Le saviez-vous ? Histoires d’archives Dès 1808, pour combattre la récidive, la Justice décide de garder la trace de toutes les condamnations prononcées en créant un registre : les sommiers judiciaires. C’est l’ancêtre du casier judiciaire qui sera institué en 1850. Les Archives départementales racontent… N’est pas Arsène Lupin qui veut ! Le voleur aux identités multiples Photographies de Blanc (face et profi l) en 1904. Ci-contre : dos de la fi che anthropométrique en 1902 : la fi che mentionne certaines caractéristiques physiques de Blanc et porte ses empreintes digitales afi n de faciliter toute identifi cation ultérieure. Novembre 1904 : après maints interrogatoires, le voleur a craqué ! Au juge qui lui fait face, il décline enfi n sa véritable identité. Le juge soupira-t-il ? Il pouvait désormais clore l’instruction ouverte pour deux vols avec effraction, dont un à main armée (au revolver), perpétrés dans le département en juillet par Louis Blanc (son vrai nom) et son complice. Lors de son arrestation, Blanc ne porte pas de papiers sur lui. Il déclare s’appeler Georges Chaumarays, être né à Marseille le 14 juillet 1882, et être titulaire du « brevet supérieur », ce qui n’est pas rien ! Incarcéré à Digne, l’homme est « mensuré », c’est-à-dire qu’un gardien rédige sa fi che anthropométrique. L’arme fatale : la fi che anthropométrique. C’est grâce à cette fi che que Blanc sera démas- qué. En septembre, il déclare désormais s’appeler Antoine Georges du Roy de Chaumarays et avoir été condamné à Marseille pour un vol en 1903, sous le nom de Georges Fabre. Encore une fausse identité ! Pour y voir clair, le juge adresse des photos, de face et de profil, à différentes institutions. En octobre, les « sommiers » du ministère de l’Intérieur révèlent sa véritable identité et confirment en outre que Chaumarays est un authentique repris de justice de la région marseillaise. En novembre, Blanc écrit au juge : « J’ai fait mon possible jusqu’à ce jour pour vous cacher ma véritable identité, mais la justice a des moyens que je n’avais pas prévus. » Un dur, un tatoué. Sur les fi ches anthropométriques, une place est prévue pour signaler les cicatrices et les marques particulières, dont les tatouages. Or, la peau de Blanc est un véritable catalogue : posée sur une pensée, la dédicace « À ma Louise » côtoie un « Mort aux vaches », une « Ma Rose adorée » et un « Pas de chance », et bien d’autres signes et dessins. Les tatouages du vrai Chaumarays sont plus originaux, tel ce singe monté sur une branche et tenant une pipe. Devant le juge, le voleur – qui porte la trace d’une blessure par balle sur le visage – est un peu mythomane. Il s’accuse de dizaines de méfaits. La réalité est plus sordide : Blanc est un peu voleur, un peu vagabond, un peu souteneur. Verdict de la cour d’assises : le bagne avec 20 ans de travaux forcés. |