participant à l’instauration de la Réforme à Genève et à Strasbourg, il s’installe définitivement à Genève en 1541 et en fait une place forte de la propagande protestante par des prédications et la création d’institutions civiles et religieuses. Grâce à l’imprimerie, sa pensée se répandit dans toute l’Europe. Le Vivarais, nullement à l’écart des courants de circulation des biens et des idées, fut très réceptif aux idées de Calvin. Malgré les guerres de religion, malgré l’érosion de la communauté protestante avant et après la Révocation de l’Edit de Nantes (1685), l’Ardèche est un des départements où la Réforme d’inspiration calviniste (Eglise réformée et autres églises d’obédience protestante) est la plus fortement implantée (plus de 10% de la population dans les années 1950). Les temples et les cimetières familiaux ne font-ils pas partie, discrètement, du paysage ardéchois, surtout dans les Boutières ? De grandes figures, aussi différentes qu’Olivier de Serres, Marie Durand ou Boissy d’Anglas, sont issues du protestantisme ardéchois. L’adhésion à la République, à la Séparation des Eglises et de l’Etat, à l’enseignement laïc, l’esprit de résistance témoignent également du fait protestant. Et n’oublions pas la célèbre étude d’André Siegfried sur la géographie électorale de l’Ardèche, publiée en 1949, mettant en rapport la carte du protestantisme et celle du vote orienté à gauche. A découvrir Le patrimoine Huguenot en Ardèche A cause de sa relative proximité avec Genève, l'Ardèche, alors province du Vivarais, adhère dès le début du xvi e siècle au protestantisme, surtout dans sa version calviniste. La carte de son implantation, qui changera peu au fil des siècles, se dessine : dense en vallée de l'Eyrieux, sur le plateau de Vernoux et dans les régions de Lamastre et de Saint-Agrève, il est absent du plateau ardéchois, compte des isolats comme Annonay, Vals, Aubenas, Les Vans et au sud suit un axe fragile entre Villeneuve-de-Berg et Vallon-Pont-d'Arc. Aujourd’hui encore, de nombreux lieux témoignent de la richesse du patrimoine huguenot : le Musée du Vivarais protestant à Pranles, la grotte de la Jaubernie à Coux, celle des Huguenots à Vallon-Pont-d’Arc, La route des Dragonnades à Privas, les villages de Désaignes, Chalencon, Labastide-de-Virac… Plus d’infos : www.ardeche-guide.com et www.memoire-ardeche.com/relations Le faubourg du Petit Tournon à Privas est le point de départ de la route des Dragonnades, qui relie la capitale ardéchoise au Cheylard. Cet itinéraire, vestige du patrimoine huguenot, a permis de faciliter la répression des protestants dans les Boutières. M. Rissoan automne 2009 - n°41 - - 25