Histoires d’archives Les Archives départementales racontent… Le 1er septembre 1953 L’accident du vol Paris-Saïgon au Mont Cimet B ilan : 42 morts et aucun survivant, pour l’accident du vol 178 Air France qui a décollé d’Orly le 1er septembre 1953. Le Lockheed l-749A « Constellation » identifié F-BAZZ et mis en service en 1951 percute le Mont Cimet (3 020 m) de nuit, par temps clair et sans lune, vers 23 h 30, sur la commune d’Uvernet- Fours. L’avion devait faire escale à Nice, avant Beyrouth, Bagdad, Karachi et Calculta, mais entama trop tôt son approche. Pilote et copilote sont pourtant chevronnés : l’un et l’autre viennent de l’aviation militaire. Plan de vol du Constellation lors de son crash La date du 24 mars 2015 restera malheureusement gravée dans les mémoires des habitants des Alpes de Haute-Provence. Il faut évidemment garder à l’esprit que l’avion est le moyen de transport collectif le plus sûr, et que les conditions du crash de l’Airbus A320 de la Germanwings sont très exceptionnelles. C’est la deuxième fois en un peu plus de 60 ans que le département est témoin d’une importante catastrophe aérienne commerciale. Les premiers sauveteurs qui se portent sur place sont guidés par un brasier visible à des kilomètres. Des heures de marche sont nécessaires et, à leur arrivée, ils ne relèvent aucun survivant. L’avion transportait un équipage de 9 personnes et 33 passagers. Seuls les gens aisés voyageaient alors en avion. On compte donc des personnalités parmi les victimes. Les secours relèvent les corps du pianiste et compositeur René Herbin et du grand violoniste Jacques Thibaud, tué avec son Stradivarius de 1709. Un ingénieur, des commerçants, dont un Suisse et un Allemand résidant au Venezuela et se rendant à Beyrouth, des familles indochinoises… figurent parmi la liste des passagers. Et, parce qu’il reliait Paris à Saïgon, au paroxysme de la guerre d’Indochine - l’ultime bataille, celle de Diên Biên Phu débuta le 20 novembre 1953 -, l’avion transportait son lot de militaires et même un agent de renseignement circulant sous un faux nom. Le lieutenant Michel Tillet qui rejoignait le 1er bataillon de parachutistes est l’un des officiers tués. La zone est très difficile et les autorités recourent aux chasseurs alpins du 11 e bataillon. Parallèlement, quatre médecins experts sont désignés afin de procéder à l’identification des corps et à la recherche des causes de la mort, deux tâches rendues très difficiles de par la violence de l’accident - à 520 km à l’heure - et suite à l’incendie qui s’en suivit. L’enquête - où intervient le « bureau enquêtes, accidents » à l’inspection générale de l’aviation - montra plus tard que, par un temps « exceptionnellement beau », l’avion avait dévié de son plan de vol et volait trop bas, sans en déterminer les raisons. Au dernier moment, le pilote alluma ses phares mais ne put éviter la montagne. Le 1er septembre 1954, une croix fut érigée sur le lieu de l’accident ainsi qu’une stèle à l’entrée du hameau de Saint-Laurent. En 2013, une nouvelle cérémonie sur place réunit familles des victimes et représentants d’Air France. 18 |