Histoires d’archives 1890 Les Archives départementales racontent… L’inconnue de Sisteron U ne jeune fille apparaît, de dos, les cheveux nattés, sur une vieille carte postale colorisée. Elle se penche sur la toile posée sur un chevalet qu’une femme peint alors, à la fontaine du vieux couvent des Dominicains, à la Baume de Sisteron. La carte postale porte à l’encre noire une date Si quelqu’un a identifié l’inconnue ou la femme peintre, qu’il nous l’écrive à : archives04@cg04.fr – le 29 octobre 1902 – et un mot de Saint-Marcel Eysseric, l’auteur du cliché, à l’adresse de sa petite-fille Anne Sarlin, alors âgée de 10 ans : « J’envoie une grosse caresse à ma petite mimi. Quel est le sol fa si la si ré ? Si tu devines, je t’embrasse une fois de plus ». Dans l’ouverture du portail, au dernier plan et en noir et blanc, un ami d’Eysseric, Henri Colomb, et son neveu né en 1884, Jean Buès, regardent le groupe. Ils posent, la canne de l’homme jonchant le sol. Debout contre la porte est délicatement posée l’ombrelle de la femme peintre. L’inconnue apparaît dans neuf clichés de Saint-Marcel Eysseric, pris vers 1890 et toujours à Sisteron, dont une fois encore à la vieille fontaine. Elle est alors allongée sur le ventre, la tête reposant sur ses bras pliés, sur un banc de pierre. Elle fait face à l’homme qui accompagnait l’enfant. 18 Par jeu, Eysseric a nommé ce cliché : « Idylle à la Baume » ! C’est la seule image de face de cette jeune fille du peuple. Derrière se devine la présence du peintre protégé du soleil par son ombrelle accrochée au chevalet, un gros chien à ses pieds. Une autre fois, elle est en discussion avec une très vieille femme à la Baume, que les gens appelaient « la Pythie » ! Mais de quoi ou de qui parlaient-elles ? L’inconnue porte les mêmes vêtements : sur la carte postale colorisée, sa robe est bleu ciel et sa veste de couleur brune. Elle est chaussée de bottines d’où montent des bas épais. La jeune fille accompagne généralement la femme peintre. Saint-Marcel Eysseric les suivaient-elles en vue de réaliser un reportage en ces jours ensoleillés ? Deux clichés sont pris sur la place de la Grande école : elle est alors assise sur une chaise haute puis sur un muret. Sur un autre cliché, debout sur la margelle de la fontaine de la Niero place Chapusie, elle se rafraîchit. Dans le bas de la ville, alors qu’elle s’est appuyée au mur, elle fait face à la femme peintre. Un autre cliché la montre assise au même endroit avec un enfant dans les bras, la femme peintre à ses côtés. Jamais Eysseric ne livra des indices sur son identité, comme si elle avait traversé l’image ! |