Histoires d’archives Les Archives départementales racontent… Les assassins de « la Bande de la Taille » L’activité de la bande à Lurs a été marquée par un quadruple assassinat dans la maison Garnier Que s’est-il passé dans la commune de Lurs en 1871 ? Rien de moins qu’un quadruple assassinat commis le dimanche 3 septembre 1871 dans une ferme isolée, la ferme d’Ève. Seul un enfant de 11 mois est épargné. La maison est fouillée, des bijoux et de l’argent volés. Localement, l’enquête piétine. Le 23 septembre, le sous-préfet de Forcalquier demande qu’un ou deux agents de la Préfecture de police de Paris soient dépêchés sur place. Et d’argumenter que les moyens de la justice locale sont insuffisants et que l’ampleur de ce crime justifierait l’emploi des meilleurs limiers parisiens. Le 14 octobre, selon un message codé, les inspecteurs Fillieux et François arrivent sur les lieux. Leur mission est d’infiltrer les ouvriers travaillant sur le chantier du chemin de fer de 18 Sisteron à la Brillanne, où se cacheraient les coupables. Mais une petite semaine plus tard, les deux policiers s’avouent impuissants et repartent bredouilles ! Fin de l’histoire ? Car le dossier détenu par les Archives est bien mince. Il contient quelques courriers du procureur de la République, du préfet et du sous-préfet de Forcalquier de la fin de l’année 1871, un article du Journal des Basses-Alpes du 10 septembre 1871 relatant le crime, des pièces relatives au remboursement des frais de séjour des fins limiers ! Heureusement, un fascicule vendu à Paris chez la veuve Roger, « La Bande de la Taille ou les brigands de la Provence », livre force détails sur ce crime sordide. Les coupables du crime de Lurs sont finalement identifiés, arrêtés et condamnés. C’est une bande de brigands qui terrorise la Provence en 1871. Le 17 juillet 1872, ses membres sont traduits devant la cour d’assises d’Aix-en- Provence : dans le box quatorze accusés - dont des femmes -, jugés pour seize vols qualifiés et huit assassinats. L’instruction est rapide : six mois seulement s’écoulent entre l’arrestation et les Assises ! Au XIX e siècle, elle est souvent fondée sur les certitudes acquises dès le début de l’affaire. Les arrestations ont reposé sur un seul témoignage mais 172 témoins ont quand même été entendus par la cour. Le 1er octobre, deux des chefs sont guillotinés. Impossible donc aux criminels d’échapper à la justice ! C’est ce qui est chanté dans la complainte de La Bande de la Taille : « Pour vous désigner à la justice sévère, en tout temps comme en tout lieu, se montre le doigt de Dieu » ! |