Histoires d’archives Les Archives départementales racontent… 1936, sabotage au barrage de Castillon Un coup de la « cinquième colonne » ? Clichés de M. Baroux, photographe à Digne. Le barrage de Castillon mesure 95 m de hauteur et 200 m de largeur, à son sommet. Il forme une retenue de près de 150 millions de mètres cubes. Construire le barrage de Castillon, dans la vallée du Verdon, ne fut pas une entreprise aisée mais au contraire une aventure ! Son histoire est en effet émaillée d’incidents, d’accidents, voire de sabotages. Débuté dans l’entre-deuxguerres, en 1928, le projet connut des vicissitudes. En 1932, les travaux sont stoppés. En cause, la fi n du fi - nancement par l’entreprise allemande « Verdonbau » chargée de la construction dans le cadre de prestations en nature des dommages de guerre prévus par le traité de paix de Versailles, signé entre l’Allemagne et les Alliés en 1919. Les 1 200 ouvriers, en majorité allemands, sont licenciés et demeure sur le site un gardien allemand, Paul Meyer, 27 ans, qui se fait seconder par deux Français. Le 7 janvier 1936, vers 6h, un violent incendie détruit les concasseurs, qui fournissaient le gravier nécessaire à la fabrication du béton, un préjudice estimé à 6 millions de francs. Très vite, les policiers soupçonnent un « acte de malveillance » voire un acte de sabotage. On évoque l’utilisation d’explosifs. S’agit-il d’une simple escroquerie à l’assurance ou bien un véritable sabotage si l’on retient, comme les enquêteurs, l’hypothèse de « l’entrave apportée au plan français d’outillage national, le futur barrage du Verdon étant appelé à rendre les plus grands services » ? Or, l’Etat français s’apprêtait à injecter 100 millions pour la reprise du chantier, au titre des grands travaux. Un fait est troublant : le 28 décembre, soit quelques jours avant l’incendie, selon le gardien Meyer, un certain Hans Hammer, un Autrichien, âgé de 34 ans, ancien employé aux écritures sur le chantier en 31 et 32, est arrivé au barrage et l’a rencontré, avant de retourner à Nice, où il séjournait… Les experts du laboratoire de police technique ne parviennent pas à déterminer les causes de l’incendie et le juge conclut fi nalement au non-lieu contreX. Les travaux reprirent timidement en 1941 avec 60 ouvriers et c’est en juillet 1945 que le chantier redémarre, grâce à l’emploi de 800 prisonniers de guerre allemands sur un total de 2200 ouvriers représentant plus de quinze nationalités. Mais, le 19 février 1947, de nouveaux incendies volontaires et sabotages ralentissent, une fois encore, la construction du barrage. Néanmoins, le barrage est terminé l’année suivante. |