« Traditionnellement utilisée par les populations rurales, puis critiquée depuis le XIX e siècle, l’utilisation du feu comme méthode agricole est depuis peu parée de nouvelles vertus. Le « feu courant » est réhabilité dans les Alpes de Haute-Provence depuis les années 1990. Toutefois, pour éviter les feux incontrôlés et dépasser la vocation pastorale en renforçant la défense de la forêt contre les incendies, l’État et le Conseil général ont mis en place des campagnes annuelles de brûlages dirigés (planifiés et contrôlés) encadrées par une cellule de suivi spécialisée. Ces campagnes sont financées à 80% par le Conseil général depuis 2005 (75 000 euros par an). » Jean-Claude Michel, vice-président du Conseil général, délégué à l’environnement et à la forêtbois-énergies renouvelables page 10 Le saviez-vous ? Écobuage : ce terme servait à désigner le travail d’arrachage de la végétation et de la couche superfi cielle de l’humus au moyen d’une « écobue », outil proche de la houe, l’incinération de ces éléments puis l’épandage des cendres sur les terrains pour les enrichir. Cette pratique exigeante en main d’œuvre, a progressivement disparu au profi t du brûlage direct des végétaux sur pied mais a conservé cette appellation. AGRICULTURE Brûler, à quoi ça sert ? Le débroussaillement par le feu, ou écobuage, est utilisé dans le monde entier depuis des siècles. Dans notre département l’abandon de terres agricoles dans les zones de montagne et l’accroissement naturel des boisements qui en résulte (2 100 ha par an) est une des raisons du maintien de cette pratique ancestrale. Son utilité est incontestable mais, non maîtrisée, elle présente des risques d’incendies de landes et de forêts. Les avantages de l’écobuage Cette technique offre de multiples intérêts : elle permet d’éliminer les broussailles et les résidus végétaux secs qui occupent l’espace et ralentissent la germination et la croissance des plantes au printemps ; les cendres ont un effet fertilisant ; c’est souvent l’unique méthode, économiquement acceptable, d’entretien des espaces pastoraux en terrain accidenté ; elle diminue la matière végétale qui favorise, en été, la propagation des incendies. Réalisé dans de bonnes conditions, l’écobuage a un effet assez neutre sur les sols, la faune et la flore. La réouverture des milieux peut même contribuer à la biodiversité. En revanche elle comporte certains risques : mal utilisée, elle peut dégrader les sols, mal maîtrisée, elle dégénère en incendie. La maîtrise du feu Le brûlage dirigé est un écobuage maîtrisé dans l’espace et dans le temps. Il se pratique dans le département de manière institutionnalisée depuis 1994, car l’année précédente au cours du seul mois de février, des écobuages avaient provoqué près de 150 départs de feux. Depuis 1997, une cellule spécialisée* met en œuvre cet outil de gestion du territoire. Initialement orientée vers l’encadrement des feux initiés en hiver par les éleveurs pour faciliter le pâturage des troupeaux, cette gestion s’est tournée progressivement vers la prévention des feux d’été (réduction des causes de départs, ouverture de la végétation, entretien des abords des points d’eau, réalisation de coupe-feu), les interventions environnementales et l’information des publics (élus, éleveurs, propriétaires privés). * composée de pompiers du Service Départemental d’Incendie et de Secours (SDIS), et de techniciens du Conseil général, de la Direction Départementale des Territoires (DDT), de l’Office National des Forêts (ONF), du Centre d’Études et de Réalisations Pastorales Alpes-Méditerranée (CERPAM). |