Histoires d’archives 4/4'2 - Digne, boulevard Gassendi sous la neige au début du XX° siècle Les Archives départementales racontent... Il neige sur les Basses-Alpes Digne, boulevard Gassendi sous la neige au début du XX e siècle Rudes mois d’hiver… L’hiver 1944-1945 fut un hiver difficile. Si, à Digne, couverte de neige, les enfants, tout à la joie de la Libération, jouent à faire des glissades, les soldats, qui font face aux troupes allemandes et italiennes dans les forts ubayens, souffrent terriblement du froid tandis que les restrictions alimentaires courent toujours. Cette rudesse des hivers bas-alpins rendit parfois difficile la tâche de l’administration des Ponts et Chaussées, chargée d’assurer la circulation sur les axes de communication avec à sa disposition, selon les époques, des moyens dérisoires. C’est le cas en 1884-1885. Dans la circonscription de Barrême, une première chute de neige a lieu dans la nuit du 19 au 20 novembre 1884 : au maximum 25 cm 18 au col des Lèques et à la montée Saint-Pierre. Mais, en décembre 1884, il neige toute la nuit du 25, avec des dépôts atteignant jusqu’à 60 cm. « La circulation était devenue périlleuse », écrit l’agent des Ponts et Chaussées Reynaud, et un « traîneau chasse-neige » est « bricolé » par le cantonnier Daumas afin de dégager la route nationale. Le 30, une nouvelle chute de neige bloque le col des Lèques jusqu’au 9 janvier. Mais c’est le 15 janvier 1886 que la neige tombe en abondance : 80 cm au Poil et à Majastre ! « La grande plaine est blanche, immobile et sans voix », selon les mots de Guy de Maupassant, et s’est couverte « d’une ondulation de neige continue », selon l’expression de Reynaud. À certains endroits, les amoncellements dépassent 1 mètre 50. Impossible donc d’atteindre Lambruisse, les voies de communication étant « hors d’usage ». À Majastres, le maire, raconte Reynaud, « se mit en tête des habitants du pays, après les avoir sommés de pratiquer une trace à travers la neige. Un passage pour les mulets fut donc pratiqué en quelques jours ». Grâce aux efforts collectifs, l’agent ajoute que « le 23 au soir, de tous les villages on pouvait se rendre en mulet sur les routes et les grands chemins ». La vie pouvait ainsi reprendre son fil. Mais le dégel ne débuta que le 29 janvier, succédant à de grands froids, jusqu’à moins 19 degrés. Le 30, une pluie termina le dégel ; l’agent Reynaud put enfin se reposer. |